Fuckoff de Maxim Martin : des constats assumés et cinglants

Avec un tel titre, Maxim Martin établit clairement qu’il ne se donne pas un autre choix que d’assumer ses propos et opinions, peu importe les débordements et réactions mitigées que cela peut impliquer. Après une année de rodage, l’humoriste a enfin dévoilé officiellement Fuckoff à la presse et à ses collègues, hier, au Monument-National. Devant un public généreux, il a démontré avec une invitante franchise comment le combat au quotidien pour rester sobre a changé sa vision de la société et la perception qu’il a envers sa profession.

Avec aplomb, Maxim Martin s’est exprimé avec ce vocabulaire cru, familier et accessible qui caractérise sa carrière depuis maintenant plus de 30 ans. Puisque le public était majoritairement composé de spectateurs de longue date qui connaissent et aiment le style coloré de l’humoriste, personne ne s’est indigné, au contraire. L’auditoire était ravi de se faire parler avec sincérité et mordant à propos de paradoxes définissant notre monde actuel. Avec un ton léger, Martin a abordé des thématiques de plus en plus prenantes qui creusent le clivage entre les générations. Il a notamment été mention des mortalités ridicules causées par la prise de selfies, de la virilité masculine ayant de forts penchants féminins et l’invasion de la technologie qui peut même entrainer une futile chicane avec SIRI! C’est lors de ces réflexions où il n’a pas peur d’appeler un chat que chat et d’égratigner que l’artiste excelle. Il a brillamment fait valoir son point que les gens se porteraient bien mieux s’ils arrêtaient de s’offusquer pour la moindre différence et erreur. Ses observations se sont avérées justes principalement parce qu’on pouvait aisément s’y identifier et s’offrir ainsi une petite prise de conscience sans jugement. 

Même si Fuckoff nous donne effectivement envie de dire d’la marde concernant certains irritants de notre vie, il ne s’agit pas d’un spectacle où les rires fusent à profusion au point de provoquer des maux de joue. L’enchainement parfois décousu et inachevé entre les différentes anecdotes de voyage de l’humoriste (on retient principalement une mésaventure aquatique avec des cygnes et un massage thaïlandais oscillant entre peur et excitation) provoquait davantage de larges sourires que de bruyants éclats de rire. Heureusement, cela n’entravait pas trop dramatiquement le plaisir ressenti puisque Maxim Martin compensait certains segments plus faibles avec ses talents indéniablement efficaces en improvisation. Ses interactions avec certaines personnes dans la salle contenaient juste ce qu’il fallait de spontanéité et d’irrévérence pour rehausser le plaisir.

L’acte final du spectacle s’adressait davantage aux amateurs purs et durs de l’humoriste qui aime le voir verser dans la vulgarité presque gratuite. Le segment sur l’évolution de la consommation et la perception de la pornographie a suscité de vives réactions enthousiastes chez les spectateurs, mais la plupart des blagues sentaient le réchauffé. On aurait pris une conclusion plus originale et percutante.

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Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média