Maligne : Les joies insoupçonnées de la maladie

Depuis le 6 juillet, la Française Noémie Caillault envahit le ZooFest avec Maligne, une pièce de théâtre humoristique traitant du diagnostic de cancer du sein qu’elle a reçu à l’âge de 27 ans. Un petit cancer comme disaient les médecins. Seule sur une scène pendant plus d’une heure, la jeune femme maintenant dans la trentaine raconte avec une franchise désarmante son histoire dans les moindres détails, même les plus farfelus, sordides et déchirants. Elle pleure son cancer et en rit sans censure, ce qui pousse les spectateurs à faire de même, changeant drastiquement leur regard sur la maladie.

Entourée de plusieurs chaises et de voix hors champ symbolisant amis ou membres de sa famille, la pétillante Noémie sautille et danse en abordant de front un sujet grave qui est  en rarement un de prédilection pour les humoristes. Elle prouve que toute thématique possède sa pertinence dans un spectacle. Plongeant dans le même état d’esprit qu’elle, le public ressent sa douleur et sa libération d’en parler. Happé par le courage de cette femme, il ressort de la salle à la fois bouleversé et charmé par le positivisme de la charismatique interprète.

©Myriam Frenette

Grâce à un texte truffé de figures de style riches, de comparaisons claires et d’un lexique parfaitement imagé, Noémie, véritable livre ouvert qui embrasse ses contradictions, transporte les spectateurs à travers toutes les étapes psychologiques et physiques reliées à la maladie. Au-delà des explications didactiques des traitements, la comédienne nommée aux Molières partage tout l’éventail de ses sentiments et questionnements existentiels. Évidemment que le cancer lui a donné de mordre davantage dans la vie, mais elle a également été en mesure de lui trouver des avantages, notamment en ce qui concerne la douceur de sa peau. Bienfaits que ne voyaient pas forcément son entourage. D’ailleurs, elle exprime parfaitement les réactions déconcertantes issues de l’ignorance que lui ont adressées des amis.

Excellente actrice, Caillault dévoile un jeu non verbal très expressif qui investit les spectateurs d’emblée. Elle insuffle une personnalité distincte aux divers personnages (mère, docteurs…) qu’elle incarne. Esquivant les clichés et les séquences mélodramatiques, ce bout de femme extrêmement attachante parvient avec brio et vérité à réfléchir. Une oeuvre attendrissante, nécessaire…et pleine de vie.

 

Crédits Photos : Myriam Frenette/ZooFest