Le Prénom clôt la saison automnale de Duceppe dans un grand éclat de rire. L’occasion de retrouver la version québécoise de la pièce à succès, acclamée en salle depuis déjà une décennie.
Cette comédie grinçante offre un pur moment de divertissement avec des personnages minés par leurs préjugés, peu enclins à s’écouter, et qui s’embrouillent sur presque tout. Ajoutons à cela quelques quiproquos et l’ambiance devient explosive.
Sur scène, Vincent est attendu chez sa sœur pour un souper familial. L’arrivée de son bébé est au centre de l’attention, à commencer par le choix de son prénom. Cela devient même un jeu où chacun tente de le deviner. Quand le futur papa se décide enfin à le dévoiler, une violente dispute éclate. Cette onde de chocs parasite non seulement la soirée, mais provoque aussi un étonnant règlement de comptes.
Grâce à son texte corrosif, Le Prénom s’affranchit du politiquement correct. Ici, pas question d’épargner l’autre. On verbalise tout ce qui nous passe par la tête sans le moindre filtre. Tous les coups sont alors permis pour piquer, blesser ou crier sa rage.
LE PRÉNOM DE LA DISCORDE
Karine Gonthier-Hyndman (Élisabeth) est pétulante en mère-épouse écrasée par sa charge mentale. Son interprétation passe de la douceur à l’hystérie avec une redoutable efficacité, dont un mémorable pétage de coche. À ses côtés, François-Xavier Dufour (Pierre) est un intello-bobo dépourvu d’empathie.
Face à eux, Mikhaïl Ahooja (Vincent) joue un frère baveux immature et Noémie O’Farrell (Anna) une nunuche au tempérament de feu. Quant à Benoit Drouin-Germain (Claude), il campe un musicien un peu simplet, assorti du sobriquet de « pipe enchantée ».
La chimie des comédiens est la principale force de ce huis clos théâtral. Leur synergie joue sur les clichés et autres faux-semblants dans une joute verbale caustique. On assiste à une véritable scène de ménage où les personnages s’engueulent et parlent forts. Le décor renforce d’ailleurs l’impression d’intimité, brisant au passage le quatrième mur avec les apartés d’un narrateur-personnage.
Le Prénom repose sur un comique de situation avec un formidable sens de la répartie. Durant 1h50, le public est pris dans une succession de dialogues qui tirent à boulets rouges sur les conventions sociales. Quand ces dernières volent en éclats, elles libèrent un fiel trop longtemps contenu.
Toute ressemblance avec la réalité n’est donc pas fortuite, la pièce permettant au public de se reconnaître, voire de se livrer à un examen de conscience. Fort de ses 70 000 spectateurs, Le Prénom continue à séduire son public, grâce à sa satire des relations humaines. Une comédie de mœurs acidulée que l’on prend plaisir à (re)voir, car on aime se moquer de ce qui nous ressemble.