Hier, la trente-cinquième édition de l‘International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu s’est terminé au terme de neuf jours fabuleux qui, sans faire un mauvais jeu de mots avec le nom du média, ont offert un voyage musical attrayant et éclectique qui a séduit toute la famille. Du rock d’Éric Lapointe à celui de Tom Cochrane en passant par la pop jazzy d’Hubert Lenoir et aux textes engagés d’Émile Bilodeau, il y en a vraiment eu pour tous les goûts. La soirée de clôture misait sur les deux genres qui font actuellement fureur au Québec : l’humour sans complexe et le rap. Après la soirée de filles arrosée des Grandes Crues Marie-Lyne Joncas et Ève Côté qui ont fait crouler de rire le public avec leurs observations mordantes et franches sur la réalité de la femme d’aujourd’hui, le rappeur Loud (Mouth), Simon Cliche Trudeau de son vrai nom, s’est illustré devant des festivaliers déterminés à lui montrer qu’ils savent danser.
C’est le rappeur du moment, même la France le courtise. Plusieurs de ses vidéoclips cumulent plus de deux millions de vues sur YouTube. Il n’y a pas à dire, Loud a connu une année exceptionnelle qui a donné un sens nouveau au titre de son tout premier album solo, Une année record, qui a succédé à l’EP New Phone. Il fait sensation avec son flow précis et fluide qui sert des rimes acérées traitant avec franchise d’amour déchu, de rêves brisés et d’angoisses liées aux responsabilités de l’âge adulte.
Sa venue sur la scène Loto-Québec laissait présager une frénésie, un public survolté qui crie les paroles si fort qu’on entend presque plus la voix du chanteur. Loud a offert une prestation appréciable et passionnée, mais elle n’a pas été enterrée par le bruit. Étonnamment, pendant la quarantaine de minutes que durait son concert, les gens qui se déhanchaient librement et joyeusement étaient plus nombreux que ceux qui chantaient à tue-tête tous les mots sans le moindre accrochage. Au poste de DJ, son ami Ajust, avec qui il a formé le défunt groupe Loud Lary Ajust ,essayait souvent de raviver l’ambiance en criant de faire du »fucking bruit pour Loud », mais l’engouement s’estompait rapidement.
Les singles Nouveaux riches, 56K, Hell, what a view et Devenir immortel (et puis mourir) , pièce qui est d’ailleurs particulièrement chère à l’artiste, ont réussi à soulever un intérêt marqué, mais, évidemment, la plupart des gens avaient répondu présents seulement pour entendre l’énorme succès radiophonique Toutes les femmes savent danser. Loud n’a judicieusement pas attendu à la fin de son spectacle pour l’offrir. C’est véritablement à ce moment que le party a décollé. Ceci dit, Loud n’a pas saisi complètement l’opportunité d’offrir un instant magique totalement inoubliable. Puisque Toutes les femmes savent danser dure moins de trois minutes, il aurait été intéressant de l’allonger, de laisser le public scander le refrain plusieurs fois ou encore de lui administrer un solo musical. À ce propos, l’absence d’instruments comme des percussions ou des guitares apportait une certaine froideur à l’ensemble.
L’auteur-compositeur-interprète a très bien communiqué avec la foule par le biais de ses chansons finement écrites et son intensité bien personnelle dans le regard, mais cette proximité ne se retrouvait pas lors des (pas assez fréquentes) interactions. Il manquait un petit je-ne-sais-quoi qui aurait rendu l’atmosphère véritablement spéciale. Malgré tout, les gens sont repartis satisfaits, et gageons que Loud reviendra dans un avenir proche débiter ses mots sur le site.
Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média