Marie-Josée Lord et Hugues Cloutier, un duo imbattable

Le 25 février dernier avait lieu, à la Salle Bourgie du Musée des Beaux Arts de Montréal , la  seule et unique représentation du concert Poèmes, prières et béatitudes de cette soprano à la voix d’ange, la belle Marie-Josée Lord, accompagnée au piano du  non moins talentueux Hugues Cloutier.

Un concert qui nous en a fait voir de toutes les couleurs tant au point de vue émotif, visuel qu’auditif. Un concert qui, à mon avis, demeurera longtemps en mémoire de tous les spectateurs qui avaient, comme moi, le bonheur d’y assister et de frissonner à l’écoute de cette belle carte qui nous était offerte.

Tout d’abord, la première partie a été consacrée à des airs francophones qualifiée par Marie-Josée Lord elle-même de partie cérébrale. Nous avons donc entendu de Henri Duparc (1848-1933) trois mélodies intitulées Chanson triste (1868) sur un poème de Jean Lahor, L’Invitation au voyage (1870) sur un poème de Charles Beaudelaire et finalement  La Vie antérieure (1884), également de Charles Beaudelaire. Trois superbes pièces qui mettaient en valeur la magnifique voix de Marie-Josée, des chansons qui on aurait pu penser avaient été écrites spécialement pour elle tellement elle a bien su se les approprier.

Par la suite, de Ernest Chausson (1855-1899) ce fut le Poème de l’amour et de la mer, op. 19 (1882-1890) qui comprenait La fleur des eaux, Interlude et La Mort de l’amour. Une performance exceptionnelle de part et d’autre, à nous faire frissonner tant la musique est mélodieuse, harmonieuse et douce. Le pianiste a bien su la mettre en valeur. Par moment, de par son interprétation, si on se fermait les yeux, on avait l’impression que Marie-Josée était accompagnée par quatre mains.

Après la pause, nous avons traversé l’océan pour se retrouver à New York et écouter quelques œuvres du contemporain Leonard Bernstein (1918-1990) dont des extraits de I Hate Music (1943) : My name is Barbara, Jupiter Has Seven Moons, I Hate Music! A big Indian and A Little Indian et I’m A Person Too. Avec ces extraits, nous avons pu faire connaissance avec le côté ado tannante de Marie-Josée, un rôle qu’elle réussit très bien à jouer grâce à sa polyvalence. Puis, nous avons pu l’entendre dans deux extraits de West Side Story, notamment Somewhere qu’elle a rendu de merveilleuse façon.  Puis, ce fut le tour de Summertime pour nous réchauffer le cœur. Par la suite, l’extrait de Porgy and Bess de George Gershwin a été rendu de façon magistrale.

Comme dernier volet de ce dernier concert, ce fut quatre airs de spirituals qui nous ont donné la chair de poule, soit par leur histoire ou l’émotion qu’a su démontrer Marie-Josée par ses interprétations monumentales. Je n’entendrai plus jamais Amazing Grace de la même façon, de même que He’s got the Whole World in His Hand.  Quand aux deux autres chansons qu’elle nous a présentées, Sometimes I Feel Like a Motherless Child ainsi que Couldn’t Hear Nobody Pray, elles ont su impressionner le public qui n’a pas manqué de l’applaudir à plusieurs reprises et lui offrir une forte ovation à la fin.

En somme, un concert qui nous a fait découvrir des petits côtés de Marie-Josée Lord que nous ne connaissions pas, une sensibilité hors de tout doute, un talent exceptionnel pour exprimer ses émotions hors du commun et sa voix extraordinaire! Sans oublier son accompagnateur, le pianiste Hugues Cloutier, pour qui ce fut un sans faute.