S’apprêtant à lancer un album complet sous la bannière de RCA Records , le duo indie alternatif Flora Cash se fait de plus en plus présent mondialement, spécialement en cette période de festival, et le Festival d’été de Québec n’a pas loupé sa chance de faire partie de l’agenda bien chargé.
Ça tombe bien puisque Cole Randall et Shpresa Lleshaj avaient très hâte de pouvoir se produire à nouveau au Canada. « Nous sommes encore soufflés du support que nous avons ici, au Québec, avec la chanson You’re somebody else (qui date de 2017 mais qui fait actuellement un tabac dans les stations de radio québécoises). C’était important pour nous de revenir. », a précisé Randall lors d’une entrevue réalisée après leur spectacle donné dans le cadre du Pop Up FEQ le 6 juillet dernier. Le fait que la plupart de leurs prochains spectacles se déroulent à l’extérieur est loin d’être un problème pour le couple marié qui apprécie l’aspect communicatif et sans limite que procurent les festivals. «Par contre, la seule chose qui peut parfois être contraignante, c’est le vent! » a ajouté Lleshaj. « Oui, surtout quand je joue de la guitare et que je sens des cheveux se glisser dans ma bouche. Je ne peux m’arrêter de jouer, je dois composer avec ce désagrément. J’espère seulement que le public ne le remarquera pas car une photo embarrassante arrive si vite! » a renchéri Cole en riant.
Le succès de You’re somebody else, qui traite d’une personne vivant dans le déni de ses problèmes, a été tel que la chanson se retrouve sur deux albums : Everything lasts forever (and it’s fine) et le mini album Press. La formation suédo-américaine ressent effectivement une certaine pression face à cette popularité, mais elle tente de ne pas trop y penser. «N’importe quel emploi est difficile, qu’il se situe dans le domaine de la musique ou non. Le fait que nous soyons plus occupés qu’avant nous pousse à constamment nous rappeler, en temps de doute, que notre nouveau statut nous permet de ne pas faire des choses que nous n’aimons pas faire, et qu’il faut saisir cette opportunité puisque ce n’est pas tout le monde qui a le droit à cette magnifique chance.» a expliqué Cole. «Le fait que nous soyons un couple, que nous habitons ensemble, que nous en parlions énormément, bref que nous soyons deux à vivre cette pression, nous aide beaucoup. » a commenté Shpresa.
À travers des mélodies planantes et nostalgiques, Flora Cash aborde des thématiques actuelles et authentiques qui rejoignent naturellement sa génération. «Nous essayons de ne pas trop laisser de contrôles aux influences et tendances extérieures afin de toujours rester honnêtes à ce que nous ressentons et sommes. Même si on exerce ce métier en partie pour divertir les gens et que nous voulons attirer le plus de gens possible, on écrit d’abord sur les choses qu’on veut entendre et qui nous semblent authentiques.» a admis Cole Randall.
Flora Cash se distingue également par l’harmonie pure et somptueuse de leurs deux voix mélancoliques. La manière de séparer les couplets et de chanter certains passages en même temps donne un résultat original et accrocheur. Ce n’est toutefois pas prévu en ce sens. « Comme nous composons et produisons notre propre matériel, on met notre ego de côté et on teste toujours les chansons chacun notre tour pour ensuite enregistrer la meilleure version. Je ne suis jamais fâché si la chanson correspond mieux au timbre de voix de Shpresa que le mien. En même temps, ça peut parfois paraître plus authentique si c’est la personne qui a trouvé l’idée de la chanson qui l’interprète.»
Ayant assuré la première partie de lovelytheband au cours des derniers mois, le tandem se sent de plus en plus à l’aise sur scène. «À chaque spectacle, on apprend quelque chose de nouveau. » a débuté Shpresa. « On a beaucoup appris de la présence scénique remarquable de Mitchy Collins, le chanteur de lovelytheband. Le plus bel enseignement qu’il nous a montré, c’est de traiter le public comme s’il était un ami proche.»a terminé Randall.
L’esthétique occupe également une grande place, mais d’une façon plutôt inconsciente pour Shpresa. «Je ne réfléchis jamais à donner de la profondeur à mes tenues vestimentaires. L’important est que ce que je porte reflète ma personnalité.» « Et peu importe ce que je porte reflète sa personnalité! » a rigolé Cole. «Quand je ne sais pas quoi porter, Shpresa vient à mon secours, et elle se trompe rarement! Par contre, c’est moi qui a eu l’idée pour la combinaison teinture bleachée et barbe, et ça a fonctionné, même si personne de notre entourage n’y croyait au départ!»
Cole et Shpresa se sont rencontrés grâce à la plateforme Soundcloud sur laquelle Shpresa commentait les chansons de Cole. Pour eux, la manière de consommer la musique aujourd’hui ne constitue pas une crise dans l’industrie. « Si ça se trouve, à certains égards, l’industrie de la musique ne s’est jamais aussi mieux portée. En fait, les plateformes de téléchargement, les réseaux sociaux et YouTube font réaliser aux compagnies de disques qu’elles n’ont plus nécessairement raison sur tous. Ça les pousse à être plus dans l’ouverture d’esprit, dans le support, de prendre plus de risques artistiques et de croire davantage à la vision des artistes. C’est une belle période pour être musicien car tu peux être plus libre sur le plan créatif et tout de même avoir une chance d’être vu.» a conclu Cole avec un sourire radieux.
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média