Arnaud Soly, « Presque adulte »

Qui a déjà dit que tous les événements culturels ne se déroulaient qu’à Montréal, à la Place Dix30 de Brossard, ou encore à Québec? Eh bien détrompez-vous, car vendredi soir dernier, au Bar Le Zaricot de Saint-Hyacinthe (Rive-Sud REPRESENT!) se déroula le spectacle d’Arnaud Soly, « Presque adulte ». Ce même spectacle d’ailleurs qui lui a valut le Prix de l’artiste de l’année au ZooFest, l’été dernier… Quel honneur! Un public chaud et bien préparé, fébrile même, attendait la venue du jeune artiste, grâce, notamment, à la première partie de sa très bonne amie, la talentueuse Rosalie Vaillancourt.

Une première partie courte, mais efficace!

Ce fut avec un dynamisme contagieux que l’humoriste Rosalie Vaillancourt nous lança, dès ses premiers instants sur scène, de sa coquette voix aiguë, son réputé « Allô, ça va tu!? », en pointant vers nous son micro-main. Inévitablement, cette introduction cocassement précipitée déclencha tout de suite un rire partagé parmi les spectateurs. Elle aussi en rodage, il va sans dire que, malgré la nouveauté, elle expérimenta sur nous l’effet de quelques-uns de ses gags les plus tordants. Vacillant entre les conséquences d’avoir l’air jeune, les moments de malaises quand tu écoutes un film avec tes parents, dans lequel survient soudainement une scène de sexe, ou encore son impatience de pouvoir enfin voir l’arrivée d’une « porno » qu’elle considérerait comme « normale » (contrairement à tout ce qui se fait depuis trop longtemps), Rosalie nous surprit à chacune de ses phrases aussi hilarantes les unes que les autres! Quinze minutes trop courtes, mais efficaces qui surent « mettre la table » pour laisser place à la star de la soirée.

 © Isabelle Petit Photographie

Saint-Hyacinthe, ville du rêve!

« Bonsoir, Saint-Hyacinthe!… Viiille du rêêêve! » furent ni plus ni moins les premiers mots que prononça Arnaud Soly, dans un habile mélange d’ironie et de taquinerie, pendant qu’il avançait sous les projecteurs! Entamant son One man show en parlant de ses racines familiales, l’humoriste témoigna du fait qu’il est issu d’une famille de musiciens. Après quelques secondes de silence, c’est dans l’autodérision la plus totale qu’il commença à rire en disant que, lui, il jouait la chanson thème du film culte, Titanic, à la flûte… avec son nez! Une prouesse de la respiration qu’il exécute pourtant avec un talent inouï et qui le fit entre autres connaître, par des vidéos partagées maintes fois sur le web. En deux temps, trois mouvements, aussitôt dit, aussitôt fait, cette affirmation laissa place au flûtiste adroit qui était déjà prêt, sa flûte au nez, à nous faire cadeau d’une performance à la fois désopilante et nostalgique.

J’ai adoré l’aisance évidente qu’il avait sur scène et je n’ai pu que me tordre de rire, quand, tout à coup, en plein cœur d’une de ses nombreuses histoires rocambolesques, une musique Dance sortie d’un autre bar situé au-dessus se fit entendre. Arnaud aurait pu s’en laisser déconcentrer, mais au contraire, il sut tourner cette situation à son avantage, pour le grand plaisir de son public qui s’esclaffa, l’encourageant ainsi dans sa folie! Au rythme de l’écho de la pièce musicale, il commença à hausser les épaules d’haut en bas en disant: « Ok… ? Faut que j’m’adapte à ça, moi-là! », avant de reprendre l’anecdote où il l’avait laissée. J’affectionne particulièrement ce genre de petits moments inédits et improvisés qui surviennent à la suite d’un imprévu… On a littéralement accès à la vraie nature de l’artiste qui gagne son public! Et, il va sans dire, il ne prouva qu’une fois de plus la maîtrise de son art, en toute simplicité.

© Isabelle Petit Photographie

Durant une entracte improvisée de quelques minutes seulement pendant laquelle l’humoriste nous jouait maintenant la pièce maîtresse du Seigneur des Anneaux, un spectateur plutôt paresseux monta sur la scène, qui lui servait visiblement de raccourci, au lieu de tout simplement contourner les quelques sièges qui le séparait de sa direction: les toilettes. En passant derrière Arnaud, qui était à ce moment-là, en train de faire aller ses narines musiciennes, ledit spectateur lui tapota l’épaule, tout sourire, en guise d’encouragements… Ce qui fit pouffer de rire l’humoriste qui stoppa subitement sa performance pour réfléchir à haute voix et nous lancer un dérisoire: « Ma vie est tellement absurde, en ce moment! » Cela ravit le public qui accueillit la situation par un tonnerre d’applaudissements. Un autre moment témoignant de la spontanéité de Soly!

La représentation comprend des histoires tout à fait loufoques et agréables à écouter, allant des coups absurdes qu’il fait subir à ses meilleurs amis, jusqu’aux mésaventures survenues en voyage, en passant par une énumération des jeux de société qu’il considère illogiques… L’humoriste nous fait, tout au long de sa prestation, décrocher plusieurs fous rires. Je dois l’admettre, toutefois: j’aurais souhaité voir davantage le lien entre le titre de son One man show et les péripéties qu’il nous raconte. J’aurais apprécié y retrouver un fil conducteur plus précis rattachant les récits d’Arnaud, à « Presque adulte » et ainsi comprendre davantage la raison d’être d’un tel titre. Mais ça viendra sans aucun doute, car Arnaud Soly est un astucieux improvisateur et un humoriste à surveiller. Il finira certainement par ficeler le tout et sortir de ce rodage, prêt à conquérir toutes les salles du Québec!

Je vous conseille vivement de garder l’œil ouvert sur ses prochains spectacles et de vous y rendre sans hésitation, pour une belle thérapie… celle du rire sans compromis! Visitez sa page Facebook pour demeurer informés, en cliquant ici.