Au soir du 20 juillet, un premier spectacle de Gabrielle Caron s’intitulant #Gabestnice a été présenté à la balustrade du Monument-National dans le contexte du Zoofest de Montréal. Une seconde performance du même nom y prendra place le 26 juillet. Commençant à 19h15, l’artiste s’est produite pendant une heure dans l’intimité de la salle. Elle a principalement raconté des anecdotes et des défis qu’elle a vécus depuis l’adolescence. Le thème évident de la soirée était le féminisme.
À 15 ans, la comédienne brossardoise a eu son premier tattoo. C’était supposément le signe chinois qui signifie énergie, mais elle ne s’est jamais renseigné. Ces signes ont toujours été populaires, mais les chances d’erreur sont grandes. Aujourd’hui, les tatoueurs sont considérés comme des artistes, mais ceux-ci était vus comme des criminels en transition durant l’adolescence de Gabrielle. La qualité n’était pas le premier de leurs soucis. Elle a aussi parlé d’une de ses visites chez le dentiste. À un rendez-vous précis, le dentiste s’appelait Steve. Pour Gabrielle, ce n’était pas un nom rassurant. Steve ne s’associe pas bien avec une profession médicale. Il manque la gravité nécessaire à un dentiste et ferait plutôt un bon tatoueur.
À l’âge adulte, Gabrielle a commencé à cohabiter avec son copain. Comme son niveau de cuisine s’est restreint à des céréales et des toasts, elle devait commander beaucoup de plats livrés. Un de ses préférés était la pizza. En effet, elle a mémorisé l’horaire des livreurs d’une pizzeria qui se situait près de chez elle. Une fois, elle a fait sa commande et le livreur était un homme robuste habillé en motard. Après qu’elle ait payé son dû, une des deux cannettes de liqueur s’est éclatée en tombant à terre. Elle a demandé si c’était possible de la remplacer, mais le livreur a répondu froidement que le couple devrait partager ce qui restait. Selon la comédienne, cette rencontre est une des expériences les plus dangereuses qu’elle a jamais vécue.
Arrivée à la maternité, Gabrielle est devenue responsable de deux jeunes garçons. Elle a dit qu’elle a hâte de faire apprendre à ses enfants les particularités du sexe. Par contre, sa plus grande peur serait de retrouver ses fils en train de se photographier tout nus dans leur chambre. En tant que mère, une des routines de Gabrielle est d’amener ses fils au parc. Alors que les enfants jouent, elle boit son café tranquillement et se demande pourquoi elle a pris la décision de devenir mère. Bien sûr, lorsque ses fils créent le malaise dans le parc, elle agit comme n’importe quel parent et fait semblant de ne pas les connaître.
Cette maternité a donné une nouvelle perspective à Gabrielle par rapport à la différence entre les sexes. Après un spectacle d’école, elle s’est mise à regarder les mosaïques de finissants pour passer le temps. Dans les photos, tous les gars tenaient des diplômes alors que c’était des bouquets de fleurs pour les filles. Pourquoi ne pas laisser des diplômes à tout le monde? C’était une question qui incitait à la réflexion. Dans ses propres spectacles, Gabrielle s’est aussi déjà fait prendre pour la copine d’un des comédiens sur scène. Pourtant, son visage est toujours imprimé sur les affiches. Pour certains membres de la société, c’est toujours difficile d’associer femme avec comédie. Ils croient que les comédiennes ne peuvent que faire de l’humour de fille, alors que ce n’est clairement pas vrai.
En somme, le spectacle de Gabrielle Caron avait des points forts indéniables. Cette comédienne a un style très engageant qui lui permet de maintenir l’attention de toute la salle. Son débit continuel laisse peu de vide à l’ambiance. La variété de ses expressions faciales et ses mouvements corporels complémente parfaitement ses anecdotes amusantes. Cependant, le manque d’un je-ne-sais-quoi de scandaleux dans la formule comique de Gabrielle pose un défaut important dans la performance. Il est vrai que ses blagues ne tardent à faire rire, mais celles-ci ne réussissent que très peu à provoquer l’émoi du public.
De nos jours, l’affront est devenu indispensable à une comédie captivante. Alors que ce n’est pas nécessaire de toujours extirper du rire de l’absurdité de la politique, ce qui est un chemin commun, un élément de surprise récurrent doit apparaître dans la performance. Gabrielle a choisi le féminisme comme thème principal, ce qui est très sécuritaire dans le contexte social d’aujourd’hui, mais peu audacieux. Il est très difficile de la distinguer de tous les autres comédiens qui traitent également de ce thème. L’un devrait obtenir davantage de la tradition d’humour de Montréal.
Crédits photos: Edward He / Éklectik Média