Le Mystère Carmen : une première de feu pour Marie-Josée Lord!

Jeudi soir dernier, au Théâtre du Nouveau Monde, avait lieu la première mondiale de Le mystère Carmen, un spectacle musical mis en scène par nulle autre que la directrice artistique du TNM, Lorraine Pintal, et mettant en vedette notre soprano chouchou, l’envoûtante Marie-Josée Lord (Carmen), le ténor JeanMichel Richer (Don José) et n’oublions pas l’auteur de cette oeuvre, Eric-Emmanuel Schmitt. Cet auteur prolifique et adulé des Québécois en est aussi le narrateur tout en incarnant, à certains moments, le rôle du génial Georges Bizet, compositeur de l’opéra le plus joué au monde : Carmen.

Une scène presque dénudée, sauf évidemment pour le piano à queue, maîtrisée harmonieusement par Dominic Boulianne. Une plateforme circulaire mais malgré tout discrète représentant l’arène de corrida où Carmen et Don José trouvent la mort à la toute fin. À l’occasion, un fond de scène en noir et blanc avec une photo de Georges Bizet et les reflets des mains du pianiste pendant qu’il jouait, le seul clin d’œil à la technologie que nous connaissons. Rien de flamboyant, sinon la flamboyance naturelle qui irradie de Marie-José Lord de par sa volupté, et ses déhanchements à la manière de Carmen. Non seulement sa séduction et sa sensualité se voient sa séduction mais s’entendent également. Nul ne pourrait penser qu’il s’agit d’une première pour Marie-José Lord dans le rôle de Carmen, on dirait qu’elle l’a été toute sa vie.

Jean-Michel Richer incarnait fort bien le gendarme qui est tombé amoureux de Carmen après qu’elle l’eut séduit et convaincue de la suivre dans les montagnes. Quant à Eric-Emmanuel Schmitt, ce passionné de la musique classique (il s’est inspiré du Concerto pour un Ange qu’a composé Alan Berg en 1935 pour écrire son recueil de nouvelles portant le même titre et qui lui a valu un Prix Goncourt en 2010), il a interprété son monologue avec conviction et intelligence. Il voulait rendre un hommage  à Bizet en nous faisant comprendre notamment les conflits qu’il a connus lors de la composition de cet opéra basé sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy notamment avec l’air de l’Habanera et de la musique de laquelle Bizet s’était inspirée. Nous vous rappelons que Georges Bizet est décédé le 3 juin 1875 à l’âge de 36 ans, soit la nuit de la 33ième représentation de Carmen, dont la première s’est révélée  être un vrai désastre pour ensuite devenir l’opéra le plus connu et le plus joué au monde.

En somme, un spectacle qui se vaut d’être vu que vous soyez un mélomane féru d’opéra ou un amant des romans de Eric-Emmanuel Schmitt ou les deux…ou même ni l’un ni l’autre! Cette production du Théâtre du Nouveau Monde et Didier Morissonneau est à l’affiche jusqu’au 16 mars 2019, et il reste encore quelques billets,que vous pouvez vous procurer ici. Le spectacle partira également en tournée dans 13 villes québécoises en avril et mai. 

Crédits Photos : Yves Renaud