Le vent qui roule un cœur sur le pavé des cours, un ange qui sanglote accroché dans un arbre, la colonne d’Azur qui entortille le marbre font ouvrir dans ma nuit des portes de secours.
C’est avec cette citation de Jean Genet que la Présidente d’honneur du Festival Montréal en lumière nous ouvre les portes d’En vérité, son tout nouveau spectacle.
Isabelle Boulay ne se considère pas comme une chanteuse à voix, mais plutôt comme une interprète réaliste. C’est donc dans sa propre réalité que l’artiste nous fait traverser, pendant 90 minutes, les époques ainsi que les genres musicaux qui l’accompagnent depuis toujours.
Mon amour (la supplique) et Toi, moi, nous , écrites et composées par Benjamin Biolay, sont les deux premiers titres qui donnent le ton au spectacle, suivis d’un tour dans le passé avec la chanson Jamais assez loin car, oui, ce qu’Isabelle veut avec certitude, c’est de laisser nos cœurs voler. Le train d’après, Nashville et Voir la mer , pièces de son opus En Vérité, prennent également magnifiquement vie sur scène.
Dans un décor teinté de lumières rouges, Isabelle, avec un italien plus que parfait, nous emporte dans Una Storia d’Amore du rappeur Lorenzo Jovanotti où elle nous dévoile sans modération la nature de son spectre vocal. Chaque phrasé donne une dose supplémentaire de sensualité non seulement grâce à son timbre de voix, mais aussi par l’écho de ses talons frappant la scène. Cette reprise est sans aucun doute l’un des moments forts du spectacle.
La chanteuse vient d’un milieu ouvrier qui lui tient particulièrement à cœur, et quoi de mieux pour rendre hommage à celui-ci en interprétant Les mains d’or de Bernard Lavilliers ?! En prenant soin de laisser toute la place à ses musiciens au devant de la scène, elle s’éclipse après le titre pour mieux nous revenir avec la touchante Mieux qu’ici-bas suivie de Et mon coeur en prend plein la gueule , extrait de son tout premier album Fallait pas .
Coucou Isabelle, il peut ici à Paris. La chanson est un peu rapide mais si tu l’aimes, tu peux la ralentir. L’interprète nous partage l’enregistrement de Carla Bruni qui accompagnait le titre Le garçon triste qu’elle lui a écrit , et qu’Isabelle nous propose dans un doux et magnifique guitare-voix. Dans le même esprit, Isabelle parcoure une nouvelle fois les mots de Serge Reggiani avec la pièce Ma fille.
Ayant grandi dans le restaurant de ses parents, l’artiste a pu observer beaucoup d’âmes en peine, et elle s’est promis de ne jamais juger personne, et c’est là que s’en suit l’hymne à la tolérance Si tu me payes un verre dont elle en vit pleinement chacun des mots en y ajoutant même une note d’intensité lorsqu’elle laisse son pied de micro claquer sur les planches du Théâtre Maisonneuve. Elle termine joliment cet hommage en déclarant, les yeux au plafond, : Merci Serge Regiani!
Dans son adolescence, l’amoureuse des mots que l’on connaît a également écouté beaucoup de Heavy Métal dont notamment le groupe Scorpions. Isabelle Boulay qui reprend Still loving you , c’est tout simplement un cadeau du ciel!
18 années se sont écoulées depuis la sortie de Parle-moi , et pourtant elle la chante encore comme si c’était hier. C’est avec cette chanson qu’Isabelle laisse le public et revient en guise de rappel avec les titres Entre Matane et Bâton rouge et l’une des plus belles chansons sentimentales Won’t catch me crying de Willie Nelson.
Pour terminer, la chanteuse nous présente la chanson titre de son dernier album En vérité dont la sienne mérite grandement d’être entendue.
Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média