Mon nom est Johnny Cash : simple et vrai comme l’homme

Le 10 septembre 1984, Johnny Cash a participé au Festival western de St-Tite. Le 12 septembre 2003, il s’est éteint à Nashville. En cette année marquant le triste quinzième anniversaire de sa mort, le Festival a tenu à souligner l’intemporel héritage de l’homme avec le spectacle Mon nom est Johnny Cash mettant en scène Paul Daraîche, Laurence Jalbert, Tommy Charles, Brigitte Boisjoli, Guylaine Tanguay, David Thibault et Ludovick Bourgeois.

Les billets des deux représentations annoncées (une l’après-midi et une le soir) s’étant écoulés très rapidement, inutile de mentionner que cet hommage était fort attendu par les amateurs de country venus s’emmitoufler dans la chaleur si réconfortante du Country Club. Par contre, l’ambiance de départ du concert en soirée dégageait bizarrement une certaine froideur. Bien que la livraison de I walk the line qui introduisait une à une les vedettes de la soirée ne manquait pas de puissance, le public affichait très peu sa satisfaction. Le spectacle, conventionnel dans sa formule d’enchaîner les tours de chant sans trop de numéros surprenants, était bel et bien teinté de cette simplicité caractérisant l’homme en noir mais, malheureusement,  même si les artistes étaient irréprochables sur le plan vocal, les émotions brutes ne se frayaient pas totalement un chemin dans le cœur des spectateurs.

Il aura fallu attendre la venue de Brigitte Boisjoli sur Big River pour ajouter un soupçon de folie. L’énergie débordante de la talentueuse chanteuse a endiablé la foule. Il faut dire qu’il était impossible de résister à ses petits sautillements de jeune fille et son rire contagieux. La voix rauque de Tommy Charles a également épaté le public avec  Wanted Man et A boy named Sue sur laquelle il a brillamment saisi le ton tragi-comique du texte.

Le véritable premier moment touchant a eu lieu lors de la conclusion de la première partie quand les sept interprètes ont offert de belles harmonies sur la poignante Hurt, chanson de Nine Inch Nails que Johnny Cash a reprise quelques mois avant sa mort. Ludovick Bourgeois  a étonné en sortant de son registre habituel le temps de quelques notes basses qui laissaient entrevoir l’unicité de sa voix. Paul Daraîche et Laurence Jalbert , quant à eux, ont exprimé tout l’étalage de leur son rauque qui fait tant frissonner.

À compter de ce moment, le public a réellement manifesté son enthousiasme et a accueilli les nombreuses qualités du spectacle comme il se devait. Qui plus est, la répartition et la sélection des chansons gracieuseté de Pierre Plante ont enfin donné droit à des duos, trios et quatuors à la fois divertissants et originaux. Au second acte, les hommes se sont partagés The Highwayman alors que les femmes ont uni leurs voix sur Will the circle be unbroken.

Bien sûr, d’autres instants complices ont teinté la soirée. Qui dit rendre hommage à Cash dit aussi témoigner de la reconnaissance envers son tandem avec l’amour de sa vie, June Carter. Tommy et Laurence se sont échangés respect et intensité sur It ain’t me babe tandis que Brigitte et David Thibault, qui ont récemment sillonné le Québec avec le spectacle Sur la route du Tennessee, ont fait danser le public avec la dynamique Jackson. D’ailleurs, le public, à l’instar de celui de la veille pour le spectacle Je voulais marier Renée Martel, a réservé un accueil chaleureux et bruyant envers le jeune chanteur qui a montré de belles nuances. La fougue et la bonne humeur de Guylaine Tanguay a atteint son paroxysme sur Ring of fire en compagnie d’une Brigitte hilarante et survoltée. Puisque ce mode festif et rassembleur était  drastiquement plus palpable pendant la deuxième partie, les gens ont pris davantage part à la fête. L’ambiance a donc été à son comble pour les deux chansons livrées par tous en guise de finale : I’ll fly away et Prison Folsom Blues.

Bref, en quittant la salle avec un large sourire, le public ne pouvait penser autrement que la musique de Cash, aussi sombre et triste soit-elle, fait véritablement du bien grâce à sa simplicité farouchement vraie.

Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média