Hommage à Edith Piaf : une incarnation sans candeur!

En règle générale, il n’est pas chose aisée de personnifier et de rendre justice à une sommité des temps jadis. En présentation spéciale à l’occasion de Montréal en Lumière, l’interprète Claire Garand nous propose, avec Ma vie en rose et noire, un hommage intimiste en l’endroit d’Édith Giovanna Giasson, plus connue sous le nom d’Édith Piaf, ou encore « La Môme Piaf ». Si l’appréciable volonté d’incarner de Garand y était, force est de constater que plusieurs éléments manquaient à l’appel pour nous transmettre entièrement le lourd héritage que cette grande dame nous a légué. Retour sur cette soirée présentée en format souper-spectacle, à l’intérieur de la minuscule salle du Balcon.

La Môme a pris le contrôle du corps de Claire Garand le temps d’une soirée. Elle vient à la rencontre du public d’aujourd’hui et nous raconte les moments charnières de sa vie, ses amours et son parcours musical parsemé d’embûches. Le tout à  travers des chansons bien méconnues telles La goualante du pauvre Jean, Sous le ciel de Paris, Mon légionnaire ou bien Mon manège à moi. Un choix artistique très intéressant qui permet que l’on s’immisce au plus profond de l’intimité de Piaf. De ses débuts dans la rue en chantant des chansons populaires, de ses multiples rencontres amoureuses jusqu’à son ascension fulgurante au sein des plus grands. Et puis, finalement, jusqu’à la maladie qui lui afflige tant de douleurs l’entraînant vers la mort.

©Benoit Rousseau

Ce n’est pas facile quand un public plutôt molasse se contente d’applaudir aux bons endroits, sans donner plus d’énergie qu’il n’en faut à l’interprète pour continuer son périple. Toujours souriante, Claire Garand maintient le cap en restant dans le personnage. Même lors de son interprétation de la célèbre pièce Milord, elle a invité deux messieurs à venir danser avec elle, mais ces derniers ont timidement refusé. Décidément, la soirée ne levait pas, malgré l’effort soutenu de la chanteuse.

L’ambiance amorphe pourrait en partie être expliquée par une faible prestance scénique émanant de l’artiste. Malgré une belle voix bien maintenue tout le long de la soirée, nous n’avons pas senti cette candeur que la seule et unique Édith Piaf pouvait avoir simplement en entrant sur une scène. Malheureusement, son Hymne à l’amour ou bien son Non, je ne regrette rien ne portaient pas aussi loin de ce que nous connaissons des classiques. Par contre, les célèbres La vie en rose, Padam… Padam et Mon Dieu ont fait la joie des spectateurs.

 

Ce qui a été le plus regrettable, à mon avis, c’est le manque notable d’un décor digne de Piaf. Ce qui aurait aisément contribué à nous transposer davantage dans l’univers de cette figure marquante. J’avais à peine vu le lampadaire style vieille époque tellement il se fondait parmi les filages et les hauts-parleurs (peut-être était-ce la salle qui n’offrait pas les commodités nécessaires). Piaf, c’est de la simplicité, de la classe et de la grâce. Je trouvais ça dommage que ce point n’ait pas été pris en compte, enlevant ainsi un certain charme à l’oeuvre.

Je vous rassure, ce spectacle n’est pas pour autant un désastre et réussit à nous faire passer un agréable moment. Il serait fort appréciable toutefois de veiller à y ajouter un peu d’éclat et de charisme, car le potentiel est là, il ne faut pas le nier. Retravailler la mise en scène serait un atout considérable.

Le spectacle sera de retour dès avril prochain. Visitez le site du Balcon pour tous les détails.