Le 10 octobre, à la Cinquième Salle de la Place des Arts, avait lieu le lancement de l’album Stradivarius BaROCK du virtuose du violon Alexandre Da Costa, qui a servi avec modernité des œuvres de la période baroque. En effet, Alexandre Da Costa s’est souvent demandé ce que les compositeurs de cette époque-là, Vivaldi, Bach, Beethoven et Pachelbel , auraient pu faire avec toute la nouvelle technologie développée jusqu’à maintenant. Probablement des merveilles. C’est ainsi qu’est née l’idée de produire un opus qui revisiterait ces différents classiques. Il a donc formé son groupe rock avec Taurey Butler (piano et clavier), Éric Lagacé (contrebasse et basse électrique) et Wali Muhammad à la batterie. Ensemble, ils ont participé à l’enregistrement de ce nouvel album et s’accompagnent sur scène pour différentes prestations dans le cadre de ce projet audacieux et particulier. Nous savons tous qu’Alexandre a le privilège et le bonheur de s’exécuter sur un Stradivarius de 1701 appartenant aux Deveault.
Le concert s’est donc amorcé sur la Toccate & Boogie de Jean-Sébastien Bach, avec la participation spéciale de l’inimitable Gregory Charles au piano. Toute une Toccate! Une forte ovation fut donnée à ces deux complices lors de leur entrée sur scène. Une œuvre que Grégory et Alexandre ont arrangée pour les besoins de la cause, en 45 minutes. Cet arrangement qui vous restera en mémoire très longtemps, surtout si vous vous procurez l’album, qui est maintenant disponible sur toutes les plateformes numériques. Cette Toccate fut suivie d’une Fugue , également de Bach, qu’Alexandre a intitulée G-String Air et au cours de laquelle personne n’aurait osé fuguer. Une autre belle surprise nous attendait, la visite de Bruno Pelletier qui nous a chanté un poème de Richard Desjardins tout en étant accompagné par le groupe rock qui jouait une cantate de Bach, Simplement que ma joie demeure. Un moment de musique inoubliable, à faire frissonner même les plus indifférents. On pouvait aussi sentir le beau lien d’amitié qui existe entre les deux.
L’effet de la contrebasse avec son son un peu jazzy donnait beaucoup de tonus aux différentes pièces interprétées. Puis en “première mondiale”, Les Canons et non LE Canon de Pachelbel, une pièce à laquelle il a su donner toute la grandeur qui lui revenait. Avec la touche de batterie en arrière, l’effet était incroyable. C’est avec La Chaconne de T.A. Vitali qu’Alexandre Da Costa a choisi de clore cette premières partie consacrée aux compositeurs classiques, laquelle fut interprétée avec, par moments, des touches de jazz extrêmement douces. Durant ces notes, on pouvait entendre le beat du Boléro de Ravel, et ce, toujours grâce à la complicité Wali Muhammad. La deuxième partie fut plus Rock’N’Roll avec la guitare électrique au lieu de la contrebasse, et avec l’ajout au piano d’un clavier, tout pour nous donner l’illusion que nous étions à un concert Rock de Queen!
Avec à l’occasion une légère touche de jazz, le tout a débuté avec un Adagio de T. Albinoni qui aurait pu être un beau slow à danser avec le bon ou la bonne partenaire, On a aussi voulu rendre un hommage à Maurane avec Jazzy Maria sur un Prélude de Bach et l’Ave Maria de Gounod. Même si c’est quelque chose que l’on savait déjà, mais un pareil arrangement nous fait réaliser davantage qu’en musique, rien n’est impossible. Comme Alexandre n’a rien à son épreuve, il nous a donné le goût du swing avec son Reel du diable. Un réel sur un Stradivarius, fallait le faire! Il nous a aussi amené dans le monde plus contemporain de la musique, et aussi plus rock avec son Show must go on de Queen et Manic Depression de Jimi Hendrix, mais ce n’était pas du tout déprimant, surtout avec les lumières qui suivaient le rythme de cette mélodie. Un des beaux moments de cette partie fut lorsqu’il nous a entamé sa version »violonée » de Dance Me to the End of Love de l’immortel Leonard Cohen, une variation qui aurait certainement plu à Monsieur Cohen. Comme Alexandre l’a si bien dit lorsqu’il nous a présenté cette pièce, cette mélodie frappe notre imaginaire montréalais. Il a mis fin à son programme régulier avec le Hard Summer de Vivaldi, mais en version plus rockée, bien évidemment, à laquelle Vivaldi aurait probablement adhéré.
Puis, ce fut les salutations et les salves d’applaudissement suite auxquelles il est revenu avec une petite jasette et nous a demandé s’il nous plairait de revoir et réentendre son ami Bruno Pelletier qui a accepté, avec plaisir, de nous bercer sur sa version de l’Ave Maria de G. Caccini. Lequel, chanté à la façon de Bruno Pelletier et les arrangements spéciaux pour l’occasion, était un pur plaisir pour les oreilles. Du bonheur! Pour finir tout en beauté, quoi de mieux que l’Allelujah de cet icône à qui nous devons tant de belles chansons, Leonard Cohen? Encore une fois, il a visé juste avec un tel choix. On peut dire d’Alexandre Da Costa qu’il représente à merveille autant la génération baroque d’il y a 250 ans que la génération rocker d’aujourd’hui. Il est un autre beau cadeau de la vie!
Alexandre Da Costa sera de retour au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, le 20 avril 2020, et les billets sont présentement en vente Ici!