Une multitude de guitares. 1 clavier. 7 invitées qui retracent 7 albums. La soirée que Catherine Durand a préparé pour souligner ses 20 ans de carrière lors de la journée de fermeture des Francos de Montréal en a été une authentique, généreuse, inventive musicalement et passionnante! Un véritable coup de cœur de la 31ième édition!
Pour transposer sur scène Vingt, son fabuleux album dans lequel elle revisite d’anciennes compositions, la charmante et pince-sans-rire autrice-compositrice-interprète a élargi le répertoire de cet opus pour piocher dans d’autres disques tout en conservant son esthétique acoustique et planant. À travers d’amusantes et surprenantes anecdotes de tournées et d’enregistrements d’albums ayant façonné son impressionnante carrière, elle a intégré sept autrices-compositrices-interprètes qu’elle affectionne tout spécialement afin de rehausser vocalement et mélodiquement ses oeuvres. L’équilibre entre ces doux moments de partage et les numéros en solitaire était tout simplement parfait. Même si l’univers revêtait une atmosphère lente et contemplative, il n’y a eu aucun temps mort au cours de cette soirée de 90 minutes qui en a paru 20!
Honnêtement, toutes les séquences pourraient figurer dans les meilleurs moments de la soirée tant elles ne manquaient pas d’envelopper et réchauffer les cœurs avec des arrangements épurés desquels émanaient des émotions pures indescriptibles. Quand le seul bémol d’un spectacle est l’éclairage, ça veut tout dire…Cette série de concert avait beau s’intituler Chanson intimes, encore faut-il voir adéquatement les artistes performer…Certes, l’ambiance ne pouvait être plus chaude et réconfortante, mais la quasi-noirceur totale irritait à certains moments.
Complètement fluides, les transitions musicales entre les pièces contribuaient à former une bulle chez le public attentif, émerveillé et enclin à applaudir à tout rompre. On le sentait même se retenir à quelques endroits de se lever et crier son admiration tellement la charge émotive et l’orchestration déclenchaient à l’intérieur une magie puissante. Le tout a magnifiquement débuté avec la première moitié de Sur mon île dont les aériennes notes de piano provoquent des frissons dans le dos avant même l’arrivée des déchirantes paroles. A suivi la splendide Cœurs migratoires qui a bouleversé avec l’ajout d’un chœur grandiose. Musicienne hors pair, Catherine n’a fait qu’un avec ses instruments, laissant aller toute son intensité, sa passion contagieuse et son spectre vocal rauque irrésistible.
Privilégiée d’être si bien entourée, elle a fait la part belle à ses comparses en leur permettant d’agrémenter son monde avec leur timbre et caractéristiques propres. Mara Tremblay et Marie-Annick Lépine ont offert des prestations de violon inspirées et saisissantes sur Marcher droit. Bien cachée dans le noir, Fanny Bloom a livré avec sa voix de plus en plus riche et maitrisée le premier succès radiophonique de Catherine, Peu importe, qu’elle a insisté de faire puisqu’il a bercé ses années de cégep. Marie-Pierre Arthur a imposé son talent de déesse à la basse sur Toit de pierre et Point de départ alors que Laurence Hélie, secrètement assise sur un siège de la salle, s’est greffée à la sympathique Peine perdue chantée à même l’auditoire! La chanteuse folk a séduit par sa voix puissante et chaude. Armée de son ukulélé, Amylie a , quant à elle, offert un envoûtant duo sur la douce Aujourd’hui.
Les thématiques de la solitude, la futilité du temps, la pureté de l’amour et les sacrifices ont particulièrement trouvé écho dans le segment final du spectacle. Avec son violoncelle enchanteur et son spectre vocal tout aussi lumineux et magnétique, Jorane a livré un moment de grâce sur Le temps presse. Ceci dit, c’est lorsque Mara Tremblay et Marie-Annick Lépine ont joint leur violon sur la sublime Je vais rester que le spectacle a atteint son apogée. D’une beauté inouïe et vraie.
En guise de rappel, Marie-Claudel, qui assurait la première partie de la soirée, a rejoint Catherine et ses consœurs pour Vivre à petits feux, concluant ainsi une soirée inoubliable qui est revenue à l’essence de la musique et du partage.
Crédits Photos : Frédérique Ménard-Aubin