Une libération presque parfaite pour Christina Aguilera

Le 15 juin dernier sortait sur les tablettes Liberation, le dernier effort musical de la chanteuse Christina Aguilera. Si la réputation de la chanteuse n’est plus à faire, qu’en est-il de ce nouvel opus ? Dans l’ensemble, il s’écoute aisément bien, hormis quelques imperfections.

Christina Aguilera n’a plus besoin de présentation. Il y a déjà presque 20 ans qu’elle accaparait les ondes radiophoniques avec Genie in a bottle, chanson pop bonbon confectionnée sur mesure pour la jeune pop star qu’on a tenté de nous présenter comme telle en juin 1999. Malgré un succès retentissant de son premier album éponyme sortie la même année, Christina Aguilera n’a jamais voulu en rester au style musique pop rose gomme balloune qui collait à la peau de sa camarade Britney Spears. C’est ainsi, qu’années après années, Miss Aguilera s’est mise à sortir des albums qui détonnaient du style du précédent. Liberation ne fait pas exception à la règle. Nous sommes encore bien loin du son qu’elle offrait en 1999, et ce n’est pas une mauvaise chose! Christina n’est désormais plus une adolescente sortie de l’enfance. Elle est devenue une femme affirmée, en plus d’être maman. Les textes qu’elle propose sur ce nouvel album le reflètent avec assurance. Après deux albums qui n’ont pas eu le succès espéré (Bionic en 2010 et Lotus en 2012 ), Liberation se veut un voyage où plusieurs styles s’entrechoquent. Voici donc ce que vaut chacune des chansons.

L’album s’ouvre avec le titre Liberation, une pièce instrumentale douce qui n’est pas sans rappeler la mélodie du film The Village. En fond sonore, un enfant ricane. On sent vers quoi Christina semble vouloir nous emmener au travers une mélodieuse et enivrante pièce remplie de violons.

Ce qui nous mène vers Searching for Maria, premier interlude court de l’album qui nous présente la première chanson de l’album, Maria. Maria se veut une chanson forte qui ouvre bien le bal pour un album fort. Christina parle d’elle-même, et Maria se veut une métaphore sur la chanteuse. Elle a longtemps galéré pour se trouver elle-même ainsi que de ressentir une certaine liberté. Les paroles sont bien senties sur une musique entraînante mais lancinante qui nous porte à vouloir effectuer quelques mouvements. Sa voix est très efficace sur cette pièce qui se mêle très bien aux extraits empruntés à une vieille chanson des Jackson 5. Cette première chanson démarre en trombe et nous apporte vers la prochaine, un peu moins réussie.

Sick of sittin a tendance à faire penser à Fighter, qui se trouvait sur son deuxième album, Stripped. Sauf qu’ici, exit les sonorités pop et mélodieuses. Nous avons plutôt droit à un son rock auquel nous ne sommes pas habitués avec elle. Véritable hymne contre l’intimidation, les paroles fortes sont efficaces et frappent là où elles doivent. On comprend vite les intentions ; soyez qui vous êtes, libres, ne vous laissez pas guider par les autres, soyez qui vous voulez. C’est un beau message qui aurait sans doute été plus efficace sur une mélodie moins agressive.

Le ton redescend d’un cran avec Dreamers, nouvel interlude doux sur lequel on entend des enfants nous raconter ce qu’ils aimeraient faire plus tard. « I wanna be a singer, a superhero, I wanna be a boss. I wanna be THE boss. I wanna be heard ». Si ce ne sont pas des paroles d’un album qui parle de croire en soi-même et de ne pas s’attarder à l’opinion négative des autres, je me demande ce que c’est!

Le voyage musical se poursuit avec la prochaine chanson, single qui a eu beaucoup de succès récemment. Fall in line est une pure ode au féminisme et aux droits des femmes. Les femmes ont droit à l’égalité et de construire leur propre vie sans tomber dans les moules que la société veut bien leur réserver, ou pire encore, leur faire croire qu’elles sont inférieures. Véritable bombe musicale, cette chanson est l’une des plus poignantes de l’album, et les voix de Christina et Demi Lovato se marient  avec une justesse incroyable. Des chansons comme celle-là en 2018, il devrait y en avoir encore plus!

On continue alors avec Right Moves, une chanson beaucoup moins axée sur les thèmes des précédentes chansons, mais tout aussi efficace. Très sensuelle au niveau de la mélodie, la pièce se veut une définition de sa propre sensualité. Entraînante à souhait, la chanson nous donne envie de se déhancher par une chaude soirée d’été. Ça tombe bien, la saison estivale ne fait que commencer ! Je ne serais d’ailleurs pas étonné que Right Moves devienne un hit dans les clubs.

Like I do s’enchaîne ensuite et délaisse les rythmes sensuels pour le rap de GoldLink. Single promo pour présenter l’album en mai dernier, on nous présente ici ce qui est une des pièces les moins intéressantes de l’album. Très moody et ambiante, cette chanson sexuelle parle de tension entre deux personnes et fait références aux anciens hits Genie in a bottle et Ain’t no other man. Je vous mets au défi de les trouver. 😉

On change ensuite de style pour aller vers le prochain morceau. Deserve est une ballade juste assez pop qui parle pour elle-même. Il suffit d’écouter car on comprend rapidement. On peut facilement s’y identifier et se rappeler que ,parfois,  même si nous aimons notre partenaire, il nous arrive à tous de dire des choses blessantes sans le penser et de se demander si nous méritons vraiment l’être aimé. Forte et résonnante, cette chanson nous rappelle qu’il n’y a pas plus beau sentiment que l’amour, malgré les accrochages que cela peut emmener.

Nous continuons avec une autre ballade tout aussi poignante, Twice. La chanteuse nous offre toute la splendeur de sa voix et nous confie que, malgré certains échecs amoureux passés, elle ne regrette rien et qu’elle revivrait la situation sans même hésiter. Ce qui porte à penser que nous vivons tous des déceptions et que chaque chose que nous vivons a sa raison d’être. À mon avis, Twice est une des meilleures de cet ouvrage.

Suit alors I don’t need it anymore, court interlude qui nous présente ensuite ce qui est le tout premier single de l’album. La chanson Accelerate est sortie le 3 mai dernier comme lead single et fut bien reçue par la critique. La réaction fut toutefois partagée chez les fans. Christina invite ici Ty Dolla $ign et 2Chainz, ce qui mène vers un sulfureux mélange pop/rap décadent qui semble être composé sur mesure pour les dancefloors. La chanteuse nous a déjà fait mieux, mais nous a présenté bien pire. Personnellement, je n’aurais pas choisi cette chanson comme lead principal, mais après plusieurs écoutes, elle passe mieux. Le vidéoclip est très sexualisé, mais visuellement très léché et impeccable. Ce qu’aurait dû être aussi la chanson.

Pipe est ce qui suit et, encore une fois, le contraste de style se fait sentir. Il s’agit d’une ballade ambiante sur laquelle Christina expose sa voix travaillée et avec laquelle elle n’a pas peur de jouer. On sent une vibe posée, mais efficacement plaisante à écouter. La femme qu’elle est devenue n’a pas hésité à nous présenter cette chanson en parfaite symbiose avec le R&B, qui rappelle un peu le style de la fin des années 90.

Vient ensuite la très sucrée Masochist. Voici probablement ce que les fans du premier album attendaient. Ballade pop semi-rythmée, on nous propose ici un thème éternel qui ne s’épuise pas : l’amour à sens unique. Christina raconte que, malgré les blessures que ça lui inflige, elle continue d’aller vers le gars qui la fait souffrir. L’aimer est mauvais pour elle, mais elle y retourne. Torture du cœur, mais véritable bonbon pour nos oreilles.

L’album se termine avec la féerique Unless it’s with you, ballade sur laquelle Christina Aguilera confesse qu’elle préfère attendre le bon prince charmant plutôt que d’avoir une relation éphémère et fausse avec quelqu’un. Elle promet d’être la femme de sa vie, sur des airs de ballade enivrante et poignante. Une belle finale avec de belles notes parfaites qui nous rappelle que Christina Aguilera sait chanter et maîtriser sa voix.

Bref, on en veut plus ! Liberation est un album presque parfait mais court parsemé d’interludes qui auraient facilement pu être remplacés. Christina Aguilera fait ici ce qu’elle a toujours fait : un album différent du précédent. Ça comprend certainement quelques failles , mais elles sont vites oubliées. À titre de comparaison, Liberation fait penser à Stripped de 2002. Non homogène, ce nouvel album vous fera passer un bon moment et, qui sait, vous donnera peut-être envie d’aller voir la chanteuse en tournée. On se croise encore les doigts pour une date à Montréal!

Crédits Photos : Google Images