Apprivoiser le chaos dans l’amour avec Alfa Rococo

Pour célébrer comme il se doit le trentième anniversaire des FrancoFolies de Montréal, l’organisation propose tous les jours, à 20 heures,  à la scène extérieure Loto-Québec, des concerts de 90 minutes avec des artistes connus et profondément aimés par un large public. Hier, Alfa Rococo s’est magnifiquement acquitté de la tâche d’ouvrir le bal. Devant une foule participative qui doit encore voir mal aux pieds aujourd’hui après tous ces sauts dans les airs , le duo a livré une performance investie, engagée et passionnante.

Puisque le public répondait avec enthousiasme aux demandes de Justine Laberge et David Bussières de taper dans les mains et  de jouer les choristes, le tandem s’est servi de cette énergie contagieuse pour se concentrer sur la thématique sociale du spectacle. À travers des sonorités fort accrocheuses et efficaces qui mêlent électronique et pop, le groupe propose d’ambitieux textes créatifs sur des sujets d’actualité comme l’importance de prendre le temps de vivre, l’environnement et la confiance en soi. Cette volonté de faire réfléchir tout en faisant danser se reflétait déjà dans leur troisième opus Nos cœurs ensemble paru en 2014. Ce n’est donc pas étonnant que le spectacle présenté hier comportait cinq chansons tirées de ce disque : l’entraînante Marcher, la puissante Nos cœurs ensemble, la planante Le sexe des anges, la motivante Lumière et l’importante Pipeline.

L’amour et le chaos, le quatrième album de la formation qui est sorti le 4 mai dernier, embrasse avec brio la continuité des thèmes contenus dans Nos cœurs ensemble. Voir les deux opus se côtoyer à ce point sur scène avait toute sa pertinence, autant au niveau de la musicalité que dans les paroles. Alfa Rococo a ainsi offert au public les sublimes et vibrantes Apprivoiser le vent, Danser dans l’ombre, L’amour et le chaos, Le temps qu’il faut I, Incendies et Monde idéal qui a été jouée pour la toute première fois sur une scène. On peut donc dire que le but de conscientiser et de rendre heureux leurs amateurs a été atteint avec éclat.

Évidemment, qui dit spectacle extérieur dit aussi chanter les grands succès avec lesquels la foule les identifie. Encore une fois, Alfa Rococo a pigé parmi son vaste répertoire de hits ceux qui correspondaient le mieux au fil conducteur de la soirée. Nous avons eu ainsi droit à l’intemporelle Lever l’ancre, Vega, Météore et une revisite festive délicieusement surprenante de Plus rien à faire.

La voix enveloppante et les déhanchements libres de Justine Laberge ont brillamment donné vie au style d’écriture métaphorique et stellaire privilégié par le duo. Ce n’est pas pour rien que David Bussières a qualifié sa partenaire d’hémisphère gauche d’Alfa Rococo qui a reçu à la naissance beauté, talent, intelligence, magnificence et sublimitude. Le musicien a lui aussi charmé, notamment grâce à ses hypnotiques solos de guitares à influence rock. La complicité du couple était palpable tout au long du spectacle , de leurs interventions enflammées jusqu’à leurs petites bagues teintées d’autodérision en passant par leurs somptueuses harmonies vocales.

Cette soirée s’est également traduite sous le signe de l’espoir. Pendant l’interlude Après le chaos, dans lequel on pouvait entendre la phrase Où il y a de l’amour, il y a de l’espoir (librement traduite de l’anglais), Justine a allumé un à un des boutons que portaient chacun des membres et qui diffusaient de la lumière colorée en continu. D’ailleurs, les éclairages ont été dynamiques, surtout pendant l’excellente Le temps qu’il faut I.

Un autre magnifique moment a été la pièce finale du concert. Alfa Rococo a opté pour une version intime parsemée d’échos de la pièce qui les a fait connaître du grand public il y a 11 ans : Les jours de pluie. Les spectateurs connaissent encore les paroles par cœur et ont même offert un extrait de la pièce a cappella, ce qui n’a pas manqué de toucher la formation en plein cœur. Et oui, malgré la pluie et le chaos, Alfa Rococo ne cessera de nous apporter amour et espoir.

Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média