L’illustre Alain Choquette nous présentait, hier soir, son tout dernier spectacle, « La mémoire du temps », au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Le prestidigitateur de renommée internationale subjugua son public, lors de cette Première montréalaise, et nous n’en attendions pas moins de la part de l’artiste d’expérience.
Avec, derrière lui, une carrière fructueuse d’une durée de 35 ans, c’est un dernier tour de piste que nous offre maintenant Choquette en nous faisant cadeau d’une heure quarante-cinq (sans entracte) de magie interactive et unique. Le maître de l’insaisissable nous fait prendre conscience du temps, de sa conception humaine – oui, car l’Humain se devait d’apprendre à le comprendre et de lui donner une part de tangibilité – mais qu’il est possible de conjuguer passé, histoire et souvenirs afin de créer l’avenir, de savourer l’instant présent, aussi. Et c’est ce qui nous enivre en tant que public : échapper à nos vies, qui virevoltent à cent milles à l’heure, le temps d’une soirée à nous laisser transporter par sa magie, celle qui devient la nôtre, celle, même, qui délivre notre cœur d’enfant.
Crédits photos © Angeline Gosselin|Éklectik média
Choquette commence le spectacle fort. Il réussit à nous décrocher la larme à l’œil avec une nostalgie touchante, revisitant ses souvenirs qui voguent sur les notes d’une mélodie poignante. Un écran prenant place derrière la scène nous surprend, lorsque éclairé en plongée par les projecteurs, le magicien se met à jouer avec son ombre, ressortant ses premiers accessoires de magie d’une vieille boîte. À un moment, c’est l’ombre d’un enfant qui remplace la principale : le petit garçon qu’il était, son enfant intérieur, celui qui, encore aujourd’hui se passionne à émerveiller les gens par ses tours. C’est d’une beauté émouvante. Ça fait mal et ça fait du bien, ça brasse en-dedans. Que quelques minutes passées et déjà les spectateurs sont pendus à ses lèvres. D’évidence, il nous entraîne dans son récit, nous confie ses plus lointains souvenirs et nous accroche au fait que le temps passe vite. Que lui, il ne les a pas vu passer, toutes ces belles années. Il touche chacun d’entre nous, indépendamment dans notre siège, car tout le monde finit par réaliser à quel point le sablier s’écoule, qu’il est bon de vivre, mais surtout à quel point il faut mordre dans la vie, car tout passe à vive allure. Chaque instant présent devient quasi instantanément partie prenante du passé, et c’est au moment où on le réalise enfin qu’on en vient qu’à en profiter… pour vrai.
Crédits photos © Angeline Gosselin|Éklectik média
Après tout, tout prend du temps, même réaliser ses rêves les plus fous! Et une chance qu’il existe, le temps. À coup d’impatience, cependant, il n’est pas rare de vouloir tout brusquer, provoquer pour que les choses bougent et avancent à bon rythme. Mais qui dit temps, doit nécessairement dire patience… Et détermination. C’est ainsi qu’Alain Choquette nous parle d’une de ses sources d’inspiration : le papillon Monarque. Une allégorie d’une magnificence incroyable qui nous laisse sans mot, attentifs. Le papillon Monarque, nous raconte-t-il, parcours plus de 5000 km afin d’atteindre son rêve, son objectif, soit, de migrer jusqu’au Mexique. Il le fait contre vents, fortes pluies ou chaleurs accablantes, mais il ne lâche pas sa mire et fonce avec ses petites ailes fragiles comme la soie pour enfin arriver à destination. Une histoire appropriée et, dis-je, indispensable, pour soutenir le concept principal de ce dernier spectacle.
Crédits photos © Angeline Gosselin|Éklectik média
S’alliant à plusieurs reprises à son public en faisant monter une douzaine de personnes sur scène, nous avons droit à un spectacle captivant toute notre attention du début à la fin. Et que dire de ses tours complètement ahurissants? Nous sommes de plus en plus envoûtés à chacun d’entre eux! Choquette nous émerveille autant qu’il nous énerve : on aimerait comprendre ses trucs, tant il y a de détails qui nous échappent! En même temps, n’est-ce pas la beauté de la magie, de ne rien comprendre et de se laisser prendre au jeu? Tout bon spectateur amateur de cet art se doit de laisser la naïveté de l’enfant qui l’habite prendre toute la place, sans poser de questions, pour profiter sincèrement du moment présent et de la marque indélébile que nous laisse l’illusionniste. C’est ce qui allume le merveilleux et qui fait de cette soirée, un instant inoubliable.
Sa tournée québécoise s’amorcera les 17 et 18 mai prochain au Théâtre St-Denis avant de se poursuivre aux quatre coins du Québec. Nul ne sait combien de temps elle durera, réservez donc vos billets en visitant son site internet. Cliquez ici.
Crédits photos © Angeline Gosselin