La série de huit épisodes Lac-Noir est maintenant disponible en rafale sur le Club Illico. Cet hybride entre enquête policière et découvertes paranormales permet à la comédienne Mélissa Désormeaux-Poulin de non seulement renouer avec le réalisateur Frédérik D’Amours, avec qui elle a tourné la comédie pour adolescents À vos marques…Party!, mais aussi de défendre un rôle principal qui la sort définitivement hors de sa zone de confort…Voici ce qu’elle avait à nous dire sur ce personnage de Valérie Roberge.
Est-ce que tu penses que Lac-Noir est une série qu’on doit regarder en rafale ou qu’on doit prendre le temps d’écouter un épisode à la fois ?
Si on est curieux, je pense que c’est le fun d’écouter ça en rafale, mais si on veut étirer le plaisir et qu’on veut y réfléchir, je pense qu’il faut l’écouter une fois par semaine.
L’atmosphère est très mystérieuse, les lieux sont sombres, la musique est stressante et on sent bien la tension. Quelles ont été vos astuces pour maintenir cette atmosphère-là tout au long du tournage ?
Tout se passe dans la lenteur, c’est vraiment en prenant le temps de tout faire. Je suis une petite Speedy Gonzales dans la vie, donc Fred est toujours en train de me dire qu’il faut vraiment que ça soit plus lent! C’est comme ça qu’on installe une atmosphère mystérieuse, et j’ai appris ça en tournant Lac-Noir. C’est vraiment dans la lenteur qu’on installe le suspense, la peur et l’intrigue.
C’était donc un beau défi pour toi ?
Ah mon Dieu, oui! Et à plein de niveaux! Il faisait extrêmement chaud et on était en pull. On se faisait courir après, on risquait de mourir constamment et on devait maintenir cette tension-là et ne jamais l’oublier. Pis moi, je pense que j’avais le personnage le plus simple à jouer, dans le sens que je joue un peu l’œil du spectateur. Je rentre au Lac-Noir , puis je le découvre en même temps que le public. En fait, il le découvre en même temps pour moi. Fait que, sans rentrer dans les détails, j’avais quand même moins de défis que peut-être d’autres acteurs.
Est-ce que tu penses que c’est avec ce personnage-là que tu as plus travaillé les silences ?
Complètement! J’adore les silences! Je les trouve pertinents. Pour moi, le silence et la lenteur vont un peu en même temps, car tout se passe dans les manipulations. Quand je regarde des films, j’adore ça ne pas me faire tout dire. J’aime ça quand ça ne parle pas tout le temps, donc c’est vraiment le fun à jouer, et c’était vraiment le fun à faire sur Lac-Noir.
On voit justement un peu dans les silences que ton personnage cacherait peut-être quelque chose de lourd de son passé. On dirait que c’est quelque chose qui est vraiment rendu caractéristique dans les séries policières que le personnage principal doit toujours avoir une vie misérable. Est-ce qu’on ton personnage va rester dans la noirceur ou les spectateurs pourront voir un peu de lumière ?
C’est drôle parce qu’elle n’est pas si noire que ça. Elle reprend le travail après un accident qui est arrivé, et c’est ça qui fait qu’elle va à Lac-Noir en campagne. Elle veut être relaxe. Elle veut se détacher de l’action de la ville. Finalement, ce n’est pas ça qui va arriver. En plus, je te dirais qu’on n’est vraiment pas dans la pauvre policière qui a vécu quelque chose d’intense, au contraire on se demande si elle va survivre! On est pas du tout dans dans son passé, mais t’as raison, je pense que la noirceur, c’est pour donner un moteur au personnage. Souvent, c’est ce qui arrive, c’est pour que le personnage soit habité de quelque chose. Dans ce cas-ci, on ne va pas s’intéresser à ça.
Qu’est ce qui t’as fasciné dans le travail des maquilleurs pour cette série-là ?
Mon Dieu! La patience et la précision! C’est extrêmement long! On parle de maquillage de 6 heures puis on parle de démaquillage de 3 heures, donc c’est très intense. Ce sont des passionnés ces maquilleurs-là! Il y a Adrien Morot qui a confectionné des choses, mais il y a aussi Bruno Gatien avec qui j’ai eu la chance de travailler tout de suite après sur un autre projet. C’est un grand artiste, il fait des grandes choses. Les deux sont des patients, des minutieux et des inventifs. C’est très impressionnant de les voir faire.
Ça doit aussi demander de la patience pour toi de rester plusieurs heures sur une chaise …
Ouais, mais ça fait partie de la préparation du personnage.. C’est tellement payant à l’écran quand on se fait transformer qu’on accepte que ça peut être long.
Cette série-là, ça fait longtemps que Frédérik D’Amours l’a en tête. Il t’en parlait même pendant le tournage d’À vos marques…Party!. Est-ce qu’il te voyait tout de suite dans le rôle principal ?
En fait, quand on a fait À vos marques…Party!, il me parlait de sa passion pour les films d’horreur et pour les films de genre, mais on ne savait pas ce moment-là qu’on allait faire ça. Quatre ans plus tard, on va souper ensemble et il me parle de cette série-là qui a en tête et pour laquelle il aimerait que je sois le personnage principal. Donc, à partir de là , je lui ai dit que ça me tente, mais il n’y avait pas de suite. J’ai fait ma vie et il a fait la sienne, et finalement on a eu un go juste avant Noël. Pour Fred, ça a toujours été moi qui allait incarner Valérie, et ça, c’est vraiment le fun parce que ça prouve qu’il avait une confiance envers moi.
Comme il y a beaucoup d’effets spéciaux, est-ce que tu as dû jouer devant des écrans verts et t’imaginer des personnages ?
Zéro, parce que tout est suggéré. Ce qui va nous faire peur, on ne le voit pas souvent, au contraire. Il y avait aucun fond vert, on était tout le temps dans de vrais endroits.
Quels ont été les défis de tourner dans une forêt ?
C’est peut-être rushant un peu, on se faisait piquer, il y avait de la bibitte, mais pour faire ce genre de projet-là, tu te dois d’accepter ça. L’équipe était tellement enthousiaste de faire ce projet qu’il n’y avait personne qui chialait, même quand on tournait de nuit. Puis, le soir, on tournait loin de chez nous, à Wentworth-Nord, mais, pour moi, ce ne sont pas des conditions difficiles.
Il y a une belle relation mère-fils avec Anthony Terrien qui joue ton fils dans la série. Comment avez-vous travaillé ce lien-là ?
On est plus ou moins mère-fils, on est plus comme amis. C’est ça qu’on a établi, Anthony et moi. Oui, je suis sa mère, mais ils sont très proches, très complices. J’ai souvent eu à jouer ce genre de mères qui n’est pas nécessairement une vraie mère. Puis, le fils a pris un peu le rôle du mari dans le sens qu’il protège sa mère, il en prend soin parce qu’elle a été mal en point. Fait que c’est une relation où ils sont tout le temps en symbiose, mais pas malsaine. Anthony, je ne le connaissais pas comme comédien. Il a l’air de 23 ans mais, dans son cœur, il a 4 et 10 ans! C’est aussi quelqu’un qui a compris ben des affaires à son jeune âge.