La relève à l’oeuvre : Les 5 prochains

C’est dans le merveilleux Théâtre St-Denis II que s’est tenu, mercredi soir dernier, la troisième édition du Gala humour de la rentrée dans le cadre du festival OUMF 2017. Animé par Eddy King, la soirée a mis en vedette les humoristes de la relève issus de la troisième saison de Les 5 prochains ainsi qu’un invité surprise. De plus, ce spectacle a été capté sur caméra pour les besoins de la série documentaire. Un spectacle qui a permis aux comiques de demain de faire leur preuve sur scène.

Eddy King a été le choix par excellence afin d’animer la soirée. De par sa nature calme, le Congolais d’origine adore interagir avec le public et déconner avec eux avec répartie, ce qui a permis d’installer une atmosphère très décontracte. Bien posé, il a partagé a son public son incompréhension de vouloir volontairement s’isoler dans le fond d’un bois en camping. Tout en humour bien sûr, il a soulevé le point que le racisme des années 80 était beaucoup moins sournois que celle d’aujourd’hui. C’est par la suite qu’il a annoncé la venue du tout premier invité.

©Vivien Gaumand / Vi Photographie

Le Néo-Brunswickois Daniel Pinet (Code G) a cassé la glace en campant un personnage des plus excentriques vêtus d’un manteau en cuir frangé et d’un chapeau en fourrure représentant, selon lui, l’archétype d’un vrai mâle. Utilisant un langage plus que familier, Pinet a réussi a surprendre le public en racontant l’histoire d’un dénommé Randy de manière assez singulière. Il faut féliciter sa bravoure, ce n’est pas toujours évident, surtout en début de carrière, d’établir son univers et de construire solidement ses personnages.

Marie-Lyne Joncas (Le Courrier du cul) fait beaucoup parler d’elle en ce moment pour ses nombreuses apparitions sur le web et à la télé. Elle avait le défi ce soir de se présenter en solo. L’humoriste qui joue habituellement aux côtés de Ève Côté avec Les Grandes Crues pris parfaitement ses aises sur scène et démontre un talent inné pour faire rire. Crue, mais juste assez, l’humoriste fait le triste bilan de sa vie à l’aube de ses 30 ans. Ses mimiques cinglantes et son gestuel, qui n’est pas sans rappeler celui d’une jeune Cathy Gauthier ou bien de Guillaume Wagner (mais en un petit peu moins vulgaire) fait d’elle une excellente découverte et pourrait facilement se hisser vers les hauts rangs.

©Vivien Gaumand / Vi Photographie

Il n’y a pas à dire, la jeune Rosalie Vaillancourt impressionne avec un parcours incroyable depuis En route vers mon premier gala. Ce soir, elle nous a prouvé que son personnage de fille nunuche à la voix aiguë fonctionnait toujours très bien. Mais on se doit de se poser la question, pour combien de temps encore? Si elle s’appuie sans cesse sur ce personnage loufoque enfin de se démarquer, j’ai bien peur qu’elle ne puisse plus s’en départir pour les années à venir, ce qui pourrait malheureusement l’empêcher d’aller vers d’autres avenues et qu’on la prenne au sérieux. La jeune humoriste a véritablement le sens du punch et son côté malaisant apporte une belle fraîcheur actuellement en humour. Mais je ne suis pas inquiet pour elle, je sais qu’elle peut aller encore plus loin, les textes de ses capsules web le prouvent aisément.

Le public a eu une véritable surprise avec la présence du seul et unique François Bellefeuille. Véritable découverte en 2012, il a su gravir les échelons très rapidement avec son humour unique et absurde. Il déclenche automatiquement les rires chez les spectateurs, même chez les plus tenaces d’entre eux. C’était sans doute sur le tard qu’il a su qu’il allait monter sur scène puisqu’il traînait avec lui un petit calepin de notes. Ça ne l’a tout de même pas empêché de livrer la marchandise de façon magistrale. Pour lui, rien n’est à son épreuve, il peut très bien aborder sa paternité comme il peut aborder son aversion pour le fromage cottage. Ce n’est pas pour rien qu’il a eu droit à une ovation debout.

©Vivien Gaumand / Vi Photographie

Arnaud Soly profite déjà d’une belle notoriété en dépit de son jeune âge. Vous l’avez probablement aperçu sur la toile avec ses vidéos jouant de la flûte à bec avec son nez et de ses capsules web assez hilarantes. Toutefois, sur scène, malgré son côté charismatique, ça n’a pas suffit à faire lever la foule. Il est bien dommage que son audace sur Internet n’ait pas transparu sur la scène. L’humoriste a joué la carte de la prudence, trop même, avec des sujets tels que les gens âgées et la technologie ainsi qu’une comparaison de certains jeux de société à la vie réelle… bref du déjà vu. Ce qui, à mon grand regret, a eu pour résultat un numéro acceptable, mais sans plus. Nous l’avons connu plus dégourdi, ne serait-ce que pour son talent en improvisation avec la troupe Le Punch Club.

Mehdi Boussaidan, la vedette de Med sur les ondes de la chaîne jeunesse Vrak nous a offert un numéro des plus simplistes. Son aisance sur scène est tel qu’on aurait cru que ce dernier se produisait en spectacle devant des amis dans son salon. Il semble que l’humoriste aime prendre un ton plus léger et n’est pas nécessairement en quête de gros rires bien gras. Somme toute, la simplicité de Mehdi réussit à captiver les spectateurs en racontant son voyage au Japon et en analysant les types de personnes en rapport avec leur sonnerie de cellulaire en guise de réveil-matin. Un humour qui n’est pas conventionnel, mais force est de constater que son effet est bien là et que nous n’avons pas fini d’entendre parler de lui.

©Vivien Gaumand / Vi Photographie

Même s’il y a eu quelques inégalités durant la soirée, il faut comprendre que l’expérience mène au succès. Ceci dit, les humoristes de la relève ont le droit à l’erreur. La série documentaire est alors un excellent tremplin pour eux et leur donne, assurément, une bonne visibilité, mais également une véritable opportunité de se forger leur identité humoristique. Tous et chacun ont apporté du contenu intéressant, mais c’est à eux de voir s’ils sont là pour rester en continuant de donner le meilleur d’eux-mêmes.

La troisième saison de Les 5 prochains sera disponible au printemps 2018. Le festival de la rentrée OUMF 2017, quant à lui, poursuit son cours jusqu’au 9 septembre prochain. Pour en consulter la programmation, c’est par ici!