Les journées du 9 et 10 juillet ont été particulièrement riches en émotions pour le guitariste et chanteur Steve Hill car il était une des têtes d’affiche de la cinquante-deuxième édition du Festival d’été de Québec. Voici ses réactions à chaud sur cette incroyable expérience.
Tu étais du spectacle d’Éric Lapointe sur les Plaines. Quelles sont tes impressions de ce spectacle unique?
C’est le genre d’expérience dont tu te souviens toute ta vie. C’était ben le fun parce que j’avais beaucoup d’amis qui étaient là, des amis que je ne vois pas souvent avec qui j’ai collaboré au fil des années. J’ai pu jouer avec Michel Pagliaro qui a été mon mentor. J’aime ben ça imiter Pag , devant lui et devant du monde, c’était encore plus écœurant ! J’étais aussi content de revoir tout l’entourage d’Éric parce que j’ai quand même fait deux ans et demi de tournée avec lui. Le spectacle était grandiose. De jouer devant autant de monde, c’est un bon feeling. Je pensais être stressé pis, en fait, non, j’ai tout de suite embarqué sur le stage et je me suis senti très à l’aise.
Ça s’est ressenti notamment sur les batailles de solos de guitare avec Stéphane Dufour. Est-ce que certaines parties étaient improvisées?
C’était un peu improvisé, mais, en fait, c’était un solo que je faisais dans le temps que j’étais guitariste de Lapointe. Éric m’a invité parce qu’il voulait réentendre ce solo-là que je n’ai pas fait depuis peut-être dix ans! Il a fallu que je le réapprenne et que je pratique. Par contre, le moment où j’ai cassé toutes mes cordes, ça personne ne le savait!
Quand tu te produis en solo, tu n’as aucun musicien avec toi. Tu joues de tous les instruments. Comment l’idée de l’homme-orchestre a pris forme?
C’est un hasard! Tu sais, les bonnes choses dans la vie, ce ne sont jamais des affaires planifiées. J’avais sorti un album il y a huit ans, et il ne s’est rien passé. Ce qui est drôle, c’est que c’était la compagnie de disque à Éric Lapointe qui s’en occupait, mais elle n’a pas fait de promo. Donc, je me suis mis à faire des petits shows solo dans des petites places pour pouvoir survivre et payer mes cartes de crédit. Comme j’ai un studio d’enregistrement à moi, j’ai décidé d’enregistrer un petit album (Solo recording volume I ) que je pouvais vendre pendant les spectacles que je faisais entre mes shows de band. L’album s’est vendu plus que les six albums que j’avais sortis avant. Ça a comme reparti ma carrière. Ça fait maintenant huit ans que je fais ça.
Tu as d’ailleurs lancé ton tout premier album live en mai 2018, The one man band blues rock band.
Oui, ça faisait longtemps que je voulais faire un album live. Le show était rendu assez bon pour ça. Quand t’es guitariste, tu veux faire un album devant public parce que ça représente bien ce qui se passe pendant les spectacles, surtout que je fais beaucoup d’improvisations. C’est une belle carte de visite. Je voulais pogner le meilleur de mon spectacle puis trouver un bon équilibre dans les chansons. Je suis content du résultat.
Qu’est-ce que possède le blues pour que ta passion d’en jouer depuis des décennies ne diminue pas?
C’est une musique qui est viscérale. Je carbure au rock et au blues. J’aime plein de styles de musique, mais ce n’est qu’avec le blues rock que je peux exprimer ce que j’ai en dedans. Je pense que si je faisais du reggae, je ne pourrais pas sortir ma rage intérieure et que si je faisais du métal, je ne pourrais pas sortir la petite mélancolie que j’ai.
Est-ce que tu travailles ta voix ou tu te fies plutôt à ton instinct ?
Je suis dans l’instinct. Il faut dire que j’ai très rarement de la difficulté avec ma voix. J’ai fait des tournées en Europe où je jouais 28 shows en 30 jours des affaires, je joue souvent 14 soirs en ligne, et je n’ai pas d’extinction de voix!
En septembre 2018, tu as fais un deuxième concert symphonique avec Kent Nagano. Comment te prépares-tu pour bien t’intégrer à un orchestre sans dénaturer ton son signature?
C’était la chose la plus stressante de ma vie! Ça m’a demandé un travail énorme parce que j’ai dit oui, mais je n’avais pas les compétences. C’est une pièce qui n’a jamais été jouée, donc je n’avais pas de repère. En plus, je ne sais pas vraiment lire la musique. Il y a des partitions qu’on appelle des tablatures. À la place d’être une portée où il y a cinq lignes avec les notes, la tablature a six lignes avec des numéros pour les cases. J’ai fait faire une partition comme ça à la guitare. Le concert a seulement duré une demi heure, mais j’avais quarante pages de partition à apprendre! J’ai pratiqué pendant neuf mois. Le lundi avant le spectacle, j’avais une répétition avec Kent Nagano , seulement lui et moi. Ça a été l’expérience la plus humiliante de ma vie! Tu ne peux pas mettre une pièce à ta sauce quand t’as un conducteur qui te bat la mesure! Je ne comprenais rien, ça m’a demandé de grandes stratégies toute la semaine. J’ai même pratiqué intensément avec l’assistant chef d’orchestre.
Tu es très présent et à jour sur les réseaux sociaux. Est-ce que tu fais partie de ceux qui pensent que ça peut aider les artistes dans leur carrière ?
En fait, c’est que tu n’as pas le choix en ce moment. Est-ce que ça peut partir une carrière ? Oui. Est-ce que j’aime ça ? Des fois, j’haïs vraiment ça pis ça ne me tente pas! Je prends souvent des breaks et je ne m’en occupe pas du tout alors que d’autres fois, je suis plus sur le gun tsé! Mais c’est vraiment important de nos jours, surtout pour un artiste comme moi. Ok, en ce moment, avec les festivals, j’ai plus de visibilité de la part des médias, mais, pour le reste de l’année, c’est les médias sociaux qui me la donnent. Quand je fais des tournées en Europe, les gens de la presse d’ici peuvent avoir des nouvelles de ce qui se passe grâce aux médias sociaux, ça fait que ça continue de développer les choses. C’est la nouvelle réalité, tu n’as pas le choix.
Crédits Photos: Stéphanie Payez, Éklectik Média