Geneviève Leclerc : une relecture qui lui ressemble !

À la suite de son album Portfolio, qui lui a d’ailleurs valu une nomination à l’ADISQ dans la catégorie spectacle de l’année anglophone, Geneviève Leclerc nous revient avec un album intitulé Celle que je suis. Une relecture qui lui ressemble, à la fois douce et puissante.

C’est dans un contexte chic et convivial que l’interprète nous a dévoilé ce deuxième album lors d’une session d’écoute unique et intime au magnifique bar La Voûte à Montréal où une magnifique toile à son effigie réalisé par l’artiste Yunus Chkirate nous attendait.  Nous avons profité de l’occasion pour lui poser quelques questions.

On est dans une période où on sort quand même pas mal d’albums de reprises, ce qui apporte une certaine nostalgie, mais, en dehors du fait qu’il soit enregistré avec un orchestre symphonique, pour toi, en quoi ton album se démarque ?

Je pense qu’il y a vraiment une raison au pourquoi les gens accrochent aux albums de reprises. C’est parce qu’on est constamment bombardé d’informations. L’internet a ouvert les frontières, donc ça fait que l’information circule beaucoup plus vite. On est vraiment bombardé et on a vraiment de la misère à décrocher. Je sais pas si t’as essayé, mais le téléphone, c’est pas comme une addiction, c’est pire que ça, c’est comme une habitude! T’es tout le temps dessus! Les gens n’ont pas à analyser les reprises. Quand ils écoutent la toune de Dan Bigras, ils peuvent se dire : Oh, ça j’aime ça, mais est-ce que je vais aimer ce que elle va me présenter et est-ce que ça va m’apporter quelque chose de nouveau? Peut être, peut être pas. Peut-être que je vais être émue, peut être que je le serais pas, peut-être que je vais détester. Il y a déjà l’étape, c’est pas de l’inconnu. On est saturé de l’information, on veut juste un break et se faire citer ce qu’ils savent déjà parce que, dans le fond, les thèmes sont les mêmes. De l’amour à la haine, ma job, c’est tout ce qu’il y a entre les deux, toutes les nuances. Que ce soit une nouvelle toune ou pas, c’est souvent les mêmes thèmes, mais c’est l’approche qui est différente. C’est le véhicule, qui est moi dans ce cas-là en tant qu’interprète, qui va faire que ça va toucher ou pas, ou qui va même choquer.

Comment les choix des chansons ont pris place?

Je fais beaucoup de recherche sur YouTube. Les relectures se doivent d’être vocales parce que je suis une chanteuse à voix je pense. J’aime chanter les grands élans et les grandes lignes mélodiques. Faut que ce soit vocal mais, en premier, faut que l’histoire se tienne a cappella. Si le succès de la chanson est dû à l’arrangement de la musique, ça ne tiendra pas la route a cappella. Chaque moment a sa chanson.

Est-ce qu’il y a une chanson que tu aurais aimé intégrer dans ton album mais que, finalement, tu as laissé tomber parce que tu n’arrivais pas à lui donner vie à ta façon?

Oui, mais je ne peux pas dire lesquelles car ce sont deux chansons originales, mais ce n’est pas parce qu’on a pas pu donner la vie qu’on voulait, c’est parce que la vie qu’on leur avait donnée allait drôlement vers un autre univers qu’on propose déjà sur cet album. 12 univers, 12 chansons. Last Christmas, c’est un univers à part, c’est Noël. 12 univers 12 couleurs. Je voulais comme pas diluer deux univers. Je me dis que, si jamais j’ai la chance de faire un troisième album, ben je les mettrais pour cette shot-là !

Comment tu gères ton émotion lorsque tu enregistres ton album versus sur scène ?

C’était important, dans le deuxième album, de ne pas censurer ça parce que, dans le premier, c’était très, très clean. Dans le deuxième, c’est un choix de faire un album live comme si on allait voir un show. Toutes les pièces de cet album-là, je sais exactement comment elles vont se retrouver, comment ça va être interprété live, pis c’est ça la différence. On s’en va là avec les albums, il faut que ça soit des spectacles.

Est ce que ta manière d’écouter la musique a changé depuis que tu as travaillé avec un orchestre symphonique?

Non! Depuis que je suis jeune, la musique de film me captive, comme lors du duo de guitares dans le film August Rush.

Est-ce que le visuel a une importance particulière pour toi?

C’est important que le visuel qu’on pitch soit authentique à ce que je veux pitcher. Sur la pochette du deuxième album, j’ai les cheveux lousses parce que ça adonnait ben et que j’aimais ce que j’avais l’air, mais, dans un show, je les aurais pas lousses parce que ça va tomber , ça va être dans mon visage, on contrôlera pas l’éclairage, pis là, au lieu de regarder les yeux quand j’interprète, les gens vont voir une ombre et commenter sur mes cheveux, et je ne veux pas de ça. L’image , il faut toujours qu’elle soit au service du texte, la voix au service du texte.

I (Who have Nothing)  veut dire Moi qui n’a rien, mais on ne peut pas dire que tu n’as pas de voix car, dans cette chanson, tu fais une note qui dure 14 secondes. D’où ça te vient, ça?

(rires) T’es la seule, à date,  qui a calculé la note de la première toune. C’est arrivé une fois et je ne suis pas sûr de pouvoir la faire deux fois. J’ai essayé de la refaire après, mais j’étais incapable. Je vais le pratiquer et peut-être qu’à un moment donné en show … Je suis très fière de ça. En plus, c’était  lors d’une répétition en plus où on a pesé sur record, et j’étais tellement contente. Ma voix est tombée comme sur une espèce de boule qu’on a de vocal. Je faisais des grands yeux qui voulaient dire :  j’espère que t’enregistres!

Est-ce que tu t’es rendue compte, à ce moment-là, que tu ne connaissais pas encore ta voix?

Non, ça, je sais, des fois, que ça arrive dans une espèce de moment de détente où la voix  a des poches d’air. C’est une bulle d’air, et ça se pratique. Sans répéter, c’est sûr que ça ne remarchera pas.

Crédits photos : Stéphanie Payez/ Éklectik Média