Pour son quinzième long-métrage, André Forcier aborde les changements climatiques avec sa poésie déjantée et unique. Ça manque parfois de subtilité mais jamais de cœur. C’est ce qui va garder accroché les néophytes de son répertoire alors que les habitués plongeront avec volupté dans ce nectar surréaliste de fantasmes sexuels, environnementalistes et spacio-temporels.
Conte pour adultes, Les fleurs oubliées suit l’apiculteur Albert Payette (Roy Dupuis) qui, quand il ne vend pas son savoureux hydromel à des bourgeoises naïves, polonise les toits de Montréal en compagnie de son neveu Jerry (Émile Schneider) afin de sauver les abeilles. La situation écologique devient si catastrophique que le créateur de la Flore Laurentienne, feu Frère Marie-Victorin (Yves Jacques) ressuscite pour lui venir en aide. Son appui ne pouvait mieux tomber car la journaliste Lili de la Rosbil (Juliette Gosselin) s’associe avec Albert dans le but de détruire la multinationale Transgenia qui met en péril la vie de leurs employés mexicains ainsi que la population en général avec leurs néfastes produits chimiques.
Liens familiaux dysfonctionnels, exploitation ouvrière, espèces animales en voie de distinction, délires conjugaux… Forcier aborde une multiple de thèmes qui s’emboîtent relativement bien les uns dans les autres malgré un scénario qui se perd dans des scènes esthétiquement renversantes mais peu utiles à la progression du récit.
L’excellente distribution prend un malin plaisir à embarquer dans cette folie. Ils sont tous investis. Roy Dupuis joue en quelque sorte son alter ego avec son naturel légendaire. Yves Jacques s’en donne également à cœur joie dans la peau d’un Frère dévasté par le sort du monde et hanté par ses regrets amoureux. En journaliste rebelle, Juliette Gosselin manque un peu de naturel lors des répliques traitant des problèmes sociaux qu’elle dénonce mais bouleverse de vérité quand elle confronte le personnage d’Albert sur l’importance de la famille.
Crédit Photo : Pierre Dury