Ce soir sur la scène Hydro-Québec au FestiVoix de Trois-Rivières, c’était au tour de Marie Denise Pelletier de renouer avec les spectacles en plein air devant des gens en chair et en os.
Pour les spectateurs, elle était aussi celle qui a fait peur à la pluie qui n’était soudainement plus menaçante la seconde où elle a mis les pieds sur scène. Pour la principale intéressée, c’était plutôt le contraire. «Mes braves, je pense que c’est votre présence qui a chassé la pluie.» a-t-elle admis avec humilité. Ce respect mutuel a caractérisé cette soirée réconfortante qui a mis à l’avant l’aspect essentiel de la musique, «cette médecine de l’âme et du cœur» comme l’a si bien dit l’interprète qui nous a convié à différents univers qui ont façonné ses 40 ans de carrière.
En excellente forme sur le plan vocal même si «on dirait que je n’ai pas chanté depuis 1 000 ans! », la chanteuse a épaté par la fluidité de ses notes et sa manière de vivre avec nuance et passion toutes les émotions des textes livrés.
Bien que son plus récent album soit celui qui rend hommage à Claude Léveillé (Léveillée, entre Claude et moi), Marie Denise Pelletier , qui a endisqué plus de 125 chansons, a judicieusement pris en compte le contexte du spectacle et a donné ce à quoi le public presque complet attendait tout en se faisant plaisir. Elle a donc eu la brillante idée de diviser son concert en bulle en compagnie du pianiste Benoît Sarassin et du multi-instrumentiste Marc Papillon.
Après l’entrée en matière composée de la magnifique et tout à fait à propos Pourquoi chanter de Louise Forestier qui démontre subtilement pourquoi l’art est primordial, elle a débuté avec un tour de chant mettant en scène la plume du grand Eddy Marnay. Dans son répertoire contenant plus de 4 000 chansons, l’interprète a entre autres jeté son dévolu sur Liverpool, Le temps des fleurs , Quand ça balance et À dix-sept ans. Un medley finement ficelé pour tous les goûts qui a bien réchauffé les festivaliers.
La seconde bulle a été réservé à Claude Léveillée, cet immense parolier qui nous a quittés il y a 10 ans le 9 juin 2011. Ayant eu la chance de le côtoyer, Marie Denise Pelletier a partagé quelques anecdotes sur la création de certaines chansons et des souvenirs d’enfance qu’elle lie à certaines œuvres. Quelques spectateurs ont donc pu apprendre que Léveillée a écrit pour Édith Piaf et que les deux ont entretenu une relation atypique remplie d’ambiguïté, mais qui a donné naissance à plusieurs grandes chansons dont la romantique et déchirante Emmène-moi au bout du monde.
L’artiste de 61 ans a également raconté que, petite, elle ne comprenait pas pourquoi son père chauffeur de taxi revenait de sa journée de travail aussi fatigué…jusqu’à ce qu’elle découvre les paroles de Taxi, chanson qui relate les tribulations de ce métier exigeant. Casquette à l’appui, elle a fait vivre la chanson à travers ses yeux de petite fille, et c’était tout simplement adorable. En fait, il y a quelque chose de magique qui se produit lorsque Marie Denise Pelletier incarne du Claude Léveillée. En plus de la sidérante prouesse technique que l’univers de Léveillée requiert, elle livre les mots avec un profond respect et une désarmante sincérité.
Finalement, la dernière bulle a été consacrée à son propre répertoire et ses chansons coup de cœur, ce qui a grandement enthousiasmé le public. Le tout a commencé avec la populaire Pour une histoire d’un soir, qui est d’ailleurs le titre du spectacle qu’elle interprète avec Joe Bocan et Marie Carmen (notre critique ICI). Le public ne s’est pas fait prier pour chanter le refrain de bon cœur. Par la suite, Marie Denise Pelletier a choisi dans son album homonyme paru en 2011 la tendre Lettre à Marie dédiée à sa filleule.
Avant de sortir, sous une pluie d’exclamations, les gros canons, soit la percutante d’actualité Inventer la terre en version acoustique (aussi incroyable que la pièce originale) et la reprise de l’indémodable Tous les cris les S.O.S, Marie Denise Pelletier a eu la belle audace de reprendre une chanson bien gravée dans la mémoire des Québécois : Évangéline. Comme elle interprète souvent ce monument lors de partys endiablés aux-Îles-de-la-Madeleine, elle l’a offert simplement, à sa sauce, avec un tempo plus lent qui faisait voir le fameux texte sous un autre angle.
Pour conclure le tout, l’immortelle Frédéric a retenti et a joyeusement été scandé par les festivaliers qui ont quitté le site en ayant dans l’esprit le retour très proche de ces doux moments autour de la table où on jase et on discute pendant que maman nous sert…
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média