La décision d’offrir la première partie d’Imagine Dragons à la chanteuse britannique Bishop Briggs pouvait rendre sceptique quiconque familier avec l’univers électro et pop de la jeune sensation de 26 ans, mais les organisateurs du Festival d’été de Québec ont vu extrêmement juste ici. Si son passage à Osheaga il y a presque deux ans avait révélé les balbutiements à fleur de peau d’une artiste fascinante , sa performance d’hier soir au FEQ a été l’hôte d’une déroutante et fulgurante évolution au niveau de la présence scénique.
Pour débuter son tour de chant, Sarah Grace McLaughlin de son véritable nom a entonné a capella les premières lignes de The Way I do avec une puissance vocale qui a soufflé et hypnotisé autant les festivaliers que les journalistes. Une introduction en théorie simple mais pourtant si percutante et culottée qui a fonctionné avec brio. Ajoutez à cela une attitude libre, humble et féroce, et vous avez tous les ingrédients réunis pour que des milliers de spectateurs développent en même temps un immédiat et immense coup de cœur envers Briggs.
Impossible de ne pas également tomber sous le charme de son émerveillement de jouer devant ce qui est clairement son plus imposant auditoire à vie. De son propre aveu, l’énergie chaleureuse et exponentielle que dégageait la foule lui a fait monter les larmes aux yeux la seconde où elle a posé les pieds sur la scène. Cette confession mêlée aux regards ébahis et reconnaissants s’y rattachant a rendu le public tout aussi ému et comblé. L’autrice-compositrice-interprète avait ainsi trouvé le meilleur remède qui soit pour guérir son cœur brisé par une (très) récente rupture.
Si son tout premier album Church of scars sorti en 2018 s’ancre dans une esthétique résolument pop, le traitement apporté sur scène en était plutôt un rock. L’apport des percussions a donné aux pièces un élan intemporel qui se démarquait fabuleusement des synthétiseurs contemporains se retrouvant sur le disque. Constamment en déplacement, la présence de Bishop Briggs contrastait magnifiquement avec ses survêtements noirs. De ses yeux perçants s’animait une rage intérieure éclatante qui a sidéré l’audience. Son total et irrésistible abandon se manifestait à travers des cris, des sauts et des grimaces auxquels les spectateurs répondaient en l’imitant avec entrain.
Munie d’une texture vocale brillamment nuancée allant du rauque à l’aigu sans le moindre effort, Bishop Briggs s’est époumonée pour donner un sens à son existence. Ses récits sur ses ébats sexuels et déboires amoureux qui la remplissent d’interrogations ont trouvé écho auprès des gens qui, éblouis par les sourires et les Oh My God constants de la chanteuse, ont exprimé leur bonheur d’entendre des chansons virales comme Wild Horses, Tattooed et River.
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média