Mise en scène par Martine Beaulne, La maladie de la mort de Marguerite Duras est présentée au Théâtre Prospero, petite salle intimiste et parfaite pour ce type de spectacle. La pièce met en vedette Sylvie Drapeau et Paul Savoie , un duo énigmatique et prenant.
Aimer, ce geste, ce verbe, ce don de soi, cette chose dont tout le monde aspire. Ce que l’on tient pour acquis, ce dont nous avons tous besoin. Mais qu’en est-il lorsque, dans un ultime effort désespéré, un homme se retrouve dans un dernier essai, avec une approche quasi enfant, de ressentir non pas à nouveau mais de pouvoir définir ce dont il est si dénué ? Le vide, ce constat brutal, a atteint un certain paroxysme dans l’esprit de cet homme qui, malgré son désenchantement et son impuissance, osera lui-même dicter ses règles à cette femme soudoyée durant plusieurs jours en une expérience intimiste délivrée en un rythme lent et posé.
Paul Savoie est en pleine maîtrise de ses moyens et nous fixe de son regard pénétrant, presque déstabilisant comme s’il s’adressait à nous personnellement. Les dialogues sont sous une forme désincarnée, chaque comédien se relayant en un discours technique textuel. C’est comme si les acteurs lisaient leur propre rôle de l’extérieur et cela ajoute à la non proximité des deux personnages, créant une sorte de délimitation dans le temps et leurs gestes. Sylvie Drapeau est sublime. Actrice de grand talent, elle dégage une certaine sensualité.
On évoque la mer noire sous forme d’analogie symbolique à maintes reprises ; les vagues et les flots vont et viennent pour délicatement ajouter à l’atmosphère et à la compréhension du drame. La mise en scène est sobre et agréable, avec des effets discrets ici et là. Amateurs de rythme rapide et d’énergie s’abstenir.
Une coproduction Le groupe de la veillée et le collectif d’artistes les immortels, La maladie de la mort est à l’affiche au Théâtre Prospero jusqu’au 15 février.
Crédit Photos : Émilie Lapointe