L’épatante carte blanche de Bruno Pelletier

Daniel Boucher, Sylvain Cossette, Luce Dufault, Marc Hervieux, Laurence Jalbert, Julie Lamontagne et Jonas Tomalty réunis à la Maison Symphonique pour un concert exclusif…c’est Bruno Pelletier qu’il faut remercier pour cette brillante proposition, lui qui s’est fait offrir à l’été 2016 rien de moins qu’une carte blanche  dans le cadre d’OSM Pop. Présenté hier et ce soir, ce sublime spectacle retrace les influences et pans marquants de son illustre carrière de 35 printemps, en plus de réserver de rafraîchissantes surprises.

De son aveu fébrile et excité comme un enfant, le chanteur de 55 ans a débuté la première en force avec sa pièce S’en Aller entrecoupée par Whole Lotta Love et Stairway to Heaven de Led Zeppelin interprétée en duo avec un Jonas Tomalty efficace et charismatique à souhait. Oui, oui, du rock à la Maison Symphonique, et c’était tout simplement divin!

L’orchestre, dirigé de main de maître par Simon Leclerc, un complice de longue date de Bruno Pelletier, a navigué avec aise dans de l’alternatif, du francophone populaire, de l’opéra ainsi que dans l’univers de comédies musicales d’ici et d’ailleurs. La vedette de la soirée ne s’est d’ailleurs pas empêché d’attribuer aux musiciens la place qu’ils méritaient, s’isolant à plusieurs reprises sur les côtés de la scène lors de magnifiques et poignants moments instrumentaux.

Extrêmement reconnaissant de sa chance de pouvoir se produire dans une aussi mythique salle, Bruno Pelletier a pris le temps de la savourer, exprimant avec franchise son bonheur et sa nervosité au public totalement conquis et généreux en ovation. Le choix des chansons s’articulant autour de l’amour et ses déchirures, l’artiste a usé d’humour. Ses interventions et anecdotes liées à la création des chansons et aux raisons ayant mené à leur sélection se sont avérées concises, amusantes, voire même apaisantes. Le chanteur, malgré ses années d’expérience et voyages à travers le globe, s’est encore montré ému de voir que les spectateurs répondaient toujours aussi nombreux à l’appel, Ces derniers ont eu l’impression pendant plus de deux heures de renouer avec un vieil ami, un ami à la voix prodigieuse capable de passer d’une octave à l’autre sans le moindre effort, suscitant alors admiration et frissons.

Désireux de sortir de sa zone confort, il a offert des demandes spéciales quelque peu inusitées d’abonnés sur sa page Facebook. On a ainsi eu droit à la bouleversante Mon Dieu d’Édith Piaf, à  la sidérante Creep de Radiohead de laquelle émanait non seulement des arrangements spectaculaires mais de l’émotion brute. L’expression faciale de détresse du chanteur donnait froid dans le dos.

Bruno Pelletier a également rendu hommage à des grands noms comme Jacques Brel avec l’intemporelle Amsterdam. Il a ensuite donné une troisième vie à ce qu’il considère être la plus belle chanson d’amour québécoise, soit La Manic de Georges Dor. Cette relecture, offerte en duo avec Laurence Jalbert, a en effet été absolument mémorable et exceptionnelle. Leurs voix rauques et aiguës se mariaient à merveille. La mise en scène renforçait efficacement la relation amoureuse à distance relatée dans le texte.

Évidemment, les comédies musicales dans lesquelles l’artiste s’est produit ont été soulignées. En plus d’interpréter la célèbre Le Blues du Buisinessman en duo avec Marc Hervieux, il a fait un splendide medley de SOS d’un Terrien en Détresse et Le Monde Est Stone en compagnie de Luce Dufault. Même le chanteur a été bouleversé par la puissance vocale de l’interprète de Marie-Jeanne. Un moment de grâce, rien de moins! La pièce Dracula, entre l’amour et la mort a également reçu son quinze minutes de gloire. Sylvain Cossette et Daniel Boucher ont participé à la fête en chantant Nous sommes ce que nous sommes. Un instant dramatique intense qu’on a su être une franche partie de rigolade lors des répétitions! Bruno Pelletier a ensuite prétendu  auditionner pour le rôle de Jean Valjean des Misérables. Il l’a incarné le temps de la chanson Bring Him Home. À la suite de cette brillante performance, on lui aurait sans contredit donné le rôle!

En plus de revisiter ses plus grands succès comme Misere, Aime et l’incontournable Le Temps des Cathédrales (chantée à pleins poumons avec le public), il s’est payé un fantasme musical en reprenant du Genesis (Firth of Fifth) avec Julie Lamontagne au piano de même que Somewhere Over the Rainbow de Judy Garland. Un autre moment savoureux! Il faut également mentionner la chanson inédite de Luc Plamondon et Richard Cocciante, la touchante Au Bord du St-Laurent.

Pour clore cette soirée magique, tous les artistes invités ont déposé leur doux talent sur Je n’aurai pas le temps de Michel Fugain, laissant le public avec l’envie d’assister à une deuxième carte blanche totalement unique!

Crédits Photos : Antoine Saito

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