Le Scriptarium 2019 : le théâtre réinventé

Je me rappelle, quand j’étais plus jeune, des nombreuses sorties obligatoires au théâtre. Avec ma classe, on partait le matin pour aller voir une pièce, souvent au Théâtre Denise-Pelletier. Ayant toujours aimé cet art, j’adorais ce moment. Je ne peux en dire autant de mes compatriotes. Plusieurs se plaignaient que c’était long et inintéressant. Il faut dire que ce n’est pas toutes les pièces qui sont nécessairement adaptées aux jeunes. Heureusement, avec Le Scriptarium, on découvre un style complètement différent. Les textes sont écrits par les jeunes pour plaire aux jeunes.

Le concept est assez simple, chaque année, un commissaire invité aide à la conception de la pièce. Il propose un thème et un concept, et invite les jeunes à créer autour de cet univers. Cette année, le projet s’est fait avec l’aide de Didier Lucien. Plus de 1500 jeunes ont participé en écrivant une diversité incroyable de textes. Mathieu Gosselin a fait un excellent travail de bricolage en assemblant les mots d’une vingtaine de jeunes choisis par leur enseignant. La ligne directrice choisie par Didier Lucien était le rêve. Tous les textes tournent autour de ce concept. Par contre, ce qui est intéressant, c’est qu’on y retrouve une variété de courants artistiques. Que ce soit par le chant, la poésie, la philosophie ou simplement par des dialogues, on explore l’art avec un grand A. Les élèves avaient la possibilité d’écrire ce qu’ils voulaient. Manifeste, histoire, poème ou chanson, ils n’avaient qu’à prendre leur plume et créer.

Outre les textes riches, la mise en scène était tout simplement incroyable. N’ayant que pour décor deux simples fauteuils et un mur noir, Sylvain Scott a su créer des chorégraphies harmonieuses. Même si nous restions devant le même décor, nous nous sentions transportés dans les différents univers grâce à des projections vidéos, à des jeux de lumières ou encore à des mélodies. Nous voyagions à travers une multitude d’époques. Jouant avec nos émotions, Sylvain Scott a su nous faire découvrir un autre type de théâtre. Il a cousu plusieurs petits sketchs pour ne concevoir qu’une seule et unique pièce.

Que dire des acteurs? Ils étaient tout simplement sensationnels! Maude Desrosiers, qui incarnait Dolores, une mère excentrique vivant encore dans sa période d’adolescence, était incroyable. Elle nous faisait rire avec son intonation et ses mimiques. Ses rêves aussi farfelus que sa personne la rendaient attachante. On pouvait voir une belle complicité avec sa fille Louise, jouée par Laurence Latreille. Malgré son découragement face à sa mère, Louise aimait beaucoup celle-ci. Laurence Latreille a personnifié la jeune adolescente avec brio. On pouvait comprendre et ressentir ses déboires adolescents, sa recherche identitaire, sa quête du plaisir et son désir de découvrir le monde. Interprété par Émanuel Frappier, Caleb, un autre adolescent de 16 ans, vit d’autres types de difficultés. Venant de perdre son meilleur ami, il tente de se ressaisir et se reprendre en main. L’interprétation d’Émanuel est juste et touchante. On ressent son désespoir, on a envie de l’aider. C’est ce que tente de faire son père Gaston. Dans ce personnage de psychologue exténué de ses clients loufoques, Sébastien Rajotte joue le bon père de famille. Il veut aider son fils avec tous les outils qu’il possède. Il est comique, mais à la fois rassurant. Finalement, la présence vidéo de Mike Clay jouant Rayan est bien incluse dans la pièce. L’interprétation de sa chanson est un moment clé dans l’histoire.

Le Scriptarium est une pièce à voir autant par les jeunes que les moins jeunes. Elle explore l’adolescence, l’amour, les malheurs…bref, la vie avec justesse. On découvre plusieurs styles, ce qui donne un heureux mélange permettant de savourer les multiples types d’art.

Crédits Photos : Jean-Charles Labarre