Dans le cadre de la série L’éveil des sens de sa programmaton 2019-2020, I Musici recevait, le 5 décembre dernier, le chef d’orchestre et altiste Maxim Rysanov. Ce concert était présenté à la Salle Urgel Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal. Nous avons eu le plaisir d’y assister.
Maxim Rysanov , né en Ukraine en 1978, mène une carrière incroyablement occupée en cumulant souvent les fonctions d’altiste et de chef d’orchestre. Il bénéficie, grâce à la générosité de la Fondation Elise Mathilde, de pouvoir s’exécuter sur un alto Giuseppe Guadagnini (1780).
Pour son concert de jeudi, Maxim a choisi de nous offrir un programme des plus variés et des plus exotiques. Tout d’abord, de B. Britten (1913-1976), il a choisi Lachrymae: Reflections on a Song of Dowland, une pièce datant du début de la période contemporaine que le chef a dirigée d’une main de maître tout en s’exécutent sur son alto. On se demandait parfois s’il ne dirigeait pas avec sa tête et ses yeux tellement il était fascinant à regarder. Cette pièce a été suivie d’une autre que Britten a composée alors qu’il avait à peine dix-neuf ans et pour laquelle Maxim a choisi de ne porter que le chapeau de chef, qui lui allait également à merveille, nous permettant ainsi d’observer et de découvrir une gestuelle qui lui est propre, pour ne pas dire exclusive. Cette piéce, une petite merveille, était intitulée Sinfonietta, op. 1.
Après l’intermission, la séquence s’est continué avec une oeuvre de Sergei Akhunov, né en 1967 en Ukraine lui aussi, titrée Largamente resoluto. On a pu aussi entendre une composition de la Bulgare Dobrinka Tabakova, un hommage à Schubert qu’elle a appelée Fantasy Homage to Schubert, une inspiration direct à la Fantaisie en Do majeur D.934 pour violon et piano. Du Schubert servi à la moderne. Une association incongrue , mais qui a donné un fort beau résultat. Qui sait si ce n’est pas quelque chose que Schubert aurait écrit lui-même s’il avait vécu à la présente époque? Poussons même un peu plus loin… qui nous dit que Tabakova n’est pas sa réincarnation?! Cette oeuvre est un peu plus mélodieuse que ce qui nous est normalement donné d’entendre en musique contemporaine.
Pour finir, Rysanov a dirigé I Musici dans l’interprétation d’une composition de Schubert envers qui il voue une admiration toute particulière, et c’est sur la Symphonie no. 5 en si bémol majeur, D. 485 que son choix s’est arrêté, un symbole de la musique classique/romantique qui nous a tous émerveillés.
Nous avons pu apprécier un homme au charisme exceptionnel grâce aux chapeaux qu’il porte, mais surtout grâce à sa façon d’être, au plaisir qu’il ressent d’être là et à l’admiration qu’on pouvait lire chez les musiciens.