Tosca : une magnifique représentation au Metropolitan Opera!

Au cours des dernières années, trois Tosca se sont succédés au Metropolitan Opera. La médiocre production de Luc Bondy a remplacé celle de Franco Zeffirelli. David McVicar nous livre maintenant une Tosca plus traditionnelle dont la première a eu lieu à New-York le 31 décembre dernier. La représentation de la matinée du 27 janvier était transmise en direct via satellite dans plusieurs cinémas à travers le monde.

Le sort s’est acharné sur cette Tosca. Défection de la première distribution, changement de chef d’orchestre une première fois et une seconde en décembre alors que le directeur musical James Levine était congédié du MET pour inconduite sexuelle à trois semaines de la première. Ce qui aurait pu être un fiasco monumental s’avère au contraire une des plus belles productions de cet opéra que j’ai vues.

À Rome en 1800, le peintre Mario Cavaradossi, amant de la chanteuse Floria Tosca, vient en aide à Angelotti, un prisonnier politique en fuite. Scarpia, chef de la police sans scrupule, cherche à le capturer. Il met le peintre aux arrêts et le soumet à la torture. Voulant faire de Tosca sa maîtresse et en connaissance de sa liaison avec Cavaradossi, il lui promet qu’en échange de son amour, son amant aura la vie sauve. Déchirée, Tosca accepte. Lorsque l’ordre de ne pas exécuter son amant est donné et qu’elle reçoit de Scarpia un sauf-conduit, elle le poignarde. Tosca va rejoindre son amant au Château Saint-Ange pour lui annoncer que son exécution sera un simulacre et qu’il doit faire semblant d’être mort. Le peloton est mis en place. Cavaradossi s’effondre. Cette mise à mort factice s’avère être une autre manipulation de Scarpia. Son amant vient d’être exécuté. La garde vient arrêter Tosca pour le meurtre qu’elle a commis. Elle préfère se donner la mort en sautant dans le vide. Ses derniers mots seront « Scarpia, rendez-vous devant Dieu! »

©Metropolitan Opera

Je constate un très bel équilibre au sein de la distribution. Vittorio Grigolo et Sonya Yoncheva forment un couple d’amants passionnés et tout à fait crédibles. Grigolo a toujours le ton juste, la puissance vocale requise. Son jeu est magnifique et généreux. Seul bémol, j’ai l’impression que sa gestuelle est parfois trop poussée. Probablement que ce détail échappe aux spectateurs dans la salle, mais au cinéma lors d’une transmission en HD, précisément dans les gros plans, ça devient parfois agaçant.

Le jeu de Yonchera atteint son paroxysme au deuxième acte dans la confrontation avec Scarpia. Sa voix dans certains passages a la tessiture de celle de Maria Callas qui fût sans doute la plus grande Tosca du 20e siècle. Son aria « Vissi d’Arte » (J’ai vécu d’art) nous déchire l’âme et tire les larmes. Par son jeu, elle habite le silence qui suit l’assassinat de Scarpia. Cette scène à la fin du deuxième acte nous laisse sans mot. Un moment d’une grande intensité.

Malgré quelques réserves au niveau de la voix, Željko Lučić joue un Scarpia machiavélique dont le regard nous glace d’horreur dans certaines scènes, particulièrement dans la confrontation avec Tosca au deuxième acte. Je ne peux pas passer sous silence le merveilleux sacristain de Patrick Carfizzy. Un rôle pourtant secondaire qui a eu un impact important au premier acte. Quel jeu rafraîchissant!

©Metropolitan Opera

Les spectateurs ne réalisent pas toujours tout le travail de mise en œuvre d’un opéra. Les transmissions du MET nous permettent d’assister aux changements des décors, de voir les machinistes s’activer et d’assister aux entrevues avec les artistes et les créateurs. Les décors et les costumes de cette Tosca sont une réalisation de John Macfarlane qui nous a présenté au premier entracte ses recherches et les croquis qu’il a réalisés lors du processus de création.  Je souligne que la terrasse du Château Saint-Ange au troisième acte est une réplique fidèle de ce lieu à Rome. Un travail de recherche dont l’ampleur est autant impressionnante que passionnée!

L’intensité musicale et dramatique de la partition a été rendue de façon extraordinaire par l’orchestre du MET sous la baguette d’Emmanuel Villaume qui a assidûment soutenu tous les protagonistes lors de la représentation. Une mention particulière pour le travail des chœurs dans le spectaculaire « Te Deum » à la fin du premier acte. Un moment à couper le souffle!

Cette Tosca a tous les éléments pour demeurer en place plusieurs années. Souhaitons que Peter Gelb, directeur du MET a pris bonne note que si nous devons actualiser certaines œuvres du répertoire, d’autres comme Tosca, ne devraient pas l’être.

 

via Youtube

Tosca

Opéra en trois actes de Giacomo Puccini (Première mondiale :1900)

Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après la pièce de Victorien Sardou

Distribution: Sonya Yoncheva, Vittorio Grigolo, Željko Lučić, Patrick Carfizzi

Chœur et Orchestre du Metropolitan Opera, New York :  Emmanuel Villaume

Mise en scène : Sir David McVicar

Décors et costumes : John Macfarlane

Lumières : David Finn

Production du Metropolitan Opera, New-York

 

Cinéma Odéon Brossard (Quartier Dix/30)

Transmission grâce à la générosité de Jacqueline Desmarais en mémoire de Paul G. Desmarais.

Reprises : 17 février à 12h55, 26 février à 18h30, 28 février à 12h55

 

3 comments

  1. ppante….Surprise pour l’opéra..AdoréeMise en scène très soignée.Émotivité réussie a me faire pleurer,Musique,,,,Enveloppante….Surprise pour l’opéra..Adorée

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