Le chœur de l’OSM : des sonorités particulières de Murray Schafer à celles de « La grande messe de Mozart ».

Ce dimanche, l’OSM présentait à la Maison symphonique de Montréal sa magnifique formation chorale sous l’experte direction de son chef de chœur, Andrew Megill.

L’œuvre attendue était bien sûr « La grande messe de Mozart ». Celle-ci était précédée de trois courtes pièces du répertoire choral du 20e siècle, chantées a capella. D’entrée, le chœur entame le « Jesus erbame dich » de Claude Vivier (1948-1983) avec la soprano Florie Valiquette.

C’est le magnifique « Kyrie » du compositeur suisse Frank Martin (1890-1974) qui constitue pour moi le véritable point de départ de ce concert de musique sacrée. Le chœur de l’OSM y est totalement mis en valeur. L’interprétation nous atteint profondément. Il y a quelque chose de touchant, de quasi mystique dans ce Kyrie. Composé dans un style assez classique, on y retrouve les traces du chant grégorien de la liturgie catholique. Je me suis même demandé à la fin de cette pièce, comment les églises chrétiennes d’aujourd’hui en étaient venues à adopter des chants liturgiques tellement insipides qu’ils ne rejoignent pas plus les croyants que les incroyants. En observant la réaction des gens autour de moi à la Maison symphonique, il était évident que l’appréciation était généralisée.

« Sun » de R.Murray Schafer (1933-     ) nous a transporté ailleurs à travers des sonorités qui ressemblent parfois à des incantations ou à des psaumes. Il n’y a rien de linéaire dans cette œuvre, pas plus que dans son interprétation. « Sun » a pour prétexte à sa composition le parcours du soleil en une journée, nous faisant ainsi voyager pendant neuf minutes à travers une foule d’images et de sons particuliers.

 

©Dominique Gauvreau

« La grande messe » de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) complétait le programme de ce concert. Le chœur de l’OSM était accompagné à l’orgue par l’américain Scott Dettra, considéré comme un des grands organistes de notre époque.

Des quatre solistes, Florie Valiquette se démarque nettement  par la tessiture et l’étendue de son chant. Même si la voix de Christianne Bélanger séduit, nous avions parfois de la difficulté à l’entendre de la corbeille. Les deux solistes masculins, Jean-Michel Richer et Hugo Laporte ont quant à eux offert une interprétation irréprochable.

Il va sans dire qu’ici, c’est au Chœur de l’Orchestre symphonique de Montréal et à son chef Andrew Megill que revient notre admiration. Le fait d’être très bien accompagné à l’orgue plutôt que par un orchestre, donnait une tout autre dimension à cette œuvre, laissant  la place  entièrement aux voix. N’était-ce pas là le but?  Nous avons donc pu mesurer le haut calibre de cette formation et apprécier toute la richesse et les couleurs vocales de ses membres sous la direction de monsieur Megill.

Les dernières mesures du  « Bénedictus – Osanna in excelsis » s’étaient à peine tues que des applaudissements très nourris acclamèrent les artistes pour le magnifique concert qu’ils venaient de nous offrir. Une ovation qui, à mon avis, était pleinement méritée!

Claude Vivier
Jesus erbarme dich

Frank Martin
Kyrie
Tiré de la Messe pour double chœur a capella

R.Murray Schafer
Sun

Wolgang Amaeus Mozart
Messe no.17 en do mineur, k. 427/417a « La grande messe »

Chœur de l’Orchestre symphonique de Montréal
Andrew Megill, chef de chœur
Florie Valiquette, soprano
Christianne Bélanger, mezzo-soprano
Jean-Michel Richer, ténor
Hugo Laporte, baryton
Scott Dettra, orgue

Maison Symphonique
Dimanche 8 avril 2018, 14h30

Photo d’entête ©Orchestre symphonique de Montréal