Troisièmes noces : se méfier des apparences

Voici le topo : Pour financer sa maison et aider un ami qui s’amourache constamment de jeunes immigrantes, un homosexuel bougon récemment veuf (Bouli Lanners) décide de s’embarquer dans un mariage blanc avec Tamara (Rachel Mwanza), une Congolaise de 20 ans rêvant de liberté. Leur habitation forcée attirera évidemment l’attention de deux policiers insistants qui vont tout mettre en oeuvre pour les coincer. Un tel synopsis déclenche de longs soupirs de découragement. Pas encore une romance dégoulinante de bons sentiments qui va remâcher les éternels clichés comiques plutôt que d’approfondir sérieusement un sujet un ne peut plus pertinent et actuel.

Or, ce serait bien mal connaître le réalisateur  belge David Lambert qui, pour son troisième long-métrage, ne s’éloigne pas de son registre de prédilection : le drame. Même si Troisièmes Noces , adapté sur roman du même nom de Tom Lanoye, présente des performances inégales et des scènes burlesques maladroitement assumées qui atténuent la portée dramatique d’un bon nombre d’idées prometteuses, il se dégage néanmoins une rafraîchissante volonté de détruire les codes de la comédie pour simplement offrir une oeuvre profondément humaine et vraie.

Le mélange des genres ne trouve jamais  véritablement sa fluidité. Alors que la transparence avec laquelle est abordée les stéréotypes alliés aux homosexuels et les ridicules règlements liés à l’obtention d’un visa fait sourire, l’apparition de scènes burlesques rappelant un mauvais vaudeville d’été exaspère et casse le rythme. Même si les personnages affichent des psychologies complexes auxquelles il est aisé de s’identifier, le montage et le crescendo des intrigues les font paraître froids. Conséquemment, on se détache graduellement de leur sort, tellement que l’excitation et le choc que nous sommes censés ressentir à la fin du générique ne nous happent pas autant qu’ils le devraient.

Le tandem formé par Lanners et Mwanza s’avère sympathique mais il manque une étincelle pour que cette rencontre improbable marque les mémoires. Mwanza accomplit un boulot honnête, arrivant à mieux transmettre les craintes de son personnage que sa pétillante joie de vivre. De son côté, Lanners vole la vedette. Il esquive la caricature du vieil ours malcommode  en saupoudrant ses répliques d’un naturel invitant qui dévoile tendrement sa bonté cachée. Sa stupéfaction lorsqu’il est confronté à l’hypocrisie familiale qu’engendre son faux statut d’hétérosexuel touche une corde sensible en nous. Dommage que l’ensemble du film ne parvienne à ce résultat. 

Troisièmes Noces est présentement à l’affiche à Montréal au Cinéma Quartier Latin. 

Crédits Photos : Filmoption International