Pascale Picard : trouver complètement sa beauté

L’auteure-compositrice-interprète Pascale Picard ne pouvait choisir une meilleure soirée que la romantique date de la Saint-Valentin pour la première montréalaise de son spectacle présentant les pièces de son plus récent album, The beauty we’ve found. Le Cabaret Lion d’Or, rempli à capacité pour l’occasion, dégageait une ambiance chaleureuse et enthousiaste qui s’harmonisait parfaitement au réconfort et à la beauté qui émanait de ce trop court concert.

Entourée de deux talentueuses Marie-Pier/re (Gagné au violoncelle et Bellefeuille aux claviers) pour former un trio féminin à la complicité rayonnante, la chanteuse a démontré sans modération sa polyvalence et sa générosité en offrant une brillante sélection de titres piochant dans les succès et trésors cachés de ses quatre albums, tous revisités à une sauce folk orchestrale des plus enivrantes. Sincèrement émue par l’accueil du public, l’artiste n’a pas cherché à masquer sa reconnaissance et sa sournoise laryngite arrivant au pire instant, donnant ainsi lieu à des moments teintés de simplicité et de tendres éclats de rire.

À l’intérieur d’arrangements originaux qui touchaient droit au cœur par leur élégance, l’interprète, professionnelle et passionnée jusqu’au bout des ongles, a été en mesure de dévoiler les riches textures de sa voix, voguant aisément entre des notes rauques et un débit rapide totalement maîtrisé. La sublimation des mélodies grâce à l’ajout du violoncelle a permis aux spectateurs de mieux s’attarder à la profondeur des textes livrés dans un accent anglais séduisant et impeccable.

Inspirée par les petits et grands problèmes du quotidien comme la quête identitaire et les relations dysfonctionnelles, Pascale Picard a puisé judicieusement dans une imagerie d’isolation propre aux villages éloignés et aux bars miteux. C’était particulièrement probant sur l’excellente Rock Bottom qui se déployait comme un film. Les parallèles entre une ville nommée ainsi et l’expression toucher le fond étaient extrêmement palpitants. Joliment atmosphérique, La tempête, première composition francophone à vie, a charmé les spectateurs désormais impatients d’entendre d’autres efforts dans la langue de Molière.

Livrées sobrement,  Smilin’!! et Gate 22, les célèbres chansons issues de l’album Me, myself and us, ont démontré tout le contrôle et l’évolution de Picard. Question d’étonner, la chanteuse a opté pour une reprise se fondant avec brio à l’esprit du spectacle soit Constant Craving de la canadienne k.d lang qui a absolument enivré l’auditoire avec ses envoûtantes harmonies vocales.

Le festival de percussions sur les extraordinaires Too little too late et In Town s’est imbriqué ingénieusement aux claviers magnétiques, laissant le public pantois. Terminant ensuite la soirée avec la splendide Whole sur laquelle elle se permettait de magnifiques envolées aiguës, Pascale Picard a subtilement confirmé qu’elle est maintenant une artiste entière qui n’a pas fini de se surpasser en s’aventurant hors de ses zones de prédilection.

Crédits Photos : Stépĥanie Payez/Éklectik Média