Hier soir, 24 novembre 2018, à la Maison Symphonique de la Place des Arts, avait lieu la seule et unique présentation à Montréal du spectacle Visiteur Unique de Hugues Aufray. Et non, pas d’orchestre symphonique sur la scène, pas de décors ostentatoires, mais un coin pour ses deux musiciens, un ancien pupitre sur lequel y est déposée une lampe et de la paperasse et, en retrait, une autre table qui s’est avérée plus tard être une console de son. Les fans qui remplissaient la salle avaient hâte de savoir ce que Monsieur le professeur avait à nous confier.
Mais, tout d’abord, nous avons eu droit à une première partie avec Amélie Hall, auteure-compositrice-interprète du Nouveau-Brunswick dont la marque de commerce est le country. Elle a d’ailleurs remporté les prix d’auteur-compositeur de l’année, album original de l’année et chanson SOCAN de l’année à la sixième édition du Gala Country en 2018. À son entrée en scène, elle a admis que ce spectacle à la Maison Symphonique était la réalisation d’un rêve, surtout qu’elle s’était une fois demandée si une chanteuse country arriverait à monter sur la scène de la Maison Symphonique.
Elle était très reconnaissante à Hugues Aufray de l’avoir choisie pour faire sa première partie. Elle ne l’a certainement pas déçu. Elle nous a tout d’abord fait entendre C’est juste l’amour, suivie de Worrie pas ta brain. Amélie possède une très belle voix très agréable à entendre. Elle nous a aussi chanté une chanson qu’elle a écrite et dédiée à son chien. Elle a finalement terminé son tour de chant avec un air de blues qui lui convenait très bien d’ailleurs.
Après une courte intermission, il est enfin apparu avec sa guitare, très simplement vêtu. En fait, c’était comme si trois personnes en une étaient apparues sur scène à ce moment : Hugues Aufray évidemment, Félix Leclerc avec sa chevelure blanche ondulée et Tex Lecor avec la configuration de son visage et son allure générale. Il nous a appelés ses cousins et amis québécois et nous a fait part que le but de sa présence ce soir était qu’il voulait un rendez-vous intime avec nous, et il a atteint son but. Avec la sympathie qu’on lui connaît, il nous a raconté un peu sa vie grâce à différentes anecdotes qui lui sont arrivées, le tout entrecoupé bien sûr de chansons. C’était un peu comme si nous étions seuls avec lui dans son bureau et qu’il nous faisait des confidences, une biographie live, quoi!
Il nous a parlé de ses premiers rêves et idoles qui étaient Van Gogh, Gauguin, Cézanne, Maillol mais, malheureusement, le manque de moyens financiers l’a empêché d’aller à l’École des Beaux-Arts. Il s’est trouvé un peu plus tard de nouvelles idoles, notamment Charles Trenet, Georges Brassens duquel il a commencé à nous bercer avec la chanson J’ai rendez-vous avec vous, (très concept Monsieur Aufray 😉 ) suivie de Le sentier de son autre idole, nul autre que notre Félix Leclerc. Il a d’ailleurs souvent fait un appel à tous pour être accompagné dans l’interprétation de ses chansons.
Avant de chanter L’eau vive de Guy Béart, il nous a expliqué que sa sœur, mieux connue sous le nom de Pascale Audret , avait joué dans le film L’eau vive. Il leur a d’ailleurs rendu à tous les deux un hommage des plus touchants. Lorsque le temps fut venu de nous faire entendre Les crayons de couleur, il nous a fait part de sa rencontre avec Harry Belafonte et, surtout, avec Martin Luther King à l’occasion du premier concert contre le racisme en mai 1966. Il avait alors interprété cette chanson pour Monsieur King. Il nous a fait chanter avec lui J’attendrai, et c’est avec plaisir que nous nous sommes laissés bercer par, entre autres, Le rossignol anglais, La fille du Nord, l’Épervier, N’y pense plus tout est bien, Dans le souffle du vent –The answer is blowing in the wind – de son grand ami Bob Dylan. Il a également fait un clin d’oeil à Debbie Lynch-White dont il a beaucoup apprécié la prestation dans le film La Bolduc en lui dédiant une chanson.
Il a évidemment fini avec les incontournables Céline et Adieu Monsieur le Professeur qui nous ont donné des frissons et fait monter les larmes aux yeux de certains…Son premier rappel, il l’a fait avec la complicité d’Amélie Ball, avec qui il a chanté notamment sa traduction et adaptation d’Amazing Grace(Le grand cercle de la vie), dont l’auteur est John Newton. Il a complété son spectacle de la même façon qu’il l’avait commencé, c’est-à-dire avec une chanson de Georges Brassens , Je vous salue Marie. Bref, un rendez-vous intime que personne n’aurait voulu manquer! Ce généreux troubadour aussi doté d’un talent de raconteur ne pouvait pas ne pas nous faire passer une soirée magique.
Hugues Aufray poursuit sa tournée au Québec. Cliquez ici pour connaître les dates!
Crédit Photo de la couverture : Denis Rétif