Après avoir offert ses Chroniques d’un cœur vintage à l’émission radiophonique Plus on est de fous, plus on lit sur Ici Radio-Canada Première et les avoir transposées avec succès au Théâtre de La Licorne en 2018, Émilie Bibeau fera paraître dès demain (9 septembre) un livre rassemblant ces chroniques…sans que ce mot n’apparaisse dans le titre .«Comme le livre est différent de la pièce, c’était une façon de marquer la nouvelle vie du projet. J’aimais la simplicité du titre et le côté plus direct», a expliqué l’actrice au bout du fil.
Coeur Vintage n’est pas une reproduction de la pièce ; il s’agit plutôt de la réunion des chroniques ponctuée d’illustrations de Valérie Darveau et entrecoupée de citations marquantes et de commentaires personnels afin de donner au projet l’apparence d’un carnet intime réconfortant. «Je voulais que ce livre soit un baume. J’avais envie de parler du pouvoir des mots des autres. C’est ce qui m’a beaucoup inspirée à écrire au début. Je me suis rendue compte que autant les paroles d’auteurs marquants que les paroles de mon entourage m’aidaient beaucoup à vivre.»
Tenant elle-même un carnet intime comprenant des citations passant de Roland Barthes, Gustave Flaubert à Meryl Streep et qui lui sont inspirantes, Émilie Bibeau n’a donc pas l’impression que son style d’écriture se perd dans le torrent des mots des autres, bien au contraire. «Dans le processus d’écriture, ça me venait assez tout seul. C’est une connexion que je ressens sur ce que j’ai envie de raconter. J’y vais avec les citations les plus importantes, pas toutes celles qu’il y a dans mon cahier. Elles viennent appuyer, nourrir ce dont j’ai envie de parler.»
Pour l’autrice, l’expression Coeur Vintage a une connotation romantique, un peu vieille âme dans laquelle plusieurs cœurs mélancoliques trouveront refuge. «Je ne veux pas condamner mon époque, car c’est celle à laquelle j’appartiens. Je ne fais pas l’apologie de l’ancien temps, mais c’est jusque que, pour moi, le romantisme peut aussi s’exprimer sous une forme d’engagement et de loyauté, autant en amour qu’en amitié. Le courage de nourrir et de prendre soin des liens qu’on a avec les autres, car nous sommes nos liens avec les autres.»
Cet apaisant livre objet accorde une place de taille à la philosophie parce qu’Émilie Bibeau sait bien la vulgariser pour ceux et celles qui ont des réticences. «Tout dépend de la manière dont on l’aborde. Il faut se donner la peine de lire les bonnes personnes et de rester à l’écoute des concepts qui nous parlent. La philosophie nous donne un recul sur l’expérience humaine quand on est trop collé sur soi.»
Évidemment, le mot d’ordre de cet ouvrage est le réconfort, sentiment dont l’importance s’est relevé encore plus probant pendant la pandémie selon la comédienne. Généralement, elle puise le sien entre autres à travers l’écriture, mais pas pendant le pic du confinement. «La réalité était tellement plus grande que la fiction que, aller dans la fiction, je n’étais pas capable.»
D’ailleurs, cet essai donnant dans l’autofiction révèle une plume rafraîchissante qu’on meurt d’envie de découvrir dans un roman. Il faudra cependant prendre notre mal en patience. «J’ai encore envie d’écrire certainement, mais je ne sais pas si je suis capable d’aller dans de la fiction pure. Je ne suis pas rébarbative à de la poésie. Je suis ouverte, mais, pour le moment, je ne sais pas vers où ça me mènera concrètement. »
Cœur Vintage d’Émilie Bibeau, 88 pages, Éditions Cardinal. En vente dès le 9 septembre