Le lundi 9 juillet dernier, le FEQ vibrait au rythme du rock avec le retour immensément attendu des Foo Fighters après un concert en 2015 qui s’était terminé après quatre chansons pour cause d’orages violents. Inutile de dire que, hier soir, les plaines d’Abraham ont alors été l’hôte de la plus grosse foule jusqu’à présent de cette 51e édition. Greta Van Fleet, qui succédait à l’énergique band anglais Frank Turner and the sleeping souls et qui avait la lourde tâche d’ouvrir pour la formation de Dave Grohl, a efficacement relevé le défi avec leur impressionnant son hard rock à saveur blues rappelant avec bonheur la belle époque des années 70.
Les quelques gouttes de pluie descendant de nuages menaçants et l’imposant public impatient de renouer avec les Foo n’ont point intimidé le groupe formé des trois frères Kiszka et de Danny Wagner à la batterie. Greta Van Fleet a d’ailleurs débuté en force et avec audace en offrant sans attendre son plus grand succès jusqu’à maintenant, l’accrocheuse Highway Tune qui joue en boucle dans plusieurs stations de radio québécoises. Cette décision, à la fois rafraîchissante et plutôt périlleuse, n’a heureusement pas du tout freiné l’ardeur des festivaliers qui, bien au contraire, étaient très contents d’entendre du rock dans sa plus pure tradition et de pouvoir amorcer la soirée en entonnant une chanson familière.
Le style musical du band et la voix haut perchée de Josh Kiszka renvoient irrémédiablement à Led Zeppelin et à son chanteur Robert Plant. Cette comparaison devient presque clichée mais elle est véritablement incontournable. L’inspiration envers ce groupe mythique des années 70 est demeurée palpable tout au long du spectacle. Il faut cependant préciser que Greta Van Fleet ne copie jamais Led Zeppelin. Même si les membres ont adopté un look vestimentaire à la Woodstock avec tunique, bandeau de plumes et d’amples vestons colorés ornés de magnifiques broderies, ils possèdent une personnalité musicale et artistique bien distincte et intrigante.
Armé de leur indéniables talent et aisance scénique, chacun des quatre jeunes garçons en a mis plein la vue grâce à des moments instrumentaux magistraux, à commencer par le guitariste Jake Kiszka qui a proposé un impeccable solo réalisé à l’envers, la guitare dans son dos. Le bassiste Sam Kiszka n’a pas donné sa place non plus avec sa longue crinière flottant au vent et sa fougue enivrante. De son côté, Danny Wagner n’a pas manqué d’intensité en frappant avec passion et détermination sur ses drums, se permettant même de murmurer les paroles.
Les cris aigus de Josh, qui font instantanément penser à Robert Plant ou Brian Johnson d’AC/DC , ont également bien gardé la foule éveillée, même si la plupart des gens composant cette dernière découvraient pour la toute première fois les pièces issues des EP Black Smoke Rising et From The Fires. Cependant, quand la pluie a augmenté, faisant ainsi craindre le pire à tous, l’intérêt s’est dissipé. Malgré un rock solide qui ramène délicieusement à un son classique mélangé à un souffle de modernité, Greta Van Fleet peine encore à créer une proximité avec le public. Bien que souriant et expressif avec ses bras, démontrant par le fait même qu’il accueillait sans broncher les caprices de Mère Nature, Josh n’a pas beaucoup interagi avec les spectateurs. Cette impression de froideur s’explique peut-être par un sentiment d’urgence de jouer les chansons plus rapidement en raison des conditions météorologiques et d’essayer de distraire la foule le plus efficacement possible.
Néanmoins, Greta Van Fleet est sans contredit une formation dont on n’a pas du tout fini d’entendre parler et qui promet des instants rocks absolument inoubliables.
Crédits Photos: Renaud Philippe/FEQ