Il y a huit ans, Alain Labonté nous partageait un pan de sa vie en livrant son tout premier roman, Une âme et sa quincaillerie. Un premier ouvrage dans lequel l’auteur se livrait déjà avec beaucoup de vérité. De retour avec un tout nouveau roman intitulé Trois saisons et un puits de lumière, Alain Labonté pousse l’exercice encore plus loin en nous partageant le temps qui passe au fil des saisons et l’importance de s’arrêter pour pouvoir contempler chacune des beautés qu’elles peuvent dégager.
Bien qu’il ait fallu huit années à l’auteur pour nous offrir ce que l’on pourrait appeler la suite d’Une âme et sa quincaillerie, l’écriture est toujours restée au cœur de sa vie, puisqu’il a coécrit entre autres Moi aussi, j’aime les hommes avec Simon Boulerice, Moi aussi, j’aime les femmes avec Pénélope McQuade et Ma tête, mon amie, mon ennemie avec Florence Meney. Sans oublier, Un jour, ma tête a plié les genoux en collaboration avec Denis Nadeau.
Quand on parle de l’évolution de son écriture, Alain Labonté admet que le jet de l’écriture reste le même, mais qu’il pense être beaucoup plus dans le dépouillement que ce qu’il était auparavant. « Peut-être parce que j’ai peaufiné mon écriture, c’est normal, l’écriture, c’est un muscle aussi. J’ai travaillé ben plus fort pour celui-là. Je l’ai peut-être relu 300 fois. Je me tapais sur les nerfs des fois», déclare-t-il en riant.
Une fois que l’on plonge dans Trois saisons et un puits de lumière, il devient difficile de lever la tête de ces 160 pages tant l’écriture y est juste et accrocheuse. Le format de ses livres n’est pas quelque chose auquel Alain réfléchit, mais il admet être dans un processus d’économie de mots, car pour lui l’importance de la lecture, c’est de retenir quelque chose. « Je pense que l’important quand tu lis, c’est que tu retiennes quelque chose. Moi, si je lis un livre et que j’ai retenu une phrase, c’est ce que ça valait la peine que je le lise. » Comme il a su retrouver l’essentiel de la vie en sachant s’arrêter et regarder autour de lui, Alain Labonté va à l’essentiel dans les mots qu’il écrit.
La transmission est le maître mot de ce nouveau livre. Transmettre ce que l’on est et transmettre ce que l’on a appris des autres. Alain Labonté a tout appris de l’importance de la vie en observant ceux qu’il aime, dont sa mère qui est la muse de son écriture, mais aussi son filleul qu’il appelle affectueusement Bébé-Loup. À travers ces êtres aimés, l’auteur crée d’ailleurs une belle transition entre l’enfance et les vieux jours.
Parlant des vieux jours, Alain nous émeut en racontant l’un des moments les plus difficiles à vivre pour un enfant, celui de devoir placer sa mère dans une résidence pour aînés. En nous confiant cette étape de sa vie, aussi difficile soit-elle, Alain Labonté nous pousse à la réflexion. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour que cette étape soit moins difficile à vivre ? Il répond instantanément que, déjà, il faudrait apprendre à s’aimer!
Pour Alain, aimer quelqu’un ne suffit pas toujours puisqu’il faut être disponible, avoir un logis, une bonne santé ou encore être dans le même emplacement géographique. L’auteur admet être dans la réflexion de la personne avec qui il aimerait finir ses jours sans forcément parler d’un amoureux. « Quelqu’un qu’on aime, avec qui on a du fun et que s’il est malade, je vais avoir le goût de l’accompagner aussi. C’est ça aussi qu’il faut se demander. Je pense que les patterns sont à refaire et à repenser, comme les maisons multigénérationnelles ou les triplex où chacun vit en haut en bas. Je pense qu’il y a des solutions qui sont réalistes et possibles plutôt que d’être avec 92 personnes que tu ne connais pas. »
Placer un être cher en résidence est aussi un processus qui peut causer une grande culpabilité chez les enfants. Pour remédier à ça, Alain Labonté pense qu’il faudrait apprendre à se parler. « J’ai l’impression des fois qu’on ne parle pas. Je n’ai pas l’impression que ça arrive tant que ça d’être dans la transparence et que quelqu’un soit capable de dire qu’il aimerait t’accueillir, mais qu’il n’a pas l’emplacement, mais qui songerait à peut-être prendre un appartement plus grand à deux. C’est un peu comme parler de la mort, ce n’est pas si simple que ça, mais il faut parler. »
Dans Une âme et sa quincaillerie, Alain Labonté écrivait : « Plus on avance, plus on regagne son enfance. » Une phrase qui prend encore plus de sens tout au long de ce nouveau livre grâce à l’enfant qu’il est et reste face à sa mère, mais aussi à l’enfant qu’est bébé-loup dans son regard. « Je trouve que plus j’avance dans la vie et plus j’ai moins d’armures. Je m’allège. J’aime la vie et je suis capable de me réveiller. Ce n’est pas une obligation, ça vient tout seul. »
L’amoureux des mots se promène un peu partout à travers le Québec pour présenter son livre Trois saisons et un puits de lumière, qui est déjà l’un des coups de cœur Renaud-Bray. Une grande fierté pour Alain Labonté dont l’écriture nous promet de belles surprises à venir.