Même si le film Aline , librement inspiré de la vie de la chanteuse Céline Dion, a fait couler beaucoup d’encre quelques jours avant sa sortie québécoise le 26 novembre dernier, il n’a pu échapper lui aussi aux fermetures des salles de cinéma à cause du variant Omicron. C’est pourquoi il est possible plus tôt que prévu pour les cinéphiles qui n’ont pas eu la chance de le voir sur grand écran de le visionner dans le confort de leur foyer exclusivement sur le Club Illico.
Malgré les commentaires peu élogieux de la part de Claudette et Michel Dion et la déception de plusieurs fans en ce qui concerne la naïveté et la manière caricaturale de manger du personnage, les grands quotidiens d’ici ont, de manière générale, encenser l’effort de Valérie Lemercier et encourage fortement de le voir pour être étonné et se faire sa propre idée. En effet, le visionnement permet de constater à quel point l’histoire de notre Céline nationale a été traitée avec respect, bienveillance et avec une jouissive liberté cinématographique à laquelle il faut certes quelques temps pour y adhérer pleinement.
Venue faire une imposante tournée de promotion à travers le Québec, Valérie Lemercier, qui porte l’œuvre à bout de bras en étant la réalisatrice, la coscénariste et l’interprète du personnage principal de ses 5 à 50 ans, est parfaitement consciente que son film est reçu avec une brique et un fanal et qu’il ne fera pas l’unanimité, surtout auprès d’un public profondément attaché et protecteur envers sa seule chanteuse locale qui fracasse les records d’un océan à l’autre. « J’ai un peu le trac, c’est normal, je suis dans son royaume! » a-t-elle confiée sur le tapis rouge de la première montréalaise au Théâtre Maisonneuve le 23 novembre 2021.
Les médias ont beaucoup relaté le passage corrosif de la sœur et du frère de Céline Dion à l’émission La semaine des 4 Julie et l’annulation de la participation de Valérie Lemercier à l’émission qui en a découlé, mais Lemercier était sur toutes les tribunes pour expliquer avec passion ses intentions avec ce projet. En une journée, elle a accordé pas moins de 23 entrevues, ce qui rejoint étrangement une scène du film dans laquelle Aline Dieu dit à son mari et gérant Guy-Claude Kamar (exceptionnel Sylvain Marcel) qu’elle a fait 29 entrevues entre deux séances d’essayage de costumes.
En tant que deux artistes de la scène, Valérie Lemercier et Céline Dion partagent des connexions au niveau professionnel, mais la cinéaste française s’identifie également à la petite fille de Charlemagne sur le plan personnel. « Ce sont des choses dans son enfance qui m’ont touchée. Je viens aussi d’une grande famille. J’étais un petit canard boiteux on peut dire! Il y a beaucoup de choses qui m’ont touchée dans son destin. J’aurai bien voulu un René Angélil à mes côtés!»
Ce qui a particulièrement intéressé et fasciné Valérie Lemercier dans la destinée de Céline Dion et de René Angélil, c’est leur vie privée qui n’en est aucunement une. «Elle est très belle cette histoire d’amour. Ils ont fait un travail colossal. Les années à Vegas, pratiquement sans mettre un pied dehors, c’est complètement fou! C’est pour cela que moi je la fais sortir dans la rue. Et que les gens la prennent pour un sosie, je trouvais cela marrant. »
Comme le pivot central d’Aline est la chimie entre ces deux êtres prêts à tout, y compris la médisance des autres, pour accomplir leurs rêves et vivre leur amour, les divers moments marquants dans la vie de Céline Dion ne sont pas présentés dans un ordre chronologique totalement fidèle à la réalité, loin de là. Le but était que la trame narrative demeure l’histoire d’amour et qu’elle soit le plus crédible possible, d’où la fantaisie de ne pas utiliser le nom de Céline, mais d’y faire quelques allusions savoureuses tout au long du film.
« Par exemple, dans mon film, Aline chante Pour que tu m’aimes encore avant son mariage. Je sais très bien que, dans la vie, elle interprète cette chanson après son mariage, mais je ne pouvais pas passer à côté de cette chanson-là. C’est sa déclaration d’amour. J’espère que les gens ne m’en voudront pas d’avoir pris ces libertés. Aussi, il y a plein de choses qui ne sont pas vraies comme la bague de fiançailles dans le cornet de crème glacée. Je l’ai fait, car il ne faut pas casser nos rêves de petite fille! Aline, c’est une fantaisie, c’est romancé, c’est 80 ans de vie en deux heures! »
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média