Call me by your name : Divine idylle italienne

À ce temps-ci de l’année, plusieurs cinéphiles amateurs et journalistes professionnels s’amusent à dresser des palmarès des meilleurs films de 2017. Call me by your name, ou Appelle-moi par ton nom en version française, figurera forcément dans plusieurs listes, et ce pas seulement parce qu’il récolte nominations par-dessus nominations dans tous les galas  depuis les dernières semaines. Le onzième long-métrage de Luca Guadagnino, adapté du roman du même nom d’André Aciman, immortalise l’histoire d’un premier amour galvanisant avec une poésie si troublante et magnifique qu’il est impossible de ne pas vouloir s’y enivrer encore et encore.

Cette délicieuse  romance  de vacances se déroule dans le nord de l’Italie en 1983. Elle change les vies d’Elio (Timothee Chalamet), un adolescent pianiste de 17 ans en pleine recherche de sa sexualité, et Olivier (Armie Hammer), un étudiant américain de 24 ans venu assister le père de Elio dans ses recherches sur la culture gréco-romaine. Cette aventure entre les deux hommes enclenche un torrent de désirs et de déchirures tantôt anodins tantôt magistraux  qui esquive  l’aspect mélodramatique larmoyant généralement associé à ce genre d’œuvre. Autrement dit, les  clichés n’affluent pas car le film accorde une importance délicate aux moindres détails.

Celui qui frappe d’office s’avère l’ambiance. Les spectateurs peuvent littéralement ressentir l’étouffante humidité de la température estivale. Les odeurs de la cuisine italienne et l’effervescence des déjeuners familiaux  parviennent également à se frayer un chemin aux narines. Les baignades dans de minuscules bassins invitent à prendre une pause. L’esthétique léchée sidère et hante pendant 132 minutes, même au-delà. Dès le générique d’ouverture, qui mêle savamment musique et sculptures classiques, jusqu’à la poignante scène finale qui marque par sa simplicité et ses émotions insoutenables.

Les personnages, autant principaux que secondaires, séduisent. Bien définis psychologiquement, ils trouvent tous leur raison d’être dans les intrigues. La complicité qui les unit captive. Call me by your name regorge d’interactions superbement dirigées qui donnent bien souvent l’impression d’être voyeur et visionner un documentaire sur une famille ordinaire absolument attachante. Dans le rôle du père d’Elio, Michael Stuhlbarg accomplit rien d’un moins qu’un exceptionnel tour de force, spécialement lors d’un monologue qui fera fondre le cœur de tous les homosexuels qui éprouvent de la difficulté à déclarer à leurs proches leur nature véritable.

Évidemment, le scénario de James Ivory complexifie la romance homosexuelle en prenant le temps de bien faire découvrir toutes les caractéristiques du tandem. Les doutes, l’insouciance, la quête de soi, la littérature, la musique et l’art  définissent la dynamique tumultueuse qu’entretiennent Elio et Olivier. Les tensions sexuelles sont incarnées avec tant d’intelligence,  de nuances et lenteur par Chalamet et Hammer qu’elles enveloppent les spectateurs dans un état de frustration et d’attente étrangement agréable. Les deux acteurs livrent des performances inspirées en se plongeant dans l’univers avec un total abandon irrésistible. Ils forment l’un des plus beaux couples cinématographiques de la présente décennie.

Le réalisateur de I am love filme l’idylle avec une sensualité ensorcelante. Une poésie transcendante émane de tous les plans, des murmures du vent, des silences éloquents et des sublimes pièces Mystery of love et Visions of Gideon de Sufjan Stevens. Bref, Call me by your name est définitivement l’un des meilleurs films de l’année et une histoire d’amour inoubliable qui fait à la fois rêver et souffrir.

Ce film est à l’affiche depuis le 22 décembre 2017.

Crédits Photos : Métropole Films

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