Katherine Levac : le côté rugueux du velours

Soir de tempête. C’est toute enneigée que je prends place dans le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts pour la Première Montréalaise du spectacle Velours de Katherine Levac. Celle qui s’est rapidement fait connaître par le public grâce à Like-moi!, Code F et SNL Québec, par exemple, a été diplômée de l’École nationale de l’humour en 2013 et a ensuite gagné la finale de En route vers mon premier gala Juste pour rire, en 2014. Lors du Gala Les Oliviers de 2015, Katherine Levac est la première femme à remporter le prix Découverte de l’année. Un cheminement impressionnant pour la jeune femme! Il va sans dire que son One Woman Show était très attendu.

C’est David Beaucage, un ami de Katherine, qui a assuré la première partie du spectacle. Belle énergie de la part de l’humoriste et, visiblement, il y avait une admiratrice dans la salle qui ne se gêna pas de lui déclarer son amour. David a su me soutirer quelques rires, principalement lorsqu’il a enchaîné, sans mise en contexte, divers personnages n’ayant aucun lien entre eux. Puis, les lumières se sont éteintes dans la salle, le rideau s’est levé pour laisser place à la vedette de la soirée. Le public l’a accueillie avec de chaleureux applaudissements. Un décor plutôt simple figurait derrière elle : un énorme rideau de velours en fond de scène, ainsi qu’une sorte de jolie balustrade suspendue. L’humoriste a bien sûr parlé de son origine de jeune fille de la campagne franco-ontarienne et des différences entre le Québec et l’Ontario. Ces sujets ont d’ailleurs alimenté ses numéros tout au long du spectacle.

©Stéphane Couturier

À mon avis, l’une des forces de l’artiste est sa façon délicate (teintée de son accent franco-ontarien) de nous raconter une anecdote pour la terminer de façon dramatique. C’est ce que j’appellerais le côté rugueux du velours. Par exemple, elle nous a mentionné qu’elle était déçue de ne pas avoir d’histoires tristes à raconter et que, pour ce faire, elle souhaiterait que ses parents subissent un accident terrible. Le ton avec lequel elle a livré cette affirmation a inévitablement fait décrocher un rire général aux spectateurs! Évidemment, elle nous a ramené son personnage qui l’a fait connaître du grand public, Paige Beaulieu, en nous racontant l’origine de celle-ci. L’humoriste a également usé de sarcasmes dans ses propos en parlant de la « bonne » décision gouvernementale de créer une nouvelle « carte soleil », ce moment lui a valu un torrent d’applaudissements.


©Stéphane Couturier

Tout au long de la représentation, Levac a ressorti des répliques ou parties de sketchs que les spectateurs ont pu voir à la télé, ce qui m’a malheureusement fait sourire en coin plutôt que rire aux éclats comme lors de ma première écoute. Personnellement, je suis d’avis qu’elle aurait pu oser davantage avec son premier spectacle, aller plus loin dans chacune de ses histoires. La structure me laissait en fait voir un assemblage de petits sketchs qui, tout de même efficaces, auraient pu l’être encore plus si elle n’en avait sélectionné que quelques-uns pour les étoffer et les apporter plus loin. Néanmoins, je dois mentionner mon moment coup de cœur de la soirée : une chanson sur les femmes de 64 ans! Très belle performance! C’était littéralement tordant et imprévisible. Katherine possède une très belle voix… J’en aurais voulu plus, des moments « surprises » comme celui-là. Je suis certaine que nous n’avons vu qu’une parcelle du potentiel de Katherine Levac en tant qu’humoriste, elle saura au fil des années nous dévoiler ses couleurs, son authenticité. Elle fera assurément sa marque comme personnalité féminine au Québec (et en Ontario!)

Les billets pour la tournée de son tout premier spectacle se sont complètement envolés. La moitié des représentations prévues en 2018 affichent déjà complet. Cependant, n’ayez crainte, plusieurs supplémentaires sont prévues. Pour connaître les prochaines dates de spectacle, je vous invite à visiter son site internet.