Histoire de jouets 4 : la route vers soi

L’énorme succès commercial et critique du troisième tome de la franchise Histoire de jouets a eu raison de la grandiose et émouvante finale. Le trop fort appât du gain a en effet abouti en une quatrième aventure pour Woody, Buzz, Jessie et le reste de l’attachante bande qui est maintenant à l’affiche partout au Québec. Ce long-métrage attire autant les attentes que le scepticisme mais, heureusement, le scénario à l’humour intelligent s’ancre parfaitement dans l’ère du temps et creuse en profondeur la psychologie de personnages qu’il sera impossible d’un jour détester.

Depuis quelques temps, les jouets mènent une existence tranquille et satisfaisante dans la chambre de l’adorable Bonnie. Par contre, Woody, de plus en plus délaissée par sa nouvelle propriétaire qui préfère utiliser Jessie dans le rôle de la shérif, commence à remettre en question son utilité. Or, il sent le vent tourner le jour où, à la prématernelle, Bonnie confectionne Fourchette,  un jouet crée à partir de…déchets! Ce dernier, ne se trouvant aucune affinité avec ses nouveaux amis, réussit à prendre la fuite sous l’oeil aiguisé de Woody qui, comprenant son importance pour Bonnie, part à ses trousses sans hésiter. Cette recherche le mènera à la rencontre de nouveaux protagonistes fascinants et déjantés de même que vers une ancienne flamme, la splendide bergère Bo Peep, qui changera sa destinée à jamais…

Empruntant la forme d’un road trip, la trame narrative réserve des blagues surprenantes qui, à l’instar des autres collaborations entre Disney et Pixar, touchent enfants et adultes à différents niveaux. Il faut souligner l’inventivité des créateurs en ce qui concerne les jeux de mots et les habiletés des jouets. Aussi, les rebondissements rocambolesques se déroulent dans une fluidité et une cohérence bien maîtrisées qui permettent aux nostalgiques du volet de ne pas décrocher.

La qualité visuelle de l’animation étonne encore une fois grâce à des couleurs éclatantes et l’éblouissante justesse des textures. Aucun détail n’est laissé au hasard. Jamais les personnages et les décors dans lesquels ils évoluent n’ont semblé si réels. Le travail gigantesque des dessinateurs s’équilibre parfaitement avec le scénario, ce qui amplifie le sentiment d’appartenance chez les cinéphiles.

Histoire de jouets 4 aurait facilement pu se nommer L’histoire d’Andy tant sa quête identitaire est au cœur de l’oeuvre. Qui est-on quand on a passé sa vie à servir les autres? Est-ce que les jouets ont une seulement la mission de combler les enfants ou ils ont également des rêves à réaliser? Ces questions sont explorées avec finesse et vérité. À travers la douce et subtile idylle entre Woody et Bo Peep,  le script montre une vision saine de l’amour et du respect. D’ailleurs, le film fait la promotion sans infantiliser des valeurs de loyauté, d’engagement, de confiance en soi et de l’importance de s’éloigner des étiquettes.  À travers le personnage de Bo Peep qui affirme son indépendance et son côté fonceur , les créateurs s’éloignent brillamment des stéréotypes liés aux jouets féminins.

Nombreux, les nouveaux rôles secondaires ont toutefois leur pertinence dans l’histoire. Aucun, même les toutous effrontés de la fête foraine et le truculent motocycliste canadien Duke Kaboom qui sont là pour alléger les moments plus consistants, apportent de l’avancement au récit et font fondre le cœur. Fourchette permet de bien exploiter l’anxiété chez les enfants. François Bellefeuille, avec sa folie survoltée légendaire, était le choix tout indiqué pour doubler ce rôle qui sera assurément le nouveau chouchou de la franchise. Pour une première expérience, il a effectué la tâche dignement et efficacement. La poupée Gabby Gabby s’avère être un vilain nuancé qui montre que les gens ne naissent pas méchants, mais que ce sont les situations qui peuvent influencer les attitudes. Malheureusement, et il s’agit du seul bémol du film, ces ajouts et la prédominance d’Andy se font au détriment des autres personnages aimés comme Buzz et Monsieur Patate qui sont tristement sous-utilisés. À la limite, ils n’auraient pu ne pas être dans le film qu’on n’aurait pas vu la différence…On s’ennuie encore d’eux même après la fin du sympathique générique…

Bref, le retour d’Histoire de jouets s’avère réussi, intelligent et réjouissant. Voyons voir maintenant si la fantastique réception va provoquer un cinquième opus qui, avec la présente conclusion , n’est nécessaire qu’à moitié…Il faut toujours se garder une porte ouverte avec cette saga après tout! 😉

Crédits Photos : Disney 

3.5