L’Inscape d’Alexandra Stréliski

Au lendemain du lancement d’Inscape, le nouvel album – le deuxième – de la pianiste Alexandra Stréliski, qui se tenait au Centre Phi à Montréal, hier soir, je cherche encore les mots, les bons, les plus justes. C’est normal, me direz-vous simplement : c’est que je suis restée sans voix à la suite de sa prodigieuse prestation! Pourtant, même si vous marquez un point, je vous assure qu’il est incroyablement difficile de mettre des mots, d’aligner des phrases les unes après les autres, face à ce qui parle déjà tant de soi. Il me paraît tout à fait impossible de m’exprimer intelligiblement pour décrire une création aussi pure, une œuvre à ce point complexe, d’émettre une pensée sur ce qui ne s’explique pas, mais se vit. Je signe : aucun mot n’arrive à la hauteur des mesures de ses partitions, car sa musique en elle-même est un langage, qui, certes, lui est propre, mais qu’elle nous partage, qu’elle nous livre, généreusement, à cœur dénudé, dans une aisance désarmante. Ce n’est pas seulement les cordes de son piano qu’elle fait vibrer, mais le corps entier de celui-ci, et le corps de son public. Pour Alexandra Stréliski, le piano n’est pas un instrument, non, mais une extension de son âme.

Et c’est ce que sut nous véhiculer la pianiste en ce soir de Première.

Stréliski vacilla entre Pianoscope – son premier album – et ses nouveaux morceaux. Elle laissa ses mains s’épancher sur chacune des touches de son piano à queue pour nous raconter la plus belle des histoires… Celle de son cheminement personnel, de sa quête intérieure, de son humble parcours, de ses émotions tantôt joyeuses et nostalgiques, tantôt orageuses, mais toutes mises à nu, bref, l’histoire de son inscape. Elle fit voyager notre imaginaire, nous plongeant dans les projections de lumières et d’images qui accompagnaient le flot de ses partitions hypnotiques. Elle nous toucha, tous sans exception, dans nos profondeurs respectives. Un point de mire qu’elle devrait conserver précieusement et transporter d’une performance à l’autre, d’ailleurs!

La pianiste était dans une forme remarquable, hier soir : elle nous accrochait, souffle coupé, à chacune des notes. Si parfois, le public souriait, c’est dans l’instant d’ensuite qu’il pleurait ou retenait ses larmes, touché par tant de sensibilité, devant tant de talent et de grandeur.

Le réalisateur Jean-Marc Vallée (notamment, Dallas Buyers Club [cinéma, 2013], Big Little lies [télévision, 2017] et Sharp Objects [télévision, 2018], dans lesquels nous pouvons entendre la musique d’Alexandra Stréliski, respectivement, tirés de Pianoscope: Prélude, Le départ et Bourrasques) qui était présent pour l’occasion, hier soir, est ressorti du spectacle impressionné et est reparti inspiré, d’attaque. Une merveilleuse nouvelle pour la pianiste qui aura fort probablement de nombreuses autres occasions de collaborer avec l’artiste en ajoutant sa touche mélodieuse à ses futurs projets! Gageons que nous aurons bientôt la chance d’entendre ses pièces Burnout fugue et Overturn dans nos écrans, ou dans une prochaine cérémonie des Oscars.

Stréliski est une artiste accomplie, une artiste à surveiller de près… de très près. Je vous prédis que nous n’avons pas fini d’en entendre parler. Ce n’est qu’une sublime envolée. Un départ serein et tranquille pour la poursuite de son X.

Ce sont les Parisiens qui seront heureux de se laisser bercer par ses compositions le 18 octobre… Et, à son retour au Québec, le Théâtre Outremont est déjà comble pour son spectacle du 22 février prochain! À votre place, je filerais tout de suite acheter vos billets pour l’une ou l’autre de ses prochaines représentations, car ils s’envolent à une vitesse fulgurante! Cliquez ici pour accéder à son site web.

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