L’auteur-compositeur et interprète Daniel Lavoie se promène un peu partout à travers la province pour présenter le spectacle Tension Attention , qui est un beau clin d’œil à l’album du même titre qui fête, cette année, ses 40 ans. Daniel Lavoie regarde l’album Tension Attention avec beaucoup de reconnaissance
« Je regarde cet album comme l’album qui a changé ma vie. C’est l’album qui m’a permis de passer à la vitesse supérieure et de me faire connaître par un public très, très large et qui a fait que mon téléphone s’est mis à sonner du jour au lendemain. C’est un album très important pour moi», déclare-t-il au bout du fil.
L’auteur-compositeur-interprète a, au fil de sa carrière, écrit de nombreuses chansons dont certaines qu’il affectionne encore beaucoup et d’autres qui sont désormais un peu plus loin de lui. Daniel Lavoie espère que son écriture a évolué avec le temps, mais il admet que son processus, lui, n’a pas changé. « J’ai toujours écrit sur une base très personnelle. J’ai cherché à dire des choses pertinentes, et je crois que ça n’a pas changé depuis le début.»
Pour souligner l’anniversaire de l’opus Tension Attention, une nouvelle sortie a été distribuée le 7 avril dans les magasins, autant en version CD que vinyle. Avec la place qu’ont pris toutes les plateformes de téléchargement dans les dernières années, Daniel Lavoie pense que l’industrie du disque est en fin de vie et ne croit pas que les disques vont survivre encore longtemps
« Pour que ça existe, il faut qu’il y ait une raison d’être et il faut que les gens en achètent parce que si les gens n’achètent pas, ça ne sert à rien d’en faire. Faire un album coûte très cher. Il faut acheter des équipements, avoir des studios, engager des musiciens. Il faut mettre beaucoup de temps qui, inévitablement, se paie. Si le disque ne se vend pas, je pense qu’il y a moins en moins de gens qui vont en faire et ça va créer une industrie qui va tourner autour de quelques grands méga succès venant des endroits qui produisent des mégas succès. La petite industrie locale, les gens de chez nous n’en vivront plus. C’est un point de vue peut-être un peu pessimiste, mais je crains qu’il soit réaliste aussi. »
Un défi intéressant
Le 14 avril dernier, Daniel Lavoie faisait sa première montréalaise à salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Un moment rempli d’émotions pour l’artiste, mais aussi pour le public qui n’avait pas vu l’artiste en solo sur scène depuis un peu plus de six ans. C’est d’ailleurs dans un tonnerre d’applaudissements que Daniel Lavoie fut accueilli ce soir-là. Dans ce spectacle hommage à l’album le plus populaire de sa carrière, Daniel Lavoie voulait faire différent. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a décidé de s’éloigner de son piano et se mettre un peu plus au-devant de la scène.
« J’avais le goût de changer un peu les choses. Tant qu’à revenir sur scène, aussi bien essayer quelque chose de nouveau. J’avais plus ou moins décidé d’arrêter de chanter. Je n’avais pas l’intention de revenir en tant que Daniel Lavoie. J’étais très heureux de faire Frolo dans Notre-Dame de Paris pendant encore quelques années parce qu’il plait encore énormément, et ça me satisfait. Mais mon producteur, Martin Leclerc, m’a un peu convaincu de retourner sur scène et tant qu’à y retourner, je voulais quelque chose de neuf. Je suis seul devant le public et c’est un défi intéressant», déclare le chanteur de 74 ans.
Dans ce spectacle anniversaire, Daniel Lavoie plonge le public dans la richesse de son répertoire avec des pièces marquantes telles qu’Ils s’aiment, Qui sait, Tension Attention ou encore Je voudrais voir New-York. Sans oublier la célèbre Belle de la comédie musicale Notre-Dame de Paris qui lui a permis de faire le tour du monde. À travers ces voyages, qu’est-ce que Daniel Lavoie a retenu et qu’il utilise aujourd’hui dans son processus créatif ?
« Tout ce que je vis sert à mon processus créatif, pas juste Frolo, pas juste faire le tour du monde, mais c’est certain que j’entre en contact avec différentes cultures. À travers les fan club et les lettres que je reçois de partout dans le monde, j’entre en contact avec des gens, autant des Chinois que des Ukrainiens, des Russes, des Taiwanais, des Américains, des Italiens que des Français. Je me rends compte que finalement on est tous de la même race et qu’on se ressemble drôlement tout le monde. On est capable de vivre ensemble. Je me demande parfois pourquoi on n’y arrive toujours pas. »
Le travail d’un athlète
Quand on découvre le spectacle Tension Attention – 40 ans, on remarque tout de suite qu’autant l’artiste que son œuvre n’ont pas pris une ride avec les années. Il y a quelque chose d’intemporel qui se dégage de cet ensemble. La voix de Daniel est toujours aussi belle et surprenante. Pour l’artiste, tout ça est une question de travail.
« Je suis un athlète. Je ne pense pas qu’on puisse monter sur scène sans avoir travailler. J’ai travaillé beaucoup et pour arriver à faire ce que je fais encore à mon âge, il faut que je travaille encore plus que lorsque j’étais jeune. Quand on est jeune, on peut partir à courir sans y penser, mais quand on est vieux, pour partir à courir faut y penser, et c’est la même chose pour chanter.» Daniel Lavoie admet que sa voix arrive encore à le surprendre avec le temps. « Qu’elle résiste aussi bien, oui, ça me surprend souvent. Je me dis que c’est un miracle. Je crains toujours un peu le moment où elle va m’abandonner, mais pour le moment elle est fidèle. »
À l’automne dernier, l’interprète dévoilait un album hommage aux textes de Rimbaud qui s’intitule d’ailleurs Daniel Lavoie chante Rimbaud – La rivière de Cassis. Dans ce projet musical de Laurent Guardo, Daniel offre une sublime relecture de sa chanson Ils s’aiment dans laquelle il est accompagné d’un quatuor à cordes. « J’ai toujours été un amoureux et des cordes et des violons. J’ai un amour infini pour la musique classique, donc me rapprocher de ce genre à travers mes textes me touche beaucoup. Juste à ce niveau-là, c’est une autre approche à la musique, mais une approche très agréable. »
En plus de lancer sa tournée, Daniel Lavoie a également dévoilé un tout nouvel album en avril dernier intitulé Scrub Oak – the dog and the moon qui a une influence country-folk des années 30. Un univers qui le ramène à sa jeunesse lorsqu’il travaillait avec l’un de ses oncles. « J’adorais travaillé sur la ferme avec mon oncle. Il me faisait écouter la musique qu’il aimait. C’était du folk américain des années 30.
Pendant la COVID, j’ai voulu faire une chanson dans le genre pour m’amuser et puis, petit à petit, ça a donné une deuxième, une troisième et puis finalement j’en ai fait une douzaine. Quand j’en ai fait écouter à des amis, ils m’ont dit que je devais faire absolument un album avec ça, donc voilà.»
L ’album Scrub Oak – the dog and the moon est disponible dans tous les magasins. On rappelle que Daniel Lavoie se produira partout à travers le Québec pour présenter son spectacle Tension Attention – 40 ans.
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média