Hier soir, dans l’intimité du Quai des Brumes sur St-Denis à Montréal, là où sa carrière et celles d’une panoplie d’artistes québécois dont Les Colocs ont été propulsées, France D’Amour a fait deux pierres d’un coup : elle a donné le coup d’envoi à la 33e édition de Coup de Cœur Francophone ET a lancé son treizième album en carrière qui paraîtra demain, D’amour et rock’n’roll , qui est rempli de ritournelles accrocheuses tantôt jubilatoires tantôt tristes.
Nouvellement chez Musicor, l’autrice-compositrice-interprète effectue un retour assumé à un son plus rock mêlé à des influences pop qui donne un joli croisement entre ses albums Déchaînée et Hors de tout doute tout en proposant un résultat actuel. Même si elle a l’habitude des spectacles et des lancements, casser des compositions inédites apporte toujours son lot de fébrilité et de nervosité, et elle ne l’a pas caché. Honnête et humble, la chanteuse a remercié son public fidèle et bien entassé de donner une chance à ce disque encore méconnu.
Après avoir pris le temps de saluer tout sourire quelques spectateurs, elle est embarquée sur la minuscule scène avec une énergie endiablée. Avec son humour et son attitude décontractée légendaires, France D’Amour a rapidement fait résonner sa puissance mélodique et vocale qui saisit toujours autant. Entourée d’un trio de musiciens chevronnés (Jason Lang, Samuel Harrison et Patrick Lavergne), elle a débuté, d’une voix claire et totalement maîtrisée, avec la pièce titre de l’album et The love call. Le party était déjà levé et le public intrigué.
Question de maintenir cet entrain, des succès comme Je n’irai pas ailleurs, Animal, Ailleurs et Mon frère se sont glissé au grand bonheur de la foule qui scandait les paroles avec une telle fougue que la principale intéressée, malgré sa foisonnante carrière, était sincèrement abasourdie par cette foudroyante vague d’amour. En plus de démontrer la pertinence de la discographie de l’interprète, l’ordre des chansons était fluide et entrainant à souhait.
En ce qui concerne D’amour et rock’n’roll, certains morceaux se sont démarqués. Non c’est non, qui a été écrite en 1990 mais qui prend son envol en 2019 grâce au mouvement #MeToo, traite bien entendu du consentement sexuel et de l’importance d’imposer ses limites, mais l’artiste a efficacement transposé la phrase dans un contexte plus général et hilarant en chantant qu’il faut également dire non aux hausses d’impôts, aux attentes de plus de cinq heures à l’urgence et aux cônes orange. La touchante T’étais mon père, qui est un hommage à son père disparu, était tellement empreinte de sincérité qu’elle risque de trouver écho auprès d’un large auditoire dans les mois à venir.
La préférée de l’artiste sur l’album, Les bleus sur mon cœur, ainsi que le premier extrait Fil conducteur (et son riff de guitare presque hypnotique) ont illustré tout le magnétisme captivant que dégage l’artiste depuis plus de 25 ans. Introduisant Le bonheur te fait de l’œil en admettant qu’il faut décider d’être de bonne humeur avant de l’être, France D’Amour a inspiré avec son attitude positive et farouchement authentique. Ça a fait du bien en ce froid jeudi de première neige!
Concept déjà utilisé dans ses spectacles précédents mais qui met efficacement en lumière le talent de ses musiciens, Musiciens Idol a offert d’intenses solos musicaux allant de U2 à Nirvana en passant par The White Stripes. Enfin, l’incontournable Vivante, une fusion extraordinaire de rock pur et dur et de jazz vintage, a magnifiquement conclu ce lancement qui laisse présager une tournée des plus enivrantes. Tous les détails ici.
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média