Émile Proulx-Cloutier – Le chanteur supplantera-t-il l’acteur?

Dimanche soir dernier, à la Cinquième Salle de la Place des Arts, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, avait lieu la deuxième et dernière représentation du spectacle de l’acteur, auteur, compositeur, interprète Émile Proulx-Cloutier pour nous présenter son dernier album, intitulé Marée haute.

Pour l’avoir vu une fois en entrevue à la télé lors du lancement de l’album, et à mon grand regret, sans y avoir porté plus d’attention qu’il le fallait, je dois admettre que c’est la curiosité qui m’a poussée vers ce choix de spectacle. Quelle sorte de chanteur l’acteur au grand talent pouvait être? Les commentaires qu’on m’avait faits sur lui à l’effet qu’il était de la trempe de Raymond Lévesque, Félix Leclerc et Charles Aznavour ont attisé ma curiosité. Qu’il soit de leur trempe, à ce moment-ci de cette deuxième carrière qui s’est amorcée vers 2013, j’en doute, mais rien ne dit que dans quelques années, qui sait….

Ses chansons, dont il est l’auteur et le compositeur pour la plupart, sont pour la majorité de belles poésies qui nous amènent vers le rêve, mais avec une dose de réalisme et d’émotions, alors que certains de ses monologues de présentations frôlent parfois l’absurde. Certaines appellent une interprétation en mode “rap”, mais grâce au lyrisme qui y est contenu, le rythme s’en trouve allégé.

© Stéphane Couturier / Éklectik Média

Mon coup de cœur toutefois fut son adaptation de la chanson Mommy popularisée par Pauline Julien, et que j’avais réentendue justement la veille dans La Renarde. Il l’a adaptée avec une nouvelle histoire, portant sur un problème de communication entre un p’tit bonhomme d’Amos qui parle français, alors que son arrière-grand-mère ne parle que l’algonquin et dont une petite partie a été traduite dans cette langue. Je suis certaine que messieurs Marc Gélinas et Gilles Richer approuvent cette réécriture.

Ses mélodies ont un petit quelque chose de difficile à définir, mais qui lui appartient, qui lui est propre, surtout celles qui sont tout en douceur, telles que Kid et Retrouvailles par exemple.

© Stéphane Couturier / Éklectik Média

Petite valise n’est pas trop mal, alors que Le pas si léger n’est certainement pas sa meilleure. Sa pièce Derniers mots est bien, mais le monologue qui a précédé cette présentation m’a fait mourir de rire avec ses jeux de mots. Il a un super bon sens de l’humour ! Il semble avoir son propre public, car la salle était bondée, tel que c’était indiqué, et les gens applaudissaient en masse après chaque prestation, sachant dès le début ce qui s’en venait. Pour la première fois, on lui a même remis un bouquet, avec lequel il ne savait pas trop quoi en faire, c’était trop drôle.

En somme, je ne considère pas avoir perdu ma soirée, car j’ai quand même pu satisfaire ma curiosité et suis maintenant en mesure de penser que le chanteur ne dépassera probablement pas l’acteur, mais du moins s’en approchera-t-il?

Crédit de la photo de couverture : © Stéphane Couturier / Éklectik Média