Jain : festoyer avec une véritable souldier!

Le Québec l’a découverte avec le succès radiophonique Come en 2015, et n’a pas arrêté d’être sous le charme de Jain depuis. Chaque fois qu’elle se produit au Québec, que ce soit en salle ou dans des festivals, elle affiche complet…ou presque! Son passage d’hier et d’aujourd’hui au MTELUS de Montréal ne fait pas exception. De son vrai nom Jeanne Louise Galice, l’autrice-compositrice-interprète, devant une foule absolument déchaînée et obéissante, défend toujours aussi bien sa réputation de bête de scène.

Originaire de Toulouse, l’artiste de 27 ans offre de la pop accrocheuse fortement influencée par les rythmes africains, le hip-hop, la dance et le reggae. Parfaitement à l’aise dans cette macédoine de styles, elle se laisse complètement imbibée par son univers, sautant et courant d’un bout à l’autre de la scène tout en intégrant d’élégantes chorégraphies d’inspiration indienne. Sa joie contagieuse donne instantanément envie de sourire. Naviguant dans ses deux albums, Zanaka (2015) et Souldier (2018), pour interpréter autant les trésors cachés que les hits comme Makeba, elle parvient à accroître la satisfaction de l’auditoire de pièce en pièce. L’atmosphère festive, appuyée par de colorés éclairages dynamiques et de magnifiques projections animées (Jain a étudié en graphisme, et ça parait!), ne s’estompe à aucun moment.

Jain ne s’accompagne pas de musiciens, mais d’une console qu’elle contrôle elle-même, tendance que nous a également proposé récemment Eddy de Pretto avec son fidèle compagnon mobile. Ce choix artistique courant bonifie l’aspect DJ du spectacle, ce qui s’avère un couteau à double tranchant. Le désir de danser intensément se voit certes augmenter, mais il en est tristement de même pour l’impression d’écouter les albums à la maison. Le charisme indéniable de Jain compense, mais cette décision crée parfois un vide et porte préjudice à sa voix.

Si la chanteuse exécute de très jolies notes sur l’excellent tube Alright, on peut quelquefois constater son manque de souffle, surtout quand les voix hors champ enregistrés l’enterrent. Il faut attendre la neuvième piste, Dream, pour savourer un moment acoustique vraiment enlevant qui prouve l’importance de véritables instruments sur scène. Ceci dit, soulignons la précision chirurgicale (sauter et chanter au bon changement de  la mélodie, par exemple) que cette utilisation technologique demande à Jain qui réussit  avec brio son souhait le plus cher de faire danser la salle entière.

Troquant la robe noire à col claudine de l’époque de Zanata pour une combinaison ouvrière bleue, l’artiste française distancie volontairement son style vestimentaire aux clichés reliés à son identité musicale, et cela permet au public de demeurer fasciné par son inspirante liberté. Elle s’abandonne totalement à son art, comme le démontre son imitation de zombie lors de la livraison de la chanson du même nom, ce qui force incontestablement l’admiration.

L’instant marquant du concert vient en fin de parcours sous la forme de la tornade qu’est le titre Come, celui qui a fait connaître l’interprète internationalement. Armée une seconde fois de sa guitare et ajoutant un shaker à la performance, la chanteuse enregistre les voix de l’audience afin qu’elles s’intègrent au morceau. Une idée franchement fabuleuse qui, en plus de réjouir passionnément les admirateurs, illustre tout le potentiel de l’artiste. Des numéros comme celui-là, le spectacle doit en regorger!

Bref, malgré quelques défauts, la présence scénique explosive de Jain ainsi que sa foisonnante créativité réchauffent cette grisaille printanière qui ne finit pas.

Crédits Photos : Courtoisie