La jungle singulière de Laurence-Anne

Lundi 17 juin. 19h00. Une foule respectable se rue devant la Scène Sirius XM des Francos de Montréal pour entendre la nouvelle sensation, Laurence-Anne, finaliste aux Francouvertes 2018, venue présenter son tout premier effort intitulé à propos Première Apparition. Entouré de fleurs mauves, les musiciens s’activent…longuement…La claviériste à la nuisette en satin, Naomie De Lorimier, pousse de jolies notes planantes et lyriques…tellement que les non-initiés peuvent croire qu’elle est l’interprète vedette. Seulement à ce moment, la principale intéressée, vêtue d’une combinaison verte et noire avec un motif à saveur tribale nous convie enfin à sa jungle. Une jungle qu’on comprendra au fil des 60 minutes du concert être progressiste, mélancolique, brute et légèrement anticonformiste.

Avec sa voix à la fois rauque et suave, l’interprète happe d’emblée le public qui branle de la tête sans complexe. Les mélodies qui se déploient tranquillement et toutes en nuances plongent presque les spectateurs dans un état second. La progression du rock mêlé à un son plus indie nous englobe et nous force à ressentir toutes les intentions des textes traitant d’amour toxique, du sentiment de vivre une vie parallèle, les douceurs de la chair et l’angoisse de vivre au quotidien sans avoir de réponses à nos nombreuses questions.

Que ce soit en interprétant Poison, Les yeux-bactéries, L’instant zéro ou encore l’excellente C’est un virus, Laurence-Anne séduit par sa poésie singulière, son audace qui n’en semble pas une pour elle et sa proximité décalée mais sincère. Le public a véritablement l’impression d’assister à un univers unique, indescriptible qui fait autant de bien que de mal à l’âme, et qui, sans l’ombre d’un doute, n’en est pas à sa dernière apparition dans le paysage musical québécois.

Crédits Photos : Frédérique Ménard-Aubin