Le « rave » psychédélique de Lydia Képinski et Flavien Berger

19 juin 2019, Club Soda, Montréal

Toute personne assise sera éliminée

Lydia Képinski annonçait il y a quelque temps un concert décadent, et tout à fait unique, qu’elle présentera à l’occasion des FrancoFolies de Montréal. Intitulé Tout ceci n’était qu’un rave, Képinski nous propose donc un programme double survolté avec l’artiste français Flavien Berger, reconnu pour sa musique électro-psychédélique hors du commun. Dans un Club Soda bondé, tous étaient curieux de découvrir la tangente qu’a pris la chanteuse avec la sortie récente de Premier juin REMIX. La seule règle qu’elle imposait à la soirée : « Toute personne assise sera éliminée ! ». Une soirée à saveur rave audacieux, mais somme toute franchement divertissant.

© Frédérique Ménard-Aubin

Un terrain de jeu chavirant

La soirée débute avec le singulier personnage Flavien Berger. À travers un tas d’appareils synthétiques, et un carillon, ce dernier nous invite dans son terrain de jeu musical et psychédélique. Ce prodige de musique électro expérimente de toutes les manières. D’une belle naïveté, l’artiste de 31 ans se voue corps et âme à nous offrir un son captivant, décalé et vaporeux. Si la musique était omniprésente, sa voix, en revanche, était plutôt inaudible par moment. Mais ce n’est pas particulièrement un problème puisque la musique a fait tout le travail. Nous nous sommes épanchés plutôt sur les rythmes saccadés, superposés, entremêlés de voix électroniques, de sons répétitifs et d’autres effets connus seulement de l’artiste.

Les gens qui découvrent pour la première fois l’artiste n’ont cependant pas pu savourer à leur juste valeur les textes pourtant si riches de son répertoire tels Deadline, Maddy la nuit, Pamplemousse et Fête noire. L’excellent duo qu’il a fait avec Képinski, en fin de parcours, n’a pas passé inaperçu. Les spectateurs ont pu assurément apprécier la musique envoûtante et ont pu être happés par l’irrésistible charme du Français.

 

Le rave de Lydia

D’entrée de jeu, il faut dire que nous avons été avertis maintes et maintes fois de la tournure de la soirée, il ne fallait donc pas s’étonner de son aspect peu conventionnel. Alors que nous sommes habituellement obnubilés par la poésie hors-sentier de Képinski, cette dernière nous a livré un rave onirique aux musiques mélancoliques. Une soirée où la musique électronique a pris une très la place principale, alors que les mots n’étaient, à plusieurs moments, que des fioritures. Avec ce format, elle a pris un grand risque. Mais bon, nous commençons à la cerner, elle se fout royalement des conventions et nous saluons sa bravoure et son audace.

Pour celleux connaissant la marche à suivre de la jeune artiste ne seront pas déstabilisés en tout début de concert puisqu’elle procède comme à l’accoutumée. Elle entame donc de belle façon avec Les routes indolores, dans les gradins aux côtés des spectateurs, puis rejoins la scène par une passerelle en enchaînant avec Premier juin, Maïa et Belmont. Jusqu’ici, tout va bien et nous ne sommes pas encore déstabilisés ! Mais tout change lorsque nous retrouvons une Lydia en pleine crise de panique, toute recroquevillée au sol, avant qu’un musicien ne la prenne dans ses bras et l’emporte loin de la scène. Il aura fallu un bref moment pour comprendre que tout ceci n’était qu’une mise en scène ; une supercherie.

© Frédérique Ménard-Aubin

Ce malaise orchestré était une entrée en matière à l’éveil sombre d’une Lydia, vêtue de noir, en nous offrant ses morceaux remixées… transportant ainsi son public dans un monde chaotique. C’est ainsi que, pour la prochaine heure, il fallait s’attabler à danser, se dégourdir et puis accepter de se laisser entraîner dans une fumante frénésie. Alors que certains sauteront à pieds joints dans ce concept, ce n’est malheureusement pas à la portée de tous. Par contre, les fans de la première heure près de la passerelle en ont eu pour leur argent puisqu’il y régnait une ambiance électrique pendant que Lydia sautait et se tortillait, en transe, en interprétant Les routes indolores, Sur la mélamine et 360 jours. « Une chance sur 100 000 pour que tu viennes ici/une chance sur 3 000 que tu dises oui/une chance sur 200 que t’en aies vraiment envie/une chance sur 2 que t’aies menti » s’est époumoné le public, buvant les paroles de Les balançoires, l’une de mes pièces favorites.

Pour donner à l’ambiance un côté encore plus déconnectée de la réalité, Képinski ne s’adresse pas à son public, et fait comme si son corps était envahit par une force occulte. L’artiste peine tout de même a cacher sa fierté à faire chanter et danser ses fans. La poignante Pie IX, qui traite des lourds sujets de la dépression et des envies suicidaires, a été exécutée d’une manière touchante. Une finale en beauté avec la très énergique version remixée de Premier juin qui a tout déchiré. Pour cerner comme il se doit l’artiste incommensurablement talentueuse qu’elle est, il aura fallu attendre le rappel. C’est avec la puissante Andromaque, issue de son premier EP, que nous avons pu nous rendre compte de son plein potentiel vocal et poétique. En cette humaine, se cache une force de caractère insoupçonnée.

© Frédérique Ménard-Aubin

L’artiste ayant été nominée au gala de l’ADISQ en 2018 dans les catégories Révélation de l’année, Album de l’année – Alternatif, Album de l’année – Choix de la critique, et Vidéo de l’année, n’a pas terminé de nous offrir des concepts qui sortent de l’ordinaire. Lydia Képinski évolue dans son propre monde et ne cesse de se redéfinir, et c’est parfait comme ça. Nous attendons avec impatience la venue de nouveaux morceaux à se mettre sous la dent. Pour le moment, vous pouvez la suivre sur Instagram, sur Facebook, ainsi que sur YouTube. Pour le moment, amoureux d’électro, vous pouvez savourer pleinement sa Mixtape (avec des collaborations telles RYAN Playground, Tommy Kruise et Odile Myrtil).

 

Crédit de la photo de couverture : © Frédérique Ménard-Aubin

 

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