1991: la dolce vita façon Trogi

Après 1981 et 1987, Ricardo Trogi conclut sa trilogie de films coming of age qui se basent sur sa propre vie et les situations délicieusement rocambolesques et (presque) invraisemblables qui en découlent avec 1991. À l’affiche depuis le 25 juillet, ce volet fort attendu ne déçoit pas ses admirateurs qui n’ont pas tardé à le rendre millionnaire au box-office québécois. Le résultat s’avère à l’image des deux premiers opus : divertissant, pétillant, hilarant mais avec un aspect conventionnel qui finit par lasser.

Après avoir traversé les méandres de la puberté et tenté en vain d’ouvrir une discothèque pour adolescents, Ricardo Trogi (Jean-Carl Boucher), maintenant étudiant en cinéma à l’UQÀM, délaisse le Québec le temps d’un voyage en bus en Italie afin de rejoindre, à sa demande,  l’objet de tous ses désirs : Marie-Ève Bernard (Juliette Gosselin). Évidemment, le tout ne se déroule pas aussi rondement qu’un tour de gondole à Venise. Les malchances et revirements s’enchaînent et impliquent toutes sortes de personnages dont des policiers peu sympathiques, un colocataire coureur de jupons (Mamoudou Camara), des sans-papiers et un voyageur à l’esprit libre (Alex Nachi).

On ne s’ennuie pas véritablement pendant 1991. Les paysages, efficacement filmés, coupent le souffle. Le périple donne envie agripper son sac à dos et partir vers l’inconnu pour se découvrir et déguster des croissants européens! Grâce à un montage rythmé et des clins d’œil rafraîchissants au cinéma des années 30, Ricardo Trogi parvient à faire sourire les cinéphiles et leur faire oublier leurs soucis temporairement.

La narration hors-champ du réalisateur charme encore. Son texte semble sincère, c’est pourquoi il fait tant sourire. Jean-Carl Boucher tient le film sur ses épaules. Il interprète un Trogi sensible qui essaie tout simplement d’être heureux dans cette existence remplie de contradictions. Le naturel de l’acteur, son charisme inexplicable et son investissement rendent le personnage profondément attachant et captivant. Sa performance fait même pardonner les intrigues qui s’étirent. Bien que le scénario renferme des protagonistes, une candeur et un humour irrésistibles, force est de constater que la formule ne propose plus rien de bien nouveau.

Dans cette quête comique pour trouver la femme de la vie de Ricardo, les acteurs personnifiant les personnages secondaires tirent admirablement leur épingle du jeu. Bien sûr, Sandrine Bisson se démarque encore dans le rôle de la mère. Ses interventions téléphoniques hystériques donnent des crampes dans les joues. L’actrice trouve constamment le ton juste dans la caricature, ce qui s’avère loin d’être une tâche facile. Juliette Gosselin incarne avec brio l’image de la jeune femme pétillante et féministe qui s’émancipe maladroitement. Alex Nachi , quant à lui, fait preuve d’un envoûtant je-ne-sais-quoi qui nous pousse à vouloir le voir davantage dans des productions d’ici.

Évidemment, puisque l’engouement du public ne s’estompe pas, la porte n’est pas fermée pour un quatrième volet. Si un 1994 ou 1996 vient à voir le jour, ce serait intéressant que, pour pimenter l’univers, Trogi nous entraîne davantage dans les coulisses de sa carrière cinématographique,  explorer une autre sorte d’amour de sa vie , quoi!

Crédits Photos : Les Films Séville

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