En avant : la magie des coeurs sans peur ‎★‎★‎★1 /2

Disney et Pixar proposent un vingt-deuxième long-métrage ayant comme toile de fond la magie, choix plutôt intéressant considérant que l’union de ces deux studios engendre de la magie dans le cœur des petits comme des grands depuis près de 25 ans! Or, la campagne promotionnelle relativement intime pour un film de cette envergure et la bande-annonce plus étrange que mystérieuse laissaient assez perplexe. Est-ce que en se réinventant quelque peu pour éviter les répétitions le duo allait perdre justement son essence magique? Onward (En avant), à l’affiche partout dès le 5 mars, parsème ses intrigues nébuleuses d’un humour linéaire et s’embrouille de longueurs, mais réussit encore une fois à nous soutirer un torrent de larmes grâce à une finale surprenante et lumineuse.

Dixit les bestioles, les jouets ou encore les bagnoles, et bienvenue aux monstres maléfiques et autres créatures  légendaire. Dans un monde où les sortilèges magiques périlleux ont tristement cédé la place à la facilité technologique, l’elfe Ian peine à s’affirmer , devant faire le deuil d’un père qu’il n’a jamais eu la chance de connaître. De son côté, son frère aîné Barley , fanatique des jeux d’aventure, croit que la magie les a précédés et existe encore. Sans peur, il ne réalise pas que les gens, y compris sa famille, le trouvent bizarre. Le jour du seizième anniversaire de Ian, un cadeau mystérieux permettra aux frères de revoir leur père, un pour la dernière fois, l’autre pour la première. Ils auront 24 heures pour le ramener à la vie car tout ce qui est présent de son corps, ce sont ses jambes!

Avec cette prémisse farfelue, on sent la volonté de Pixar de se renouveler tout en conservant sa signature. Un geste tout à fait honorable qui ne vient toutefois pas sans écueil. Si les personnages s’avèrent attachants dans l’ensemble, il est impossible d’ignorer leurs nombreux stéréotypes. Certains traits de caractère de l’adolescent brillant mais timide qui est guidé par ses peurs et du jeune adulte fantaisiste qui ne semble rien faire de concret dans sa vie finissent par irriter, surtout dans le cas du souvent cabotin Barley. Heureusement, le dénouement de l’oeuvre leur permet de briser leur unidimensionnalité pour dévoiler sans mièvrerie leur inspirante sensibilité. Le personnage de la mère est rafraichissant dans la mesure où elle s’éloigne du cliché de la maman hystérique et colérique pour plutôt embarquer dans la lubie de ses enfants malgré son inquiétude. Dans la version originale anglaise, Tom Holland (Ian), Chris Pratt (Barley) et Julia Louis-Dreyfus (Laurel) effectuent tous un travail extrêmement juste et dynamique.

Jouissant de graphismes splendides et colorés ressemblant à la réalité, le scénario s’éparpille dans sa panoplie de thèmes pourtant intéressants avant de retrouver contenance en conclusion. L’action prend du temps à démarrer. Le spectateur se demande constamment où se dirige l’histoire mais sans se sentir réellement concerné ou captivé. Quelques pointes humoristiques maintiennent le sourire, mais on est loin de la touche comique mémorable d’un Monsters, inc.. Les rôles secondaires n’apportent rien de véritablement pertinent. La quête identitaire des personnages et celle héroïque pour sauver le père ne se marient pas avec harmonie et provoquent souvent de la confusion. Heureusement, l’intérêt s’éveille de manière significative lorsque les valeurs unissant ces quêtes se révèlent clairement. Il est alors question d’estime de soi, d’entraide, de l’extension du rôle d’un père au-delà de sa présence physique et de foncer malgré la peur. Tous des sujets que les adultes connaissent trop bien mais qui ont encore souvent de la difficulté à mettre en pratique. Onward devient alors une leçon authentique et aucunement moralisatrice sur l’importance de continuer de l’avant et d’essayer. Et c’est exactement là que Pixar retrouve sa magie à la fois troublante et réconfortante…

Puisque la Russie censurera le personnage d’une cyclope ouvertement homosexuelle qui s’exprime moins de cinq minutes, il faut souligner la décision de Disney d’enfin mettre en lumière sans  aucune ambiguïté un protagoniste issu de la diversité sexuelle. Alors que les tentatives à l’intérieur de La belle et la bête ( version 2017) et Finding Dory n’étaient pas limpides, celle-ci ne fait aucun doute : la policière Spector (doublée par Lena Waithe, actrice également ouvertement affichée lesbienne) est une mère gay épanouie. Qui plus est, la manière d’introduire cette caractéristique du personnage est naturelle et tout ce qui a de plus banal. Une autre belle façon d’aller de l’avant…jusqu’à ce soit plus nécessaire de mentionner l’importance d’un geste aussi normal! En espérant que les futurs personnages LGBTQ+ du studio auront plus de temps d’antenne tout en ayant plus à offrir que leur identité ou orientation…

En juin 2020, Disney et Pixar reviendront au cinéma avec le film Soul qui semble aussi s’inscrire à l’extérieur des codes habituels du studio. Reste à voir si ce film conservera le charme bouleversant de Onward tout en s’éloignant de ses défauts scénaristiques…

Crédits Photos : Disney  Pixar 

3.5