The Vieux Schnocks : les souvenirs circassiens des temps jadis !

Facéties, numéros & souvenirs, « The Vieux Schnocks » se remémorent le temps jadis.

La vie d’artiste fait rêver ! Les spectacles, les tournées, les compagnies, les scènes grandioses, les fêtes ; mais également les heures de répétitions, les doutes, les échecs, les douleurs,… C’est une vie intense et constamment changeante faite de hauts et de bas. Alors imaginez près de 40 années d’une vie passée sur les routes en représentation.

Sur une idée géniale d’Yves Decoste, des anciens, des artistes mimes, clowns, musiciens, circassiens, acteurs, et rêveurs ; se retrouvent sur les planches pour nous conter leur folle vie et leurs souvenirs. L’idée originale de la pièce est excellente. Commencer l’histoire à la fin d’un spectacle, lors des saluts, et ouvrir le rideau sur les loges des artistes, permet une entrée en matière drôle, décalée et propose un terrain idéal pour le sujet abordé. Bienvenue dans l’envers du décor !

Ils sont une bonne bande d’allumés de 11 larrons. Parmi les artistes, la « maman » de la compagnie (la manager) qui veille sur les acteurs et au bon déroulement des représentations, et la directrice du théâtre, grande fan des étoiles qui illuminent son lieu.

La représentation s’est bien déroulée, tous vaquent à leurs occupations en attendant l’arrivée du car pour partir, rentrer à la maison, ou à l’hôtel ; car demain, ils jouent dans une autre ville, tournée et vie d’artiste oblige. Mais voilà, il semble y avoir un souci technique et leur chauffeur ne sera pas là avant 3 ou 4h. Que faire de ces heures à tuer ?  Répéter, mettre au point certains détails du show et surtout, se remémorer les histoires du temps passé.

photo courtoisie

La scénographie et la mise en scène sont impeccables. Un gros canapé central, des tables de maquillages sur les côtés, l’espace d’échauffement, les costumes suspendus,… le vrai bazar des loges. Ils ont même un piano dans celle-ci, pratique pour pousser la chansonnette.

Il n’est pas toujours évident de faire évoluer autant d’acteurs sur scène, chacun étant dans sa bulle d’après-show, sans que cela devienne une cacophonie visuelle et auditive. L’univers des loges est représenté avec justesse et intelligence. Alors que certains se démaquillent, font des étirements,… la place centrale offre le regard sur l’action principale sans que la vie environnante ne la perturbe. C’est même très agréable de regarder les acteurs dans des moments plus intimes, pendant qu’au centre, les autres répètent leur numéro.

Vous l’aurez compris, les répétitions dans les loges, sont une excuse pour nous offrir les numéros de cirque de chaque artiste. Cela commence en douceur avec 1 ou 2 détails à régler, puis au fur et à mesure du temps qui passe, les artistes se regroupent, discutent, se racontent leur vie et chacun montre, sous les yeux ébahis de ses compagnons, le numéro qui fit sa renommée.

Oui, on ouvre des grands yeux d’enfants quand les « vieux schnocks » reprennent leur numéro. L’idée sublime d’avoir ajouté 2 jeunes artistes, Delphine Cézard et Miguel Jalaff, dans l’équipe, permet d’amener la curiosité et la découverte de l’univers des plus aguerris.

Ces 2 jeunes qui travaillent respectivement avec Yves Decoste et Christian Harel, ont déjà une solide expérience de la scène et une très belle maîtrise de leur art. Miguel est un artiste pluridisciplinaire, jonglerie avec quilles, chapeaux, ballons & monocycle, il semble s’amuser de tout. Quant à Delphine, cette artiste autodidacte est impressionnante ! Son numéro de mains à mains avec Yves démontre une grande maîtrise et de la justesse, tout cela dans la lenteur. Quelle belle relève !

Mais la nouvelle génération a encore bien du chemin à parcourir avant d’arriver à plus de 30 années de carrière scénique. Aussi, avide d’histoires, ils demandent aux anciens « Dis, et toi c’était comment ? ».

Merveilleux ! Des souvenirs plein la tête, ils nous font revivre ces dernières années, entre la vie sur les routes, les blagues de dernière, les rencontres, les scènes improbables… On rit, on est très ému aussi. Pour les initiés de ce monde, on retrouve avec joie cet univers qui fait partie de notre vie. Pour les néophytes, c’est une découverte sincère. Oui, tout n’est pas si simple. Des tragédies qui se passent au sein des compagnies, des heures à n’en plus finir de travail sans relâche, des anecdotes croustillantes, des techniciens ignorants de leur métier,… Ainsi que des affaires plus personnelles. Les remises en question, les doutes, la peur que tout s’arrête, qu’il n’y aura plus de contrat, plus de scène, la peur de l’oubli, la difficulté à concilier vie privée et vie artistique.

photo courtoisie

En plus de ces précieux souvenirs, chaque artiste présente son numéro fétiche.

Peter Snow laisse le public bouche-bée devant sa manipulation d’anneaux ; et rappelle cet art qui, malheureusement, est de moins en moins connu (hormis dans quelques cercles tels ceux du Rockabilly, freaks show, tattoo show,…) qu’est celui du fakirisme. Et sous l’œil apeurée de Delphine, il gobe les lames de rasoirs comme des bonbons. Délectable !

Soizick Hébert reprend son numéro de clown et sa danse des foulards. Un art extrêmement technique qui fait rire le public aux éclats. Et René Bazinet interprète son numéro du « Corbeau ». … Merci Monsieur ! Un instant de pure beauté où cet homme d’une soixantaine d’année donne une magnifique leçon aux plus jeunes. Laissez votre imagination s’envoler. René n’a besoin de nul artifices, juste lui et sa voix ; et il crée tout un monde. Cet homme qui se confie pendant le spectacle sur ses doutes et ses questionnements, n’a absolument pas à douter un seul instant de son art. C’est un grand Maître et c’est une joie de la voir performer.

C’est un plaisir de tous les voir sur scène dans leur univers ! Tout cela en chanson, bien sûr. Et oui, l’univers des loges et d’après show ne serait pas le même si les artistes ne se retrouvaient pas pour partager une bière ou deux et chanter ensemble.

« The Vieux Schnocks », c’est un spectacle magnifique, et bien plus que cela. C’est une transmission. Une transmission des anciens à la relève. Une transmission des artistes au public sur la réalité de la vie de ce formidable métier. C’est un hommage à tous ceux qui sont partis, et un clin d’œil à tous ceux avec qui ils ont partagé ces souvenirs. C’est beau, sincère, touchant et merveilleux ; c’est la vie d’artiste. »

 

Fiche technique

 

The Vieux Schnocks

Salle Paul-Buissonneau du Centre Calixa-Lavallée
3819, rue Calixa-Lavallée,
Au cœur du parc La Fontaine,
Montréal, QC, Canada  H2L 3A7

Tél : 514 523-3316

Tarifs : 35,43 $

 

Création originale

Les 22-23 mai, 3-4-5 juin 2019

À 20h

Sur une idée de Yves Decoste

Avec :

Yves Decoste
Soizick Hébert
Marie-Hélène Côté
Roch Jutras
Brigitte Charpentier
Delphine Cézard
Miguel Jalaff
Christian Harel
Peter Snow
René Bazinet

 Regards extérieurs : James Keylon & Philippe Chartrand

  Durée : 2h